Interpellé par les cas de violence et d’indiscipline hebdomadaires rapportés dans les médias, Bashir Nuckchady, ancien enseignant et ancien secrétaire du Conseil des religions, constate que le degré ainsi que la fréquence de tels incidents ont augmenté au cours des dernières années au point de laisser la nation entière sans voix. « L’école devient progressivement un lieu de harcèlement, de châtiments corporels, de violences verbales et d’autres formes de violence », dit-il. Il essaie d’identifier les causes tout en proposant des solutions.
« La violence à l’école peut avoir de graves conséquences sur la santé psychologique et physique des enfants et peut réduire la fréquentation scolaire, faire détériorer les résultats scolaires et augmenter le taux de décrochage. Cela a des conséquences dévastatrices sur la réussite et la prospérité des enfants, de leurs familles et de la nation tout entière », met en avant cet ancien pédagogue.
Il attribue plusieurs causes possibles à cette escalade de violence. Parmi, les enfants reproduisent des actes de violence se déroulant dans la famille, dans la société, dans des films ou des jeux vidéo remplis de violence dont ils ont été témoins depuis leur plus jeune âge. Il y a, par ailleurs, poursuit-il, la pression des pairs, les drogues et le stress des examens « mais aussi le changement des valeurs morales, où les parents sont toujours absents et les enfants reçoivent des objets technologiques pour compenser leur absence ». De plus, il n’y a presque plus de famille élargie ni de présence de grands-parents sous le même toit pour inculquer des valeurs morales. « En fait, les enfants souffrent de négligence et de traumatisme lorsqu’ils sont humiliés, agressés physiquement, maltraités et exploités », fait-il ressortir.
La baisse de la natalité, qui s’accentue dangereusement, en est une autre cause, donnant lieu à l’enfant-roi. Celui-ci, pourrait même devenir le centre de la famille, sans limite, égoïste, intolérant, agressif et violent. « On lui donne tout et il considère que la société lui doit tout. Il crie, insulte, menace, casse ou frappe, tout puissant, il devient le nouveau chef de famille qui fait la loi. Face à lui, parents, enseignants et adultes sont épuisés, confus, confus, désemparés », reconnaît Bashir Nuckchady.
Le système éducatif n’aide pas à renverser la vapeur, ajoute le pédagogue, car étant trop académique et inadapté à aux talents sportifs ou artistiques. « Alors que certains sont très doués en sport, ils n’arrivent pas à développer cette intelligence. Ils n’ont donc pas les moyens de dépenser leur énergie. Seules les élites sont prises en compte par le système. Ceux qui se sentent négligés réagissent violemment et causent des problèmes. »
Bashir Nuckchady pointe de surcroît le manque de formation des enseignants pour déceler des attitudes suspectes et pour faire face aux comportements violents. « Même les chefs du département de l’éducation n’ont pas assez d’autorité, ils n’exécutent que les ordres du ministère de l’Éducation. Il y a un manque de mesures dissuasives contre les élèves violents, et ils ont donc tendance à recommencer. »
Pour faire face à ce phénomène, l’ancien secrétaire du Conseil des religions est d’avis que toutes les parties prenantes, soit les parents, enseignants, forces de l’ordre, chefs religieux et autres ONGs, doivent se retrousser les manches. « Au niveau scolaire, nous constatons avec regret que la culture de l’assemblée matinale quotidienne a été négligée. C’était le moment idéal pour faciliter l’intégration nationale à travers des réunions de prières de toutes les religions parmi les élèves et pour développer la spiritualité et le discernement, ainsi que pour accroître le sentiment d’appartenance et d’unité parmi ces derniers. Les assemblées du matin sont importantes car elles permettent aux élèves de développer le comportement social souhaité dans la vie publique et produisent de l’énergie avec des vibrations positives. Un retour à l’assemblée du matin quotidienne doit être envisagé », poursuit-il.
Bashir Nuckchady est convaincu qu’une structure où les élèves peuvent s’exprimer librement afin d’extirper leurs frustrations et leurs souffrances peut grandement aider. « Nous avons tous le devoir de les écouter, de leur témoigner de la compassion et de les accompagner pour sortir de leur chagrin », préconise-t-il.
Il propose une série d’autres mesures : la création du poste de maître de discipline et la présence de psychologues ; des tâches ordonnées pendant les récréations ou en classe en l’absence des enseignants ; davantage d’activités extrascolaires, de sport, de musique, de volontariat, de placement en entreprise ; des cours de techniques de respiration pour apprendre à se calmer ; des sanctions plus sévères pour contrôler la situation ; une déduction de la notation pour fautes répétées ; des patrouilles régulières à la fin des cours ; des officiers de la Special Supporting Unit pour aider à contrôler les milliers d’écoliers dans les gares routières ; une intervention de la CDU dans les collèges.
Du côté des parents, il invite à « prendre un peu plus de responsabilités », à garder un œil particulier sur la localisation de leurs enfants, « à essayer de connaître la raison pour laquelle leurs enfants rentrent tard à la maison ». Du côté des Ong et des chefs religieux, il les appelle à « utiliser leur position et leur influence pour promouvoir les valeurs morales et spirituelles, prêcher la valeur de la fraternité, aller au-delà de la tolérance et prêcher des messages universels de paix, de respect et de cohésion sociale, afin que les étudiants puissent devenir des citoyens respectueux des lois ».