En seulement trois jours, l’une des plages publiques les plus prisées de Trou-aux-Biches a été transformée en une extension privée d’un hôtel se situant de l’autre côté de la route côtière entre l’hôtel Trou-aux-Biches et les appartements Cérisiers. Ce bout de littoral, précédemment ouvert à tous, est désormais réquisitionné à 100 % par l’établissement touristique, sous les yeux des habitants et usagers outrés. Depuis vendredi, l’établissement hôtelier a fait installer de manière abusive une multitude d’équipements réservés à ses clients : une trentaine de parasols en paille, des transats, un bar improvisé, et une présence constante de touristes s’étendant sur toute la plage.
Ce phénomène n’est pas nouveau sur cette partie du littoral. Un autre établissement hôtelier, situé à côté de cette plage publique, avait déjà déployé ses propres infrastructures, incluant parasols et une Boat House, sur ce même espace destiné à la population. Les deux établissements, supposément sous la même autorité dirigeante, semblent opérer en toute impunité, à l’image de la privatisation d’une plage qui a toujours été un espace communautaire.
La situation s’est aggravée par des travaux massifs observés récemment, impliquant des « JCB » et des camions transportant du sable. Malgré l’intervention de la Beach Authority pour stopper ces travaux, les installations sur la plage, elles, sont restées intactes. Le week-end dernier, cette plage publique était pleinement exploitée par ces deux hôtels, comme si elle était une propriété privée.
Privatisation rampante
Ce scandale met en lumière une inaction flagrante des autorités, et l’absence des mouvements de protection des lieux publics accaparés comme le mouvement Aret Kokin Nu Laplaz, qui est maintenant au courant de la situation. L’absence de réaction face à cet accaparement pose des questions sérieuses par rapport à la priorité donnée à la protection des plages publiques. Aujourd’hui, des activités telles que la location de kayaks et d’autres sports nautiques sur cette même plage soulèvent des interrogations quant aux véritables bénéficiaires de cette « privatisation » rampante qui traverse les régimes politiques qui se succèdent.
Le lagon aussi
Par ailleurs, à Trou-aux-Biches, un autre phénomène inquiète : l’accaparement de la mer par des embarcations telles que des pirogues ou hors-bords, immatriculées dans d’autres régions de l’île, qui envahissent le lagon. Ces activités, qui se dédoublent, créent un danger permanent pour les nageurs et autres usagers de la mer comme les enfants s’amusant dans l’eau. Ces bateaux sont amenés en mer par des véhicules imposants, notamment des 4×4, qui n’hésitent pas à rouler sur la plage— ce qui est totalement interdit par la loi— au mépris de la sécurité des touristes, des enfants, et des riverains.
Cette invasion, qui menace l’intégrité de l’une des dernières plages immaculées de l’île, suscite l’indignation des habitants et des visiteurs, y compris des touristes louant des bungalows dans les environs.
Appel à une action immédiate
Il est impératif que les autorités locales et nationales réagissent sans tarder pour mettre fin à cette situation et restaurer le caractère public de cette plage emblématique. Les installations nouvellement érigées doivent être démantelées immédiatement, et des sanctions doivent être envisagées contre ces pratiques illégales.
La plage publique est un bien commun, un héritage que chaque Mauricien a le droit de partager et de préserver. Ce genre d’abus ne peut être toléré. Les habitants et visiteurs de Trou-aux-Biches attendent des actions concrètes et rapides pour rétablir l’équité et l’accès à leur plage avec le respect dû à la nature.