Travailleurs étrangers au Centre de Petit Gamin : la Global Equestrian Ltd en infraction aux lois sur la main-d’œuvre étrangère

  • 12 palefreniers en situation irrégulière envoyés à Madagascar devraient rentrer à Maurice aujourd’hui pour bénéficier d’un nouveau visa

Douze palefreniers indiens, en situation irrégulière, ont été autorisés à quitter le pays, mardi dernier, à destination de Madagascar en compagnie de deux accompagnateurs de la Global Equestrian Ltd. Ils ont prévu de retourner à Maurice, ce matin, par le vol MK 289, avec l’espoir d’obtenir de nouveaux visas pour reprendre leur travail à Petit-Gamin. Tout cela se passe à un moment où étrangement le patron de la GEL, Jean Michel Lee Shim, est absent du pays.

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Le départ précipité et discret de ces palefreniers indiens pour Madagascar, depuis mardi, est le sujet de conversation principal dans le milieu hippique, surtout au Centre de Petit-Gamin à Balaclava. Ces palefreniers, employés de la Global Equestrian Limited (GEL), ont embarqué sur le vol MK 288 le 2 juillet, accompagnés d’Adarsh Jeerakun et Ravi Appanah. Une enquête menée par Le-Mauricien a révélé que le visa de ces travailleurs avait expiré depuis longtemps, les mettant en situation irrégulière à Maurice. Mais au lieu de retourner en Inde, leur pays natal, ils se sont dirigés vers Madagascar, à la surprise des autres employés de la GEL.

Un message envoyé aux entraîneurs en début de semaine a tout déclenché. Ces derniers ont été informés par WhatsApp que « douze palefreniers seront absents jusqu’à dimanche ». Un des entraîneurs de la GEL a déclaré à Le-Mauricien : « Je ne sais pas où vous avez appris cette nouvelle, mais il est vrai que depuis mardi dernier, nous avons été avisés par la direction de la GEL qu’une douzaine de palefreniers ne seront pas là jusqu’à dimanche. Nous avons dû prendre les dispositions nécessaires pour pallier leur absence. Pourquoi sont-ils partis ? Personnellement, je ne le sais pas, mais il aurait été plus judicieux de nous communiquer ce message plus tôt car il n’est pas facile de remplacer les absents au pied levé, surtout que tous les palefreniers à Petit-Gamin sont des étrangers. Ils sont soit Indiens, Sri Lankais ou Malgaches. »

Conséquences pour les chevaux

Avec une équipe largement amoindrie, les chevaux n’ont pas obtenu la même qualité de traitement ces derniers jours à Petit-Gamin, où des cas de maltraitance sur des employés avaient déjà été signalés et rapportés aux autorités. En mai dernier, Rama Valayden avait dénoncé le mauvais traitement qu’auraient subi deux travailleurs sri-lankais aux mains de bouncers. Par ailleurs, une dizaine d’autres avaient dû quitter le pays, pour cause de présence illégale sur le territoire. La GEL a toujours nié ces faits, mais des images circulant sur les réseaux sociaux montrant les traces de coups sur leur corps démontraient le contraire. La Horse Racing Division n’a jamais voulu communiquer officiellement sur ce sujet, laissant la GEL et ses communicants gérer la situation.

Des informations glanées indiquent que le visa de ces palefreniers étrangers avait expiré depuis deux mois. Au lieu de les rapatrier en Inde, la GEL les a envoyés à Madagascar, accompagnés d’Adarsh Jeerakun et Ravi Appanah. Ils ont pris le vol MK 288 mardi matin pour la Grande Île.

Fait qui intrigue, c’est que malgré l’expiration de leur visa, ces douze palefreniers n’ont pas été interrogés par les officiers de l’Immigration au départ de Maurice. Normalement, ils auraient dû s’enquérir de la raison pour laquelle ils sont restés sur le territoire après l’expiration de leur visa. Seuls Adarsh Jeerakun et Ravi Appanah peuvent éclaircir les zones d’ombre entourant cette visite éclair à Madagascar, car le dirigeant ultime de la GEL, employeur de ces travailleurs étrangers en situation irrégulière, Jean Michel Lee Shim ne pourra être interrogé par les autorités, étant en mission à l’étranger.

Jeerakhun et Appanah abandonnés à leur sort

Adarsh Jeerakun et Ravi Appanah sont donc abandonnés à leur sort et devront normalement répondre aux questions des autorités à leur retour au pays. Sauront-ils donner les bonnes réponses pour ne pas embarrasser Jean Michel Lee Shim et la GEL ? Pas nécessaire sans doute car les dispositions auront sans doute été prises à d’autres niveaux. Pour preuve, des dispositions avaient été bien prises pour faciliter leur retour comme il l’avait fait dans le passé pour Bernard Fayd’herbe, qui avait pu quitter le pays malgré une interdiction. Il n’est un secret pour personne que Jean Michel Lee Shim a ses entrées dans les institutions et qui a de bons arguments pour les convaincre.

Toujours est-il que Maurice est un État de droit et il incombe aux autorités d’enquêter et d’informer le public des développements dans cette affaire de travailleurs étrangers en situation irrégulière qui ont dû quitter le pays avant de revenir. Il y a quelques mois, quatre Malgaches avaient été arrêtés et incarcérés à Le-Chaland avant d’être relâchés. Deux Sri-Lankais avaient également été agressés et avaient pris la fuite après avoir été tabassés par les « bouncers » de la GEL. À quelques semaines des prochaines élections, ces affaires font désordre et démontrent qu’il y a une politique de deux poids deux mesures dans le pays.

Les palefreniers seront-ils questionnés à leur arrivée ?

Les douze palefreniers indiens sont attendus à Maurice aujourd’hui par le vol MK 289. Avec l’aide de leurs deux accompagnateurs, ils espèrent obtenir de nouveaux visas de touriste et reprendre leur travail à Petit-Gamin. Seront-ils interrogés cette fois-ci par les autorités à leur retour ? Passeront-ils encore une fois à travers les mailles du filet de l’Immigration ? À Petit-Gamin, on concède « avek zot tou posib ». La GEL a déjà remplacé tous les palefreniers mauriciens par des étrangers sans que les autorités n’interviennent. Il n’est donc pas surprenant qu’un nouveau visa de touriste, et non un visa de travail, leur soit délivré avec la main invisible de l’aura du patron de la GEL, qui a largement les moyens de convaincre certains au ministère du Travail ou au Prime Minister’s Office.

Jean Michel Lee Shim continue de bénéficier d’un traitement de faveur de la part des politiques qu’il aurait financés, d’après ses propres aveux, lors des dernières élections générales et qu’il continue à faire depuis pour un retour à la mesure de ses investissements.

Que se passera-t-il dans ce nouvel épisode des sagas de la GEL, en sus de celles aussi régulières que de la PTP, qui ont pour point commun, le même ultime patron Jean Michel Lee Shim, le réalisateur, avec cette fois comme acteurs principaux Adarsh Jeerakun et Ravi Appanah et comme figurants les travailleurs indiens ?

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