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Travail – salaire minimum : frustrations après le déséquilibre dans la grille salariale

Depuis l’annonce de la révision à la hausse du salaire minimum, des voix s’élèvent contre l’absence d’une politique de relativité salariale. Depuis l’introduction du salaire minimum en 2018, rien n’a été fait pour rétablir l’équilibre entre ceux qui comptent plus d’années de service et les recrues, ainsi que ceux qui sont plus élevés dans la hiérarchie et ceux au bas de l’échelle. Ces anomalies provoquent des frustrations et certains disent leur ras-le-bol.

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Un revenu minimum garanti à Rs 18 500 à partir de janvier 2024. Si cette annonce du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a fait le bonheur de nombreux Mauriciens, jeudi dernier, pour d’autres, elle a accentué davantage la frustration. Depuis le vendredi 1er décembre, suivant l’annonce de la révision du salaire minimum à Rs 15 000, auquel s’ajoutera la CSG Income Allowance de Rs 2 000, beaucoup font part de leur mécontentement.

Rajen, employé dans un corps parapublic, indique qu’il touche un salaire de Rs 17 000 après dix ans de service. « Aujourd’hui, une recrue aura le même salaire que moi. A-t-on pensé à la frustration que cela va provoquer ? Personnellement je suis découragé. J’espère que le gouvernement va trouver une solution à cette situation », se demande-t-il.

Ce sentiment est exprimé dans différents secteurs. Car depuis l’introduction du salaire minimum en 2018, il avait été annoncé que le National Wage Consultative Council, travaillerait également sur la relativité salariale. Cependant, rien n’a été fait à ce niveau, alors que le salaire minimum a été revu à la hausse à deux reprises.

Cette situation touche tous les secteurs. À titre d’exemple, selon le Pay Research Bureau de2021, une recrue dans la police a droit à un salaire de Rs 18 650. Un Handy Worker, dans la police toujours, a droit, lui, à Rs 13 745. Avec le salaire minimum à Rs 15 000, il n’y aurait que Rs 3 650 d’écart entre le policier et le Handy Worker. En y ajoutant la compensation salariale et la CSG Income Allowance, cela fait une différence de Rs 3 650.

Sur la touche

Dans d’autres secteurs, la situation est encore plus frustrante. Dans les écoles SEN, par exemple, les Helpers ont droit au salaire minimum, soit Rs 15 000. Jusqu’ici, un Manager touchait Rs 18 000. Avec la révision du salaire minimum et la compensation salariale, les deux seront plus ou moins sur la même échelle salariale. Le Helper touchera Rs 18 500, tandis que le Manager Rs 21 500.

Une responsable d’une école SEN témoigne ainsi de son découragement. « Je suis contente pour ceux au bas de l’échelle qui peuvent prétendre à un salaire décent, mais c’est décourageant pour moi. D’autant que j’ai dû faire d’énormes sacrifices pour suivre des cours au MIE pour décrocher mon diplôme. »

Cette dernière ajoute qu’un Remuneration Order a été élaboré pour le secteur SEN l’année dernière, mais n’a pas été appliqué encore. « Selon ce RO, un Manager est supposé avoir Rs 35 000, comme c’est le cas dans les écoles publiques. Mais nous attendons toujours. Ce qui est d’autant plus frustrant, c’est qu’entre-temps, la décision a déjà été prise pour les écoles maternelles. Et nous, nous sommes restées sur la touche », fait-elle comprendre.

Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), déplore également les anomalies provoquées sur la grille salariale. « J’apprécie les efforts qui ont été faits pour ceux au bas de l’échelle, mais il ne faut pas ignorer les autres. Pour être recruté comme enseignant dans le secondaire, quelqu’un doit avoir étudié trois ans à l’université et deux ans au MIE, pour le PGCE. Après cinq ans d’études, il se retrouve au même niveau que les autres », dit-il.

Selon le rapport du PRB 2021, un Teacher Grade 2, débute sa carrière à Rs 19 850 et un Teacher/Educator Grade 1, entame sa carrière à Rs 21 850. Avec la révision du salaire minimum, un Caretaker se retrouvera presqu’au même niveau que l’enseignant.

Arvind Bhojun invite à ne pas ignorer la frustration que de telles situations peuvent engendrer. « Dans le sillage des consultations pour le prochain rapport du PRB, nous avions fait une demande pour une hausse salariale de 40%, car en 2026, le salaire minimum aurait augmenté de 34%. Mais avec la situation actuelle, il faudra revoir notre demande à la hausse », dit-il.

La classe moyenne, ajoute le président de l’UPSEE, est en train de s’appauvrir davantage. « Ce sont de telles situations qui poussent nos jeunes à émigrer. Il est temps de réagir pour rétablir l’équilibre. »

Le syndicaliste Atma Shanto se dit également témoin de la grande frustration provoquée par le déséquilibre dans la grille salariale. « La question a été évoquée lors des tripartites et le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a déclaré qu’il y a un rapport sur la relativité salariale en préparation. Il sera rendu public en mars. Attendons voir ce que cela va donner et surtout, quand il sera mis en application », fait-il comprendre.

Le négociateur de la Fédération des Travailleurs Unis ajoute que la frustration ne date pas d’aujourd’hui, mais s’est accentuée avec les dernières décisions. « Il semble que le gouvernement ait déjà démarré sa campagne électorale avec ces augmentations salariales. Il doit maintenant assumer ses responsabilités face à toutes ces personnes qui comptent des années de service et qui n’ont pas progressé dans la grille salariale. La frustration est compréhensible. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités », ajoute-t-il.

Ke salaire minimum avait été introduit en 2018, à hauteur de Rs 8 500, plus une allocation de Rs 500 de la Mauritius Revenue Authority, soit un total de Rs 9 000. Il a ensuite été rehaussé à Rs 11 075, pour finalement atteindre Rs 15 000.

Un rapport sur les disparités salariales

Le National Wage Consultative Council se penche sur les disparités salariales provoquées par le salaire minimum. C’est ce qu’a promis le ministre du Travail Soodesh Callichurn. Le rapport sera soumis en mars 2024. Les ajustements dans les salaires se feront en fonction de la profession. Il a également précisé que l’application d’un salaire minimum pour les détenteurs de diplômes universitaires est aussi à l’étude.

Par ailleurs, Soodesh Callichurn avait également annoncé, la semaine dernière, que les salaires seront revus dans le secteur privé, chaque cinq ans, comme c’est le cas pour le secteur public.

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