La Fédération des travailleurs unis (FTU) avait alerté différentes autorités au sujet des abus dans l’utilisation des caméras de surveillance sur les lieux de travail. Une réunion tripartite entre le syndicat et les ministères du Travail et de la Technologie informatique n’ayant rien donné, la FTU a pris la décision de porter l’affaire devant le Bureau international du Travail.
Atma Shanto, négociateur de la FTU, souligne que depuis plusieurs années, la fédération dénonce l’utilisation abusive des caméras de surveillance sur les lieux de travail. « Ce sont particulièrement des corps paraétatiques et des entreprises du privé qui adoptent cette méthode. Il y a une prolifération de caméras CCTV dans tous les secteurs. Que ce soit dans l’hôtellerie, le textile, la distribution et même les fermes d’élevage », fait-il comprendre.
Le principal argument utilisé par les employeurs, d’après lui, soit la sécurité, ne tient pas la route. « Si les caméras de surveillance servaient à assurer la sécurité, Michaela Harte n’aurait pas trouvé la mort dans un hôtel. De même, pourquoi y a-t-il des caméras de surveillance sur les chaînes de production ? Pour nous, c’est clair que le but principal est de surveiller les travailleurs », dénonce-t-il.
Atma Shanto cite encore l’exemple des CCTV placées dans les Mess Rooms, soit les lieux où les employés sont supposés faire une pause. « Cela a été fait pour écouter tout ce qui se passe et surtout, pour surveiller qui est dans le syndicat. C’est un système qui s’inspire de l’esclavagisme et qui porte atteinte à la liberté de mouvement », ajoute-t-il en indiquant que Maurice est signataire de la Convention sur le travail décent et que travailler dans de telles conditions ne peut « s’avérer un travail décent ».
Après plusieurs lettres de protestation envoyées au ministère du Travail à ce sujet, la FTU s’est tournée vers le ministère de la Technologie informatique, des Communications et de l’Innovation. Une réunion réunissant les trois parties s’est déroulée la semaine dernière. Atma Shanto avance qu’«il nous a été dit que les employeurs ont le droit d’installer des caméras CCTV où ils veulent dans leur entreprise. De plus, ils ont confirmé que le patron peut contrôler les travailleurs à partir de son téléphone portable quand il est chez lui. C’est inacceptable ! »
La FTU a donc décidé de porter l’affaire devant le Bureau international du Travail. Une plainte sera déposée devant le Freedom of Associations Committee. La fédération avait déjà eu gain de cause dans une plainte contre l’État mauricien devant ce comité par le passé. « Étant donné qu’à Maurice il n’y a pas de loi pour protéger les travailleurs contre ce genre d’abus, nous n’avons d’autre choix que de nous tourner vers le BIT. Le Data Protection Office est un bouledogue sans dents. »
L’internalisation de ce problème, précise Atma Shanto, constituera une nouvelle étape dans le long combat de la FTU sur l’abus de l’utilisation des caméras de surveillance.