Transition climatique : Ebony Forest monte en première ligne avec des solutions fondées sur la nature

  • Dr Griffiths, directrice générale : « La nature est notre plus grande alliée dans la lutte contre le changement climatique »

Avec l’accélération du changement climatique, les impacts sur Maurice deviennent de plus en plus évidents. Inondations soudaines, érosion des plages, précipitations imprévisibles entraînant des pertes de récoltes et des pénuries d’eau, et températures élevées ne sont que quelques-uns des défis auxquels l’île est confrontée. Bien que réduire l’empreinte carbone locale soit une étape cruciale, les efforts d’atténuation seuls ne suffisent pas à répondre aux répercussions immédiates et croissantes du changement climatique.

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Dans cette perspective, des stratégies d’adaptation, incluant une large gamme d’actions, sont nécessaires. Celles-ci peuvent inclure des solutions structurelles/techniques, telles que la construction d’infrastructures physiques comme des digues, des barrages ou des barrières contre les inondations pour se protéger contre les événements météorologiques extrêmes, de solutions technologiques, dont le développement de cultures résistantes à la sécheresse, l’amélioration des systèmes d’irrigation ou la mise en œuvre de systèmes d’alerte précoce pour les catastrophes naturelles, et des solutions comportementales/sociales, tenant en ligne de compte la modification des pratiques agricoles, la promotion de la conservation de l’eau ou l’éducation des communautés sur les risques climatiques et la préparation.

Les stratégies d’adaptation basées sur les écosystèmes (EbA) sont des solutions fondées sur la nature qui exploitent la biodiversité et les services écosystémiques pour réduire la vulnérabilité et renforcer la résilience face au changement climatique. L’EbA implique la conservation, la gestion durable et la restauration des écosystèmes, en utilisant l’environnement naturel, tel que les forêts, les mangroves et les zones humides, pour protéger les communautés contre les risques climatiques tels que les cyclones et les ondes de tempête.

Par exemple, au lieu de s’appuyer uniquement sur des méthodes conventionnelles comme la construction de drains de plus en plus grands pour gérer l’augmentation du ruissellement de surface, une approche holistique impliquerait également d’augmenter la couverture forestière pour contribuer à réduire naturellement le ruissellement de surface. En plus de réduire les impacts du changement climatique, l’EbA offre des co-bénéfices tels que la conservation de la biodiversité, l’amélioration des moyens de subsistance et le bien-être des communautés locales.

À Maurice, les efforts pour lutter contre le changement climatique se sont principalement concentrés sur l’atténuation, soit de réduire ou d’empêcher les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, limitant ainsi l’ampleur des impacts futurs du changement climatique. De plus en plus, les entreprises prennent des mesures positives pour passer aux sources d’énergie verte, réduire les déchets et améliorer l’efficacité énergétique. Toutes ces actions contribueront à ralentir le réchauffement climatique et ses impacts associés.

Cependant, Maurice subit déjà les effets du changement climatique. Les événements récents d’inondations soudaines et d’ondes de tempête devraient s’aggraver en raison des effets retardés des émissions de gaz à effet de serre et du réchauffement climatique qui en résulte. Par conséquent, il est crucial pour Maurice non seulement de se concentrer sur l’atténuation des émissions, mais aussi d’adopter des stratégies d’adaptation. Ces stratégies visent à minimiser les dommages et à renforcer la résilience des communautés face aux impacts actuels et anticipés du changement climatique.

« La nature est notre plus grande alliée dans la lutte contre le changement climatique », déclare Dr Christine Griffiths, directrice générale d’Ebony Forest, qui ajoute qu’« en abordant ensemble les crises interconnectées de la nature et du climat, et en intensifiant les solutions fondées sur la nature fournies par le secteur privé, les associations et les organisations non gouvernementales (ONG), ainsi que par le secteur public, nous pouvons limiter les impacts futurs du changement climatique. Tout le monde est gagnant. »

Ebony Forest, une organisation à but non lucratif située à Chamarel et spécialisée dans la conservation de la biodiversité, la restauration des forêts, la sensibilisation et le renforcement des capacités, se lance dans un projet de trois ans, jusqu’en décembre 2026. L’objectif est de venir en aide aux associations, ONG et au secteur privé à acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour mettre en œuvre des solutions efficaces basées sur la nature. Ce projet est cofinancé par le Critical Ecosystem Partnership Fund (CEPF) afin de renforcer les capacités des organisations de la société civile (OSC) à travers Maurice, Madagascar, Comores et Seychelles.

« Nous recherchons actuellement des OSC ou des individus intéressés par l’apprentissage sur la façon dont ils peuvent développer un projet basé sur la nature et par l’acquisition des compétences nécessaires pour lancer et soutenir de tels projets. Notre objectif est d’augmenter la capacité et le nombre d’acteurs de la société civile mauricienne fournissant des solutions basées sur la nature, ce qui permettra à Maurice d’atteindre les Objectifs de Développement Durable, d’atteindre les objectifs en matière de biodiversité et de lutter efficacement contre le changement climatique, » indique-t-elle.

Adaptation basée sur les écosystèmes
Maurice fait partie des pays les plus vulnérables au monde face au changement climatique. Les raz-de-marée, les cyclones, les sécheresses et les inondations affectent directement la sécurité alimentaire, la santé humaine, les maladies des cultures et du bétail et, en fin de compte, la vie au quotidien. Les plus grands défis identifiés dans le cadre Politique Nationale d’Adaptation au Changement Climatique sont la forte réduction de l’approvisionnement en eau, avec une demande projetée dépassant l’offre ; baisse de la production agricole due à la variabilité des précipitations ; perte d’habitats naturels terrestres et marins; et la perte d’actifs naturels tels que les plages qui constituent le pilier de l’industrie touristique. Même si le changement climatique et la variabilité climatique affecteront tous les résidents mauriciens, ils continueront d’avoir un impact disproportionné sur les plus défavorisés.

Le potentiel de l’adaptation basée sur les écosystèmes (EbA) est immense. Maurice a perdu plus de 95 % de sa forêt indigène d’origine. Étant donné qu’environ 80 à 90 % des terres appartiennent en grande partie à des intérêts privés, le potentiel de contribution du secteur privé à l’EbA est énorme. Les zones humides, les forêts de mangroves, les herbiers marins et les forêts de coraux ont tous connu un déclin aussi drastique. Les opportunités et les avantages de la restauration et de la reconstruction de ces écosystèmes sont immenses. Et il existe déjà des organisations qui mettent activement en œuvre des mesures d’adaptation ou de conservation basées sur les écosystèmes. Il reste toutefois de la place pour davantage d’acteurs et davantage d’actions à petite et à grande échelle.

Les exemples d’EbA mis en œuvre comprennent la restauration des mangroves, qui agissent comme des tampons naturels contre les ondes de tempête et l’érosion côtière tout en fournissant des habitats à la vie marine;
la reforestation/l’afforestation, pour absorber le dioxyde de carbone, réduire le risque de glissements de terrain et réguler les cycles de l’eau;
la conservation des zones humides, pour améliorer la régulation du débit d’eau, réduire les risques d’inondations et filtrer les polluants des sources d’eau ; et
l’agroforesterie qui intègre des arbres et des arbustes dans les paysages agricoles pour améliorer la santé des sols, réduire l’érosion et renforcer la résilience des cultures.

Renforcer les capacités pour un changement durable
Dans le cadre de ce projet, Ebony Forest propose une série de cours de formation de quatre jours couvrant une gamme d’approches d’adaptation basées sur les écosystèmes, notamment la restauration des mangroves et des forêts, la propagation des plantes et la gestion des espèces envahissantes. Ces cours visent à renforcer les capacités techniques des OSC, leur permettant de développer et de diriger des projets durables basés sur la nature. Ouvertes aux participants ayant une expérience faible à intermédiaire, les sessions de formation seront gratuites et comprendront le déjeuner. Les détails de l’inscription seront partagés sur les réseaux sociaux et la page LinkedIn d’Ebony Forest, ainsi que via une liste de diffusion.

En plus de la formation, Ebony Forest fournira un accompagnement approfondi et un soutien à au moins quatre organisations, les aidant à concevoir et à mettre en œuvre des projets d’adaptation basée sur les écosystèmes (EbA). Cette assistance pratique renforcera les capacités techniques, administratives et de leadership des OSC participantes, avec pour objectif d’augmenter le nombre d’OSC réalisant des projets EbA efficaces.

Collaboration régionale pour un plus grand impact
Le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) est une initiative conjointe de l’Agence Française de Développement (AFD), Conservation International, l’Union européenne, la Fondation Hans Wilsdorf, le Fonds pour l’Environnement Mondial, le gouvernement du Japon et la Banque mondiale. Un objectif fondamental est de garantir que la société civile est engagée dans la conservation de la biodiversité.

Le CEPF a établi et gère un programme de soutien de 10 ans aux OSC pour promouvoir l’adaptation basée sur les écosystèmes dans le hotspot de biodiversité de Madagascar et des îles de l’océan Indien. Les activités du programme se déroulent à Madagascar, aux Comores, à Maurice et aux Seychelles.

Le CEPF a constitué un consortium d’organisations non gouvernementales pour servir d’équipe régionale de mise en œuvre, coordonnée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature – Comité National des Pays-Bas (IUCN NL) et SAF/FJKM. Ce consortium travaille en étroite collaboration avec des partenaires locaux, notamment Initiative Développement – ONG (ID-ONG) aux Comores, Fondation Ressources et Nature (FORENA) à Maurice, et Seychelles Conservation and Climate Adaptation Trust (SeyCCAT) aux Seychelles, afin de mettre en œuvre une stratégie de conservation de cinq ans pour la zone de biodiversité et de renforcer les capacités locales de la société civile.

Le projet d’Ebony Forest bénéficie d’ un cofinancement de 136 556 $ du CEPF. En plus des formations, Ebony Forest offrira également une formation à 15 bénéficiaires de Madagascar, des Seychelles et des Comores, couvrant des sujets essentiels tels que la restauration des forêts, la réintroduction des oiseaux et la gestion des espèces invasives pendant une période d’un mois. De plus, Ebony Forest impliquera le secteur privé pour les encourager à intégrer les stratégies d’adaptation basée sur les écosystèmes, en complément des efforts de mitigation, dans leur approche pour faire face aux défis du changement climatique.
Dr Nicolas Zuël, responsable de la Conservation, formateur de cours et coach chez Ebony Forest, souligne que : « les défis auxquels est confrontée la biodiversité mauricienne sont immenses, et nous ne pouvons pas compter sur seulement quelques organisations pour résoudre cette crise. En tant que centre de formation agréé par la Mauritius Qualifications Authority, l’un des objectifs d’Ebony Forest est de renforcer les capacités locales pour répondre à la demande croissante de mise en œuvre de tels projets. En formant des individus et en soutenant des organisations pour offrir des solutions basées sur la nature, nous visons à construire une société plus résiliente, capable de faire face aux impacts du changement climatique. »

Appel à manifestation d’intérêt pour la formation et le soutien des OSC
De ce fait, Ebony Forest lance un appel à manifestation d’intérêt auprès des associations, ONG, individus ou organisations du secteur privé intéressés par l’apprentissage des moyens d’aider Maurice à s’adapter aux impacts du changement climatique. Aucune expérience n’est requise. Les formations sont également idéales pour les entreprises privées qui sponsorisent des associations afin de mettre en œuvre des solutions basées sur la nature, et qui souhaitent mieux comprendre les opérations et les actions ayant un impact significatif.

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