Tourisme à la traîne : la fixation sur le million en question

376 556 touristes en ce début d’année alors que pour atteindre l’objectif du million de visiteurs jusqu’à la fin de l’année, l’on aurait dû avoir accueilli 463 000 visiteurs pour cette mêrme période, comme le fait ressortir Sen Ramsamy, Managing Director de Tourism Business Intelligence. De même, n’avons-nous pas atteint les 350 000 touristes visés à fin décembre dernier. Et si l’essentiel résidait ailleurs que dans le nombre ?

- Publicité -

Amédée Darga, observateur économique et directeur général de Straconsult Ltd, se demande ainsi s’il n’est pas « fallacieux de mesurer la performance de l’industrie en terme du nombre d’arrivées et en terme d’emplois ». Ce qui compte davantage, est-il plutôt d’avis, « ce sont les recettes nous rapporte le tourisme, pas en roupies dévaluées, mais en dollars ou en euros ». En faisant du nombre de touristes une obsession pour remplir les chambres d’hôtel, dit-il, l’industrie a baissé en gamme. « Nous pourrions certes avoir autant de touristes que nous souhaitons en cassant les prix, encore faudra-t-il avoir une politique qui assure la disponibilité de sièges avion », fait-il valoir. Il est d’opinion que doivent être recherchés « la bourgeoisie fricaine qui est plus riche que l’on ne croit, les Arabes, la bourgeoisie indienne qui voyage en famille élargie et les Russes qui paient pour étaler leurs richesses et autres ».

Takesh Luckho, économiste, juge le souhait affiché dans le dernier budget de 1,4 million de touristes farfelu. Pour lui, au mieux, s’il n’y a pas de récession, « les arrivées seront autour de 750 000-800 000 ». Et avec une récession, « ce sera autour de 650 000-700 000 ». Il trouve les stratégies pour relancer le tourisme à Maurice assez creuses et regrette qu’on ait continué à tabler sur des destinations traditionnelles.

« Nous n’avons pas été vers des marchés plus régionaux ou alternatifs qui auraient pu sauver la mise en cas de problème sur nos marchés principaux. Nous retournons vers une politique normale alors qu’on aurait dû venir avec des politiques New Normal car la pandémie a changé la donne », dit-il.

L’expert du secteur, Sen Ramsamy, note sans grande surprise que « notre destination peine toujours à remonter la pente ». Il est d’avis qu’on ne peut parler de performance satisfaisante quand « nous nous sommes fixé un objectif de 325 000 touristes en 2021 pour finalement terminer l’année avec seulement 178 000 ». Il espère néanmoins que l’objectif en devises sera atteint avec plus de Rs 60 milliards, ce qui serait, souligne-t-il, « bien plus intéressant que le nombre d’arrivées que visent les autorités ».
Comme Amédée Darga, il martèle que « l’accent doit être mis sur les rentrées en devises et non pas sur le volume de visiteurs ». Le consultant en tourisme tire la sonnette d’alarme sur la situation très inquiétante des PME du tourisme et fait un plaidoyer pour plus de promotion de la destination dans son ensemble et non seulement des gros opérateurs qui sont en pleine forme, la MIC aidant . Il encourage enfin les autorités à attirer des touristes iraniens et israéliens sur notre sol et souligne la nécessité de travailler les marchés régionaux.

AMÉDÉE DARGA (OBSERVATEUR ÉCONOMIQUE) : « Conquérir la bourgeoise africaine, indienne et les Arabes »

Selon les chiffres de MCB Focus, concernant les arrivées touristiques Maurice est à 58% du taux d’avant la pandémie avec des recettes de USD 289 millions (60% du taux d’avant la pandémie) contre 94% d’arrivées pour les Maldives avec des recettes de USD 1,4 milliard et 84% d’arrivées pour les Seychelles avec USD 130 millions. Est-ce une performance satisfaisante pour Maurice alors que nous avons ouvert nos frontières plus tard que ces deux autres pays ? Peut-on parler de relance pour l’heure ?
À quoi mesure-t-on la performance du secteur du tourisme ? N’est-il pas fallacieux de mesurer la relance de l’industrie en termes du nombre d’arrivées ? De même que la mesure en terme d’emplois. Depuis quelques années, nous pouvons constater une baisse de la qualité du personnel dans les hôtels car les meilleurs sont recrutés par les compagnies de croisières. J’ai lu récemment que des opérateurs du secteur parlent de recruter du personnel de l’étranger !
Revenons à l’essentiel, c’est-à-dire que le secteur du tourisme est l’un qui doit contribuer à la croissance. Sur cette base, ce qui compte, c’est combien d’argent nous rapporte le tourisme, pas en roupies dévaluées, mais en dollars ou en euros. A ce tableau, Maurice gagne moins par tête de touriste que les Seychelles et les Maldives. En nous focalisant sur le nombre de touristes pour remplir le nombre de chambres, nous avons baissé en gamme et en conséquence, nous avons besoin de plus de touristes mais nous ne nous assurons pas d’avoir plus de richesse.

De janvier à juin 2022, Statistics Mauritius a enregistré 376 556 touristes. On est assez loin du souhait affiché par le gouvernement pour le million d’arrivées. Cet objectif est-il encore jouable ? Que faire pour l’atteindre ?
Après le Covid-19, les facteurs déterminant le voyage et les loisirs ont bien changé. Dans la catégorie où joue Maurice depuis quelques années, c’est-à-dire, le tourisme de moyenne gamme, les prix, les conditions sanitaires, les réglements à l’entrée, sont les facteurs déterminants. Maurice peut certes gagner sur ces facteurs-là, mais demeure la disponibilité de sièges d’avion à bon prix.
La visibilité sur les réservations à plus de 60 jours est aujourd’hui réduite. En se basant sur les algorithmes des réservations, certains pensent que nous pourrions atteindre 1 100 000 pour l’année calendaire 2022, mais il y a de l’inquiétude quant à la disponibilité de sièges d’avion.

L’important donc n’est pas de s’obstiner avec l’objectif du million de touristes. Devrait-on davantage miser sur le tourisme de longue durée et haut de gamme dans cette crise sans précédent ? Le Premium Visa est-il une bonne chose compte tenu du fait qu’avec la crise économique, beaucoup d’étrangers moyens ne peuvent plus voyager ?
Pour ces touristes moyens, Maurice n’est aujourd’hui qu’une des destinations possibles. Nous avons de la compétition. Si les opérateurs du secteur s’obstinent à garder le même modèle d’offres, nius n’irons pas très loin. Nous pourrions, certes, avoir autant de touristes que nous souhaitans en cassant les prix, encore faudra-t-il avoir une politique qui assure la disponibilité de sièges avion, mais le secteur ne contribuera pas vraiment à la croissance de la richesse du pays.

Le ministère mise sur le Relaunching Mauritius as One Mauritius, soit un tourisme inclusif, invitant la population, l’Etat et le secteur privé à travailler ensemble. Avons-nous là la bonne formule face à un contexte aussi difficile : une crise sans précédent, la guerre et des incertitudes quant à la tournure des événements ? Y a-t-il d’autres tactiques pour mieux réussir la relance dans une telle situation ?
Certes, il faut assurer le court terme de 2023 et 2024, mais il faut voir plus loin. Il faut que les têtes les plus visionnaires, les plus audacieuses du secteur privé, les opérateurs les moins braqués sur leur pré-carré, et les représentants les plus ouverts du gouvernement, et certaines compétences telles qu’un Herbert Couacaud ou un Sen Ramsamy pour développer une vraie stratégie pour une relance soutenable à long terme.
Une telle stratégie devra accepter la fermeture de certains hôtels n’étant pas à la hauteur de l’ambition de remonter la gamme de l’offre du tourisme mauricien. Accepter une montée en gamme permettrait de mieux payer les employés mauriciens du secteur pour les retenir. Le jour où les touristes se retrouveraient dans les hôtels avec des employés sri lankais, philippins, malgaches ou autres, nous aurons perdu la légendaire hospitalité et le sourire mauriciens. Il importe, d’autre part, d’assurer la diversification des pays sources de touristes pour notre pays. Nous en parlons depuis longtemps, mais les blocages culturels des opérateurs ont fait que les riches chinois et indiens viennent de moins en moins même avant le Covid-19.
Nous avons eu une offre One Size fits All, calquée sur l’Européen. Nous devons pouvoir aller chercher et tailler des offres qui amèneraient la bourgeoisie noire sud-africaine, la bourgeoisie africaine qui est plus riche que l’on ne croit, les Arabes, la bourgeoisie indienne qui voyage en famille élargie, les Russes qui payent pour étaler leurs richesses et autres. Il faudra assurer une offre qui va au-delà des hôtels, que les atouts culturels et naturels sont réellement mis en valeur, pas de la médiocrité. Ce tourisme-là a besoin de Night Life de qualité, de restaurants du terroir de qualité hors hôtels.
Enfin, il faudra que l’Hôtel du Gouvernement se fasse une raison sur la question de l’offre aérienne où Air Mauritius pourra certes assurer sa viabilité mais que l’espace aérien soit plus ouvert. C’est tout cela qui permettra que Maurice retrouve sa gloire d’antan comme destination et que le secteur soit véritablement source d’enrichissement de notre économie.


TAKESH LUCKHO (ECONOMISTE) :
« L’objectif de 1,4 M de touristes est vraiment farfelu »

Selon les chiffres de MCB Focus, concernant les arrivées touristiques, Maurice est à 58% du taux d’avant la pandémie contre 94% d’arrivées pour les Maldives et 84% pour les Seychelles. Peut-on parler de relance ?
Mon opinion est assez mitigée là-dessus. Il y a une relance, oui, dans le sens où, après la réouverture des frontières, le nombre de touristes prend l’ascenseur. De janvier à juin, en effet, nous avons eu 376 556 touristes à Maurice, ce qui représente une nette amélioration en comparaison avec ces deux dernières années. Les plus grosses barrières étaient les restrictions sanitaires. Avec la levée de ces restrictions, il y a eu un afflux qui aide à la relance du secteur.
Néanmoins, peut-on parler de relance quand nous n’avons pu atteindre l’objectif affiché dans le budget l’an dernier, soit 650 000 avec une croissance de 9% ? Nous avons dépensé environ Rs 16 millions dans une campagne publicitaire en Angleterre ; Rs 11 millions dans une autre campagne en Inde. Or, on ne voit pas un rebond par rapport aux touristes anglais. Il y a eu 55 000 touristes anglais contre 93 000 de France. Nous avons raté notre cible. Sans compter que deux événements pourraient freiner cet optimisme. Dans le dernier budget, on parle de 1,4 million de touristes.

Est-ce réalisable ?
C’est un optimisme excessif quand on réalise que nos marchés ne sont pas diversifiés. Nos principaux marchés demeurent la France, l’Angleterre, l’Afrique du Sud, l’Allemagne et La Réunion. Les deux plus importants sont en Europe et nous y constatons deux problèmes majeurs : une nouvelle vague du Covid-19 et récemment, il y a eu une baisse dans le prix du baril du pétrole à la suite de l’anticipation d’une récession dans le sillage de la guerre en Ukraine.
Donc, si nos marchés principaux sont touchés par une récession, nous nous retrouverons avec un nombre d’arrivées loin de notre objectif. Même à Maurice, il y a actuellement une flambée du Covid-19, ce qui est un facteur de dissuasion pour le tourisme.

Comment anticipez-vous le progrès pour notre tourisme pour les mois à venir dans le sillage de cette guerre qui dure en Europe et de la baisse du pouvoir d’achat au niveau mondial ?
Je ne suis pas un expert du secteur mais en tant qu’économiste suivant l’actualité de près, je trouve les stratégies introduites pour relancer le tourisme à Maurice assez creuses. Nous sommes complètement restés sur notre faim. Nous avons continué à tabler sur nos destinations traditionnelles alors que nous sommes passés par la crise du Covid-19. Nous n’avons pas été vers des marchés plus régionaux ou alternatifs qui auraient pu sauver la mise en cas de problème sur nos marchés principaux.
Nous devrions avoir un Plan B, C, D. Quels incentives donne-t-on ? Les touristes ne viennent pas à Maurice pour Rs 200 à la boutique Duty Free ! Si c’est pour du shopping, ils préfèrent encore aller en Thaïlande, à Singapour, etc.

Le ministère mise sur le Relaunching Mauritius as One Mauritius, soit un tourisme inclusif, invitant la population, l’Etat et le secteur privé à travailler ensemble. Avons-nous là la bonne formule face à un contexte aussi difficile : une crise sans précédent, la guerre et des incertitudes quant à la tournure des événements ?
Un des gros problèmes, c’est la connectivité. Nous n’arrivons pas à attirer des touristes de la région faute de connexion. Les vols de MK sont des long-courriers qui ne sont pas économiquement appropriés pour les courtes destinations. Quand nous voulons diversifier, il faut travailler sur les pays près de nous. L’Europe travaille sur des voyages de courte ou moyenne distance et pour de courts séjours (une semaine ou deux) : France-Espagne ; France-Italie par exemple. La tendance pour l’heure est là car il est plus facile de rentrer chez soi en cas de problème.

Faut-il s’obstiner avec l’objectif d’un million de touristes ou doit-on davantage miser sur le tourisme de longue durée et haut de gamme dans cette crise sans précédent ? Le Premium Visa est-il une bonne chose, compte tenu du fait qu’avec la crise économique, beaucoup d’étrangers moyens ne peuvent plus voyager ?
Le Premium Visa était là avant le Covid-19. Mais la stratégie du secteur privé change. Le secteur financier, par exemple, emploie des étrangers qui ne viennent pas nécessairement à Maurice. Ils travaillent de leurs pays respectifs. Ce ne sont pas les touristes de longue durée que nous recherchpons mais davantage des touristes pour 15-30 jours. Nous voulons des vacanciers. Plus de 70% des touristes à Maurice viennent pour un séjour de moins d’un mois.

Le touriste haut de gamme restant plus longtemps et dépensant plus ne devrait-il pas être ciblé ?
Certes, mais, Maurice peut-elle attirer actuellement ce type de touristes ? La plupart des touristes viennent à Maurice pour le Sun and Sea et la plupart des Européens et même les Africains font quatre jours à Maurice, un jour à Singapour et un jour en Malaisie. Ils viennent à Maurice pour le All Inclusive Package à l’hôtel pour s’amuser. Ensuite, ils partent faire de bonnes affaires à Singapour. Ils ne font que peu de dépenses en dehors de l’hôtel. Certains font du trekking et autres sorties qui font partie du package All Inclusive de l’hôtel. Le Long-Term Tourism ne représente au plus que 15% des touristes.

Pour conclure…
À deux reprises, les prévisions concernant le nombre d’arrivées ne se sont pas réalisées. En décembre, nous avions un objectif de 350 000 et en juin 650 000 touristes. Comment donc a-t-on pu dans le budget tabler sur une prédiction aussi surestimée ? Pour moi, le chiffre de 1,4 million de touristes est vraiment farfelu. Au mieux, s’il n’y a pas de récession, les arrivées seront autour de 750 000-800 000. Avec une récession, ce sera autour de 650 000-700 000.
Le secteur fait mieux en comparaison à ces deux dernières années mais nous retournons vers une politique normale alors que nous aurions dû venir avec des politiques New Normal car la pandémie a changé la donne. Il est chagrinant que nous n’ayons pas vu des Assises du Tourisme car le tourisme est le secteur principal pour l’heure pour notre croissance économique. En effet, si nous voulons réaliser des chiffres d’avant le Covid-19, il faudra un plan stratégique spécifique au secteur.


SEN RAMSAMY (CONSULTANT EN TOURISME) :
« L’accent sur les rentrées en devises et non sur le volume de visiteurs ! »

SEN RAMSAMY

Selon les chiffres de MCB Focus, concernant les arrivées touristiques, Maurice est à 58% du taux d’avant la pandémie contre 94% pour les Maldives et 84% pour les Seychelles. Est-ce une performance satisfaisante pour Maurice compte tenu du fait qu’on a ouvert nos frontières plus tard que ces deux autres pays ?
Malgré la grande réouverture de nos frontières depuis le 1er octobre 2021, notre destination peine toujours à remonter la pente. Après plus de dix mois, nous sommes à presque 50% du niveau de 2019. Nous ne pouvons parler de performance satisfaisante quand nous nous sommes fixé un objectif de 325 000 touristes en 2021 pour finalement terminer l’année avec seulement 178 000.
Pour cette année, la barre a été placée encore plus haut à un million de visiteurs. Oublions les années précédentes pour un instant. Pour le premier semestre de 2022, nous avons accueilli 376 556 touristes alors que pour atteindre le chiffre d’un million jusqu’à fin décembre, on aurait dû avoir fait 463 000 de janvier à juin, soit une moyenne de 46,3% mais nous n’avons réalisé que 37.7% à ce jour. Autrement dit, nous avons déjà enregistré un déficit de 86 500 visiteurs sur les premiers six mois. Pour avoir un million de visiteurs cette année, nous serons obligés d’attirer encore 623 444 sur les six prochains mois, soit plus de 100 000 par mois ou 62% des arrivées totales, alors que traditionnellement nous recevons une moyenne de 53,7% dans la seconde partie de l’année.
Pour ce qui est des rentrées en devises, nous n’avons eu que Rs 12,5 milliards jusqu’à mars dernier. Je m’attends à des recettes entre Rs 25 milliards et Rs 30 milliards de janvier à juin 2022. Espérons qu’au moins cet objectif en devises sera atteint et que nous terminerons l’année avec plus de Rs 60 milliards, ce qui serait beaucoup plus intéressant que le nombre d’arrivées que visent les autorités. D’ailleurs, c’est ce que je recommande depuis longtemps. Et espérons que le bon sens va prévaloir !

En mars dernier, au début de la guerre russo-ukrainienne, vous prédisiez une baisse au niveau des arrivées de l’Europe et vous estimiez que même si c’était jouable, l’objectif d’un million de touristes serait difficilement atteint. Votre pronostic à présent ?
Comme prévu, le marché européen a reculé de 32% sur 2019 et sur l’ensemble, nous n’avons fait, à ce jour, que 38% de notre objectif pour toute l’année. Il faudra nous réjouir si nous arrivons à terminer 2022 avec 825 000 visiteurs. Avec des stratégies bien travaillées, je pense que nous pouvons recevoir Rs 64 milliards en recettes touristiques. Encore une fois, l’accent doit être mis sur les rentrées en devises et non pas sur le volume de visiteurs.
Cependant, la situation au niveau des PME du tourisme est très inquiétante. D’où ma proposition pour que les autorités fassent davantage la promotion de la destination dans son ensemble que celle des gros opérateurs qui sont en pleine forme, la MIC aidant. Les PME du tourisme sont dans une situation très précaire et méritent plus de soutien en ce moment. Et la même chose pour Rodrigues semble avoir été oubliée par les autorités. Rodrigues a tous les ingrédients pour être une étoile filante du tourisme dans cette partie du monde.

L’assouplissement des restrictions sanitaires est porteur d’espoir pour la relance du tourisme. De l’autre côté, toutefois, il y a toujours cette guerre qui dure en Europe et la baisse du pouvoir d’achat qui est une grande source de préoccupation pour les Européens. Comment anticipez-vous le progrès du secteur ?
La situation dans nos principaux marchés émetteurs est toujours difficile avec la guerre russo-ukrainienne et le prix du pétrole qui risque de flamber dans les mois à venir. Il est même prévu que l’or noir atteindra presque USD 200 le baril en octobre 2024 et ce sera un coup de massue sur les prix du billet d’avion et le Disposable Income des voyageurs. D’où la nécessité de travailler les marchés régionaux.
Je suis ravi que le gouvernement ait enfin décidé de viser le marché iranien qui est très porteur pour notre tourisme. Nous pourrions même peut-être faire mieux sur le plan géopolitique si nous arrivons à attirer à la fois les touristes iraniens et israéliens sur notre sol. Avec notre hospitalité proverbiale et notre savoir-vivre en harmonie, nous pourrions même faire l’histoire si les visiteurs israéliens et iraniens viennent chez nous pour passer des moments agréables dans un esprit de partage et d’amitié. Il faut oser.

Le Premium Visa est-il une bonne chose, compte tenu du fait qu’avec la crise économique, beaucoup d’étrangers moyens n’ont plus les moyens de voyager ?
Le concept de Premium Visa est très porteur pour notre destination mais est très mal promu sur le marché international. Il y a une formule très attrayante que j’ai proposée au gouvernement, en tant que patriote, mais ignorée comme toujours. J’ai même préparé un plan détaillé en étroite collaboration avec une des plus grandes firmes de communication dans le monde. Je suis prêt à le partager humblement avec les autorités concernées pour l’avancement de notre économie et pour le progrès de notre pays. Jusqu’à maintenant, même pas un rendez-vous pour présenter le plan. Donc, je le partage avec d’autres destinations qui ont manifesté un grand intérêt pour l’appliquer.

Le ministère mise sur le “Relaunching Mauritius as One Mauritius”, soit un tourisme inclusif, invitant la population, l’Etat et le secteur privé à travailler ensemble. Avons-nous là la bonne formule face à un contexte aussi difficile ?
Le gouvernement était tout fier d’avoir lancé le fameux projet de Rebranding de la destination Maurice. Déjà en juillet 2021, la MTPA avait frappé fort en lançant un appel d’offres international à deux reprises pour ce projet mais depuis pas une seule explication sur ce silence retentissant qui a choqué le monde de la communication au niveau international, surtout en matière de transparence, d’éthique et de respect envers les professionnels du métier.
En attendant, nous avons toujours Mauritius, c’est un plaisir et nous entendons aussi des nouveaux slogans creux comme “My Mauritius, One Mauritius”. Le marché international perd ses repères et la clientèle étrangère est encore plus confuse. Brandir plusieurs slogans en même temps, sans même une solide Brand Architecture comme il se doit pour la destination, c’est la meilleure recette pour échouer en matière de communication et de “branding”.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -