Tirs croisés – violence chez les jeunes : où sont les causes profondes ?

Les actes de violence et autres indisciplines sont monnaie courante dans les établissements scolaires aujourd’hui. Comment expliquer ce mal profond qui pousse les jeunes à de tels comportements ?

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Ancien maître d’école, conseiller pédagogique et formateur sur la question de parentalité, Jacques Lafitte fait voir qu’un élève « porte en lui l’ADN d’une famille », et que si celle-ci est toxique, le jeune reproduira le même modèle dont il est témoin chez lui ou dans son quartier.
Quant au bullying, il constate que si le problème ne date pas d’hier, « la différence est qu’aujourd’hui, dans un monde virtuel, nous aimons nous filmer pour montrer ce dont nous en sommes capables et nous le postons poste sur les réseaux sociaux ».
Les institutions sont démunies face à tout cela, appliquant des méthodes vieilles de trente ans. Le formateur souligne qu’il faut combattre le problème à la source, au niveau des parents. Il prône une approche plus humaine et inclusive envers les jeunes rebelles et estime que des écoles sponsorisées et accueillantes valoriseraient les élèves de l’Extended.

Pour sa part, Pavi Ramhota, anthropologue et sociologue, affirme qu’aucun élève n’est faible sur le plan scolaire mais que c’est davantage la méthodologie d’enseignement qui doit changer. Il estime que séparer les élèves de l’Extended de ceux du Mainstream ne résoudra nullement le problème de violence. « Nous ne ferions que créer deux types d’élèves. Cela apporterait encore plus de frustration parmi eux. Nous devrions promouvoir la solidarité, un fort sentiment d’unité, sinon cela créerait également des complexes d’infériorité et de supériorité ». Il recommande des règles plus strictes dès l’école primaire et considère que l’essor du virtuel est l’une des causes d’amplification de la violence.

Ancienne enseignante et actuellement chargée de cours de Français chez Vatel, Aurore Perraud trouve qu’à la fois les parents, le système éducatif et la société actuelle sont à l’origine des actes de violence parmi les jeunes. « Beaucoup de parents prennent les écrans pour des baby-sitters. Ce qui a un impact sur le comportement des enfants ».
Dans l’éducation, elle se demande comment gagner l’intérêt des enfants « avec une façon d’enseigner très traditionnelle ?
Les anciennes méthodes d’enseigner ne conviennent pas aux jeunes qui sont habitués aux écrans ». Elle déplore l’absence d’un module sur la gestion d’une classe dans les cours du Mauritius Institute of Education (MIE) et estime primordial que le gouvernement investisse dans la formation des parents.

JACQUES LAFITTE (formateur de parents) : « Attaquer le problème au niveau des parents »

La violence en milieu scolaire sous toutes ses formes : verbale, physique, ou autre harcèlement s’amplifie. Plusieurs cas inquiétants ont été médiatisés cette année. Nous nous souvenons du violent coup de pied essuyé par un élève du MITD ; utilisation de faux billets de banque à la cantine ; incendie provoqué dans une salle de classe et, plus récemment, une rixe dans un collège entre deux clans, avec l’un des élèves en possession d’un couteau et même des enseignants qui sont harcelés par des élèves …
Votre observation ?

Je prendrai les choses en amont. Un élève vient forcément d’une famille. Il porte en lui l’ADN émotionnel de cette famille. Est-ce une famille normale, recomposée, monoparentale ? L’enfant habite-t-il avec les grands-parents, une tante, etc. ? Ou alors est-ce un résidu d’une famille toxique ?
Qu’est-ce qu’un parent toxique ? Prenons un gaz ou une boisson toxique, quand nous en prenons, nous finissons à l’hôpital. Un parent toxique empoisonne la vie de ses enfants et produit des enfants toxiques. En retour, ces enfants empoisonnent la vie de leurs parents et de leur entourage. Nous avons alors une famille et une maison toxiques où l’air est pratiquement irrespirable. Il s’agit là d’une famille.
Mais, nous avons des quartiers toxiques où débarquent des éléments de l’ADSU à longueur de semaine où la drogue se vend comme des petits pâtés, où il y a des consommateurs de bière sous les boutiques. C’est ce que j’appelle un environnement toxique.
Maintenant, un résidu d’une famille toxique va finir dans un Shelter.
Or, quand un jeune qui, chez lui n’a pas de rôle, n’existe que pour subir et voir des bagarres, vient au collège, il vient avec tout ce bagage. Maintenant, si l’établissement est dans un quartier toxique…

Ce sont donc la famille et l’environnement qui sont les causes principales ?

J’ai commencé par la famille et l’environnement. Ensuite, l’école est une mini-représentation d’une société, d’un quartier. Forcément, tout cela est transposé à l’école. Le problème n’est donc pas l’école. Le problème est ailleurs. Le bullying est un vieux phénomène. Mais, la différence est qu’aujourd’hui, dans un monde virtuel, nous aimons nous filmer pour montrer ce dont nous en sommes capables et nous le postons sur les réseaux sociaux.
Autrefois, ces bagarres n’étaient pas médiatisées. Aujourd’hui, elles prennent des formes plus sophistiquées avec des armes. Il y a le Cyberbullying, des chantages, des photos déplacées. Mais, que faisons-nous dans les institutions ?
Nous sommes démunis. Nous faisons ce que nous pratiquions il y a trente ans : nous appelons les parents, la CDU ou nous soumettons l’affaire à un psychologue qui vient une fois par mois ou chaque quinzaine avant de disparaître.

Que suggériez-vous comme solutions ?

Il faut attaquer le problème à la source, au niveau des parents. Il faut une vraie volonté politique, travailler de concert avec les ONG, travailleurs sociaux qui connaissent le terrain. Il faut des cours, non seulement sur la violence mais sur l’éducation sexuelle, la drogue ; etc.
Pas des campagnes d’affiche ! Il faut des gens qui n’ont pas froid aux yeux pour descendre dans l’arène. Il y a un problème de leadership. Certains proposent un agent de sécurité dans l’établissement ou dans chaque classe mais le problème est ailleurs.
Prenons le cas du recteur du RCC qui avait été muté dans un établissement difficile à la suite du chant controversé. Mais, depuis qu’il est à Barkly, le personnel se sent en sécurité. Il est venu avec des méthodes innovantes. Il rencontre les parents et embarque tous les partenaires. Si nous ne nous occupons pas des poches d’exclusion, ce sont ces lieux qui vont tout faire exploser. Donc, le bullying est un peu le reflet de ce qui se passe dans les zones exclues.

Certains sont d’avis que l’inégalité des niveaux académiques dans les collèges, avec le mélange du Mainstream et de l’Extended Stream, accentue la violence parmi les élèves, les plus faibles académiquement se sentant frustrés. Ils estiment ainsi qu’il serait mieux de séparer les deux groupes d’élèves. Votre point de vue ?

Nous avons cru que l’Extended Stream était la panacée. Personnellement, je crois dans le modèle que Kadress Pillay avait proposé avec les Middle Schools. Le débat a pour origine le Streaming (A,B,C,D). Fallait-il regrouper les Low Performers qui sont souvent des élèves difficiles ? Devons-nous les mélanger avec les autres ? C’est un vieux débat.
Personnellement, j’aurais été en faveur d’accorder une attention particulière à ce groupe vulnérable avec des leaders (enseignants) avertis. Un grand visionnaire, le Père Henri Souchon, avait prédit cela quand il a créé l’école – qui porte son nom à Pointe-aux-Sables –, avec le soutien de François Woo. Il ciblait justement Pointe-aux-Sables, Petite-Rivière, Bambous, Roche-Bois, Tamarin. Nous devons reconnaître qu’il n’y a pas de gros problèmes là-bas. Le Père Souchon avait vu loin : l’éducation des banlieues, des exclus.

Vous êtes donc pour la séparation des Extended de ceux du Mainstream ?

Je ne dirais pas cela, mais c’est une pédagogie différente avec des approches différentes.Vous êtes pour que les deux groupes soient dans le même collège comme c’est actuellement ?
Non, je pense que cela fait des dégâts. Ces élèves sont stigmatisés et se regroupent. Pour cette raison, je serais pour les traiter différemment, pas avec de la répression ! Il faut une approche plus humaine, inclusive. Il ne faut pas cette perception de isi lekol lelit, laba lekol bagas.
Dans ces écoles ‘bagasse’, il faut des recteurs, des enseignants, des travailleurs sociaux. Il s’agit d’une approche inclusive où le quartier, les parents, tous sont des parties prenantes. Je rêve un peu mais je crois que tôt ou tard, il faudra y aller car le bullying a pris une certaine proportion et cela prendra encore davantage de proportion si nous ne nous y attaquons pas de manière appropriée.

Pour vous, l’école Henri Souchon est un exemple ?

Je ne dis pas que l’école est le modèle mais c’est dans cette direction que nous devrons nous engager. Nous avons besoin de ces écoles sponsorisées, prestigieuses, qui accueillent et valorisent.

Pavi Ramhota (sociologue) : « L’essor de la société virtuelle, une des causes de violence »

La violence en milieu scolaire sous toutes ses formes (verbale, physique et autre harcèlement) s’amplifie. Plusieurs cas inquiétants ont été médiatisés cette année. Nous nous souvenons du violent coup de pied essuyé par un élève du MITD ; utilisation de faux billets de banque à la cantine ; incendie provoqué dans une salle de classe et, plus récemment, une rixe dans un collège entre deux clans, avec l’un des élèves en possession d’un couteau sans compter que des enseignants sont aussi harcelés par des élèves …
Votre observation de la situation ?

Aujourd’hui, nous vivons véritablement à l’ère de la jeunesse. Tout le monde veut être en contact avec la jeunesse. Ils dirigent l’économie en tant qu’employeurs, employés et consommateurs. Ils constituent les moteurs et les acteurs de la politique. La jeunesse est belle.
Nous constatons aujourd’hui trois nouveautés. Premièrement, la jeunesse n’est plus conçue comme une étape préparatoire vers l’âge adulte, mais plutôt comme l’étape finale de l’accomplissement humain. Deuxièmement, le rôle des générations a été inversé : les enfants n’ont rien à apprendre de leurs parents en comparaison à ce que les parents peuvent apprendre de leurs enfants.
Enfin, la nouvelle culture des jeunes est un phénomène international.
Physiologiquement, l’adolescence désigne une période comprise entre le début de la puberté et le passage à l’âge adulte. Psychologiquement, elle représente une période de crise potentielle provoquée par les incertitudes des transitions physiques et sociales entre les étapes de la vie.
Les adolescents sont à la recherche d’une nouvelle auto-identification qui est un processus socio-psychologique complexe, que le grand commentateur de la jeunesse Erik H. Erikson a subsumé sous le concept de crise d’identité ou de confusion d’identité.
Le terme crise d’identité désigne une condition dans laquelle les jeunes sont incertains de leur statut et de leur rôle dans la société et vivent une discontinuité entre le passé et le futur.
Subjectivement, pour un jeune, cette phase de la vie est une phase de tempêtes et de stress.
Elle signifie un sentiment de fragmentation, d’indécision, d’être suspendu dans le temps, d’être isolé des contacts humains. Au niveau individuel, des réactions, telles que le ressentiment, la dissociation, la haine de soi et les dommages psychologiques, sont observées.
Ces mauvais comportements sont nourris en eux depuis l’enfance, ils voient leurs parents s’adonner à la violence, ils ont tendance à les imiter.
Nous constatons également qu’il n’y a pas de coordination entre les enseignants et les élèves. Aucun respect des aînés. Nous ne leur enseignons pas la tolérance.
Or, de telles valeurs devraient être inculquées dès l’enfance.

Certains sont d’avis que l’inégalité des niveaux académiques dans les collèges, avec le mélange du Mainstream et de l’Extended Stream, accentue la violence parmi les élèves, les plus faibles académiquement se sentant frustrés.
Ils estiment ainsi qu’il serait mieux de séparer les deux groupes d’élèves. Votre point de vue ?

Pour moi, cela ne résoudra pas le problème en les séparant. Nous ne ferions que créer deux types d’élèves. Cela apporterait encore davantage de frustration parmi eux.
Nous devrions promouvoir la solidarité, un fort sentiment d’unité, sinon cela va générer également des complexes d’infériorité et de supériorité. Il faudrait penser à des règles plus strictes à appliquer dans les écoles. Mais cela devrait commencer dès le niveau primaire. Aucun élève n’est faible sur le plan scolaire mais nous devons changer de méthodologie. Il faut faire une étude dans les écoles et identifier les jeunes délinquants et voir ensuite quelles seront les mesures appropriées à prendre.

Comment expliquer ce phénomène d’indiscipline et de violence qui s’amplifie dans nos établissements scolaires ?

L’essor de la société virtuelle est l’une des causes. La communication est le moyen le plus important par lequel la culture est transmise et retransmise. Par conséquent, avec l’évolution des nouvelles technologies, la communication culturelle ne cesse de se transformer.
Nous pouvons affirmer que les TIC en particulier ont exercé un effet énorme sur les modèles culturels, les relations familiales et les pairs. C’est ce que nous appelons un public paresseux. Avec l’Internet, nous avons plusieurs plateformes virtuelles, comme Facebook. Les citoyens qui les utilisent sont appelés des net-citoyens.
Les jeunes sont désormais exposés à toutes sortes de violence en regardant les médias virtuels. Heureusement, nous n’avons pas de permis d’armes gratuits, sinon ils auraient certainement eu recours à cela, comme aux États-Unis.
Très souvent, la violence est ancrée dans leur langage courant. L’environnement joue également un rôle essentiel dans la promotion de la violence.

Que suggérez-vous pour régler le problème ?

Nous devrions empêcher que ces événements se reproduisent à l’avenir. Quant à moi, je suggérerai des études sur la jeunesse. Ces recherches doivent être une priorité. Le paradigme de recherche peut être caractérisé comme étant du type « traitement et moyens de sauver », car souvent, l’angoisse et la confusion présentes chez les jeunes à l’esprit rebelle les incitent à commettre facilement des erreurs.
La recherche sur la jeunesse aiderait à mieux éduquer et guider ce groupe. Au cours de cette période, les instituts de recherche, les sociétés, les revues, les séminaires et les diverses problématiques y relatives devraient continuer à émerger. Les questions sur la jeunesse doivent ainsi passer du statut d’un problème de société à celui d’études universitaires.

Beaucoup d’autres élèves subissent en silence du harcèlement et autres moqueries à leur encontre. Comment déceler une telle souffrance chez un jeune ?
Le système de dénigrement devrait être interdit et il devrait y avoir un maître de discipline qui veille qu’aucun élève ne soit dérangé dans les locaux d’un établissement scolaire. Une surveillance par caméra doit être mise en place et doit être imprimée dans le règlement de l’établissement.
Dans d’autres pays, par exemple, des étudiants sont morts à cause de leurs agissements et le taux de suicide est également élevé. Je dirais que des règles strictes devraient être adoptées.

AURORE PERRAUD (Pédagogue) : « Un changement pour l’épanouissement des enfants »

La violence en milieu scolaire sous toutes ses formes : verbale, physique et autre harcèlement s’amplifie. Plusieurs cas inquiétants ont été médiatisés cette année même. On se souvient du violent coup de pied subi par un élève du MITD ; utilisation de faux billets de banque à la cantine ; incendie provoqué dans une salle de classe et, plus récemment, une rixe dans un collège entre deux clans, avec l’un des élèves en possession d’un couteau et même des enseignants qui sont harcelés par des élèves … Votre observation ?

La situation est préoccupante de par les nombreux cas qui sont médiatisés. Toutefois, il y a tellement de cas qui ont lieu dans le silence. Je crois que la responsabilité est partagée. La société évolue et crée des individus très égocentriques. Les élèves passent le plus clair de leur temps avec leurs yeux fixés sur les écrans. Ils vivent dans un monde qui est déconnecté des adultes.
Beaucoup de parents prennent les écrans pour des baby-sitters. Pour avoir la paix, ils donnent un écran à leurs enfants. Ce qui a un impact sur le comportement des enfants. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il y ait de tels produits dans la société aujourd’hui.
Par ailleurs, la façon dont les écoles sont faites aujourd’hui est semblable au temps de Charlemagne. Il n’y a pas eu de vraie évolution. La pédagogie n’a pas évolué. Comment gagner l’intérêt des enfants avec une façon d’enseigner très traditionnelle ? Qu’en est-il de l’intelligence multiple ? Les anciennes méthodes d’enseigner ne conviennent pas aux jeunes qui sont habitués aux écrans.

Y a-t-il des failles dans l’Éducation qui contribuent à ce problème d’indiscipline ?

Il y a plusieurs types d’intelligence. Certains sont davantage portés sur le côté visuel, d’autres auditif ou esthétique. Or, il n’y a qu’une seule façon d’enseigner, ce qui pose problème. Ces jeunes sont déjà saturés et blasés car submergés d’informations.
Rien ne les impressionne plus. Autrefois, nous pouvions impressionner un enfant mais aujourd’hui, ils ont déjà des connaissances sur plusieurs sujets. Au MIE, par exemple, des cours de Diploma et PGCE sont ceux de pédagogie où l’enseignant a déjà les connaissances dans la matière qu’il enseigne et il y apprend comment enseigner.
Malheureusement, il n’y a pas de module consacrée à la discipline ou comment gérer une classe. Certes, nous en parlons mais il n’y a pas de module dessus. C’est là une grosse lacune dans le système. Le gouvernement aurait dû investir dans la communication positive et dans les défis de la parentalité. Il faut que le personnel enseignant et non-enseignant travaille de pair avec les parents pour le bien-être des enfants. Les parents sont dépourvus d’outils pour discipliner les enfants. Si nous arrivons à pallier ces manquements, nous devrions pouvoir diminuer le problème de discipline.

Certains sont d’avis que l’inégalité des niveaux académiques dans les collèges, avec le mélange du Mainstream et de l’Extended Stream, accentue la violence parmi les élèves, les plus faibles académiquement se sentant frustrés. Ils estiment ainsi qu’il serait mieux de séparer les deux groupes d’élèves. Votre point de vue ?

J’étais encore enseignante au collège lorsqu’il avait été décidé d’inclure les prévoc avec le Mainstream. J’ai participé aux discussions sur le pourquoi d’inclure les prévoc. À l’époque, je pensais que c’était une bonne chose. Nous l’avions fait dans le but d’inclusion, avec le même uniforme, etc. Quand les prévoc étaient dans un autre établissement, ils se sentaient exclus, avec des étiquettes. Mais, je ne sais pas si les deux côtés n’ont pas été bien préparés pour s’accueillir l’un l’autre, mais aujourd’hui, nous réalisons effectivement qu’ils sont dans le même bâtiment et portent le même uniforme mais ne sentent pas forcément égaux. Cela crée de la frustration. Peut-être faudrait-il songer à rouvrir le débat pour se demander si c’était finalement une bonne décision, et où cela n’a pas marché.

Que suggérez-vous d’autre ?

C’est le moment de voir le problème en face. Ce n’est pas seulement quand il y a un cas de bullying ou de violence qui est médiatisé qu’il faut se pencher sur la question. Il faut se dire qu’il y a un souci. Sur les réseaux, par exemple, il y a des professionnels qui offrent des cours sur comment gérer les problèmes de bullying à l’école.
Je pense que les collèges privés et d’État devraient faire appel à l’expertise de ces professionnels. Il y a la méthode Gordon qui aborde par exemple les obstacles à la communication. Est-ce que les enseignants connaissent la méthode Gordon ou de Jacques Salomé. Il y a autant d’outils qui existent depuis des années.

Peut-être une connexion entre ces professionnels et le MIE ?

Bien sûr. Au MIE, nous prétendons former les enseignants à la pédagogie. Mais, il n’y a pas de module sur comment gérer une classe avec divers types d’élèves. Il faudrait vraiment investir dans la formation des enseignants. Ces derniers sont aujourd’hui dépassés. Nous pouvons les comprendre. Ils sont humains après tout.
Au début, la passion était là probablement mais après avoir essuyé deux ou trois mauvaises expériences, ils finissent par se lasser. Est-ce qu’aujourd’hui il y a un sentiment de ras-le-bol chez les enseignants ? Les établissements scolaires offrent-ils les conditions pour bien les encadrer ? Les jeunes, pourquoi sont-ils si violents ? Est-ce que c’est par rapport à ce qu’ils voient sur les écrans, ne distinguant pas la différence avec le monde réel ?
Il y a beaucoup de questions de fond à se poser. Il faut attaquer le problème à la base. De plus, il y a la pression sur les enfants dans la course à la réussite avec les examens nationaux PSAC, NCE, SC, HSC, ce qui ne laisse pas le temps à l’épanouissement. S’inquiète-t-on seulement de ce qui se passe chez ces enfants ?
Il faut une table ronde pour se pencher en profondeur sur la question. Ce qui m’inquiète, c’est que cela fait longtemps que nous n’avons pas eu de grand changement si ce n’est pour ajouter une nouvelle compétition à travers un nouvel examen. À quand un grand changement pour l’épanouissement de nos enfants ?

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