Un 14e mois pour compenser la perte drastique du pouvoir d’achat des consommateurs relève-t-il du rationnel/du possible dans la conjoncture? Si des syndicalistes citent le Business Pulse Survey 2023 selon lequel 98% des compagnies opèrent normalement et mettent en avant que parmi celles ayant été soutenues par le gouvernement pendant la crise du Covid-19, certaines brassent aujourd’hui des milliards, d’autres relèvent que celles-ci sont rares. La CTSP rejette l’idée d’un 14e mois en un One-Off Payment tout en soulignant les risques liés.
Pour l’économiste Takesh Luckho, compte tenu de l’inflation à 10% et la dépréciation de 36% de la roupie durant l’année, revendiquer un 14e mois de manière ponctuelle n’est pas choquant. « Maintenant que l’économie va mieux – le gouvernement a eu des revenus records cette année de Rs 137 milliards à travers la MRA – il serait juste qu’une partie soit redistribuée aux personnes vulnérables et la classe moyenne spécialement. » Il ne faut pas, dit-il, « entrer dans une démagogie pour dire que les entreprises ne pourront payer car elles ont reçu des soutiens ». Il précise que la perte sur un caddie durant l’année a été de plus de Rs 1 500. Toutefois, ajoute l’économiste, à la différence d’un 14e mois, la compensation salariale n’impacte pas vraiment l’inflation.
Si Mubarak Sooltangos, consultant en stratégie et management, consent que la compensation salariale est justifiée. Il s’oppose à la demande d’un 14e mois. « C’est bien de demander une compensation pécuniaire pour compenser l’effet Covid-19, mais dans la vie de tous les jours, chez l’ensemble des acteurs économiques, on ne fait pas de plan sur l’avenir lorsqu’on sait que les moyens financiers pour le faire n’existent pas. »
L’argument selon lequel des compagnies ont brassé des milliards de profits ne concerne que 19 entreprises et « ne reflète aucunement l’ensemble des employeurs qui seraient affectés par une telle mesure ». Il souligne : « Si ce 14e mois se matérialise, le financement par le gouvernement et par les entreprises se fera essentiellement par la création monétaire, notamment par l’endettement. A-t-on mesuré l’impact que celle-ci aura sur le taux d’inflation ? »
Reaz Chuttoo de la CTSP trouve « risquant de demander un 14e mois qui serait éphémère ». Le secteur privé ne raterait pas l’occasion de dire que s’il doit donner un 14e mois, il faudra un “trade-off” concernant la compensation et le salaire minimum. Il souligne qu’avec une compensation de Rs 1 500, un employé au bas de l’échelle bénéficiera de Rs 19 500 en un an et conservera cette somme toute l’année contrairement à un 14e mois en “one-off”. « À l’heure actuelle, la priorité est la compensation salariale de Rs 1 500 et l’augmentation du Minimum Wage. Nous ne soutiendrons jamais un 14e mois en “one-off”. Toutefois, dans notre liste de demandes pour les élections, figurera le paiement permanent du 14e mois. » Il importe, dit-il, « de changer la vie des employés à long terme et non pas de manière éphémère ».
TAKESH LUCKHO (ÉCONOMISTE) : « La perte sur un caddie a été de plus de Rs 1 500 durant l’année »
Le leader de l’opposition a plaidé au Parlement pour un 14e mois dans le sillage d’une crise qui a dépouillé beaucoup de familles de leur pouvoir d’achat. Des syndicalistes vont même jusqu’à soutenir pour qu’une telle allocation devienne permanente. Êtes-vous sensible à cette revendication qui est basée sur le calcul de la hausse du coût de la vie depuis le Covid-19 ?
Je comprends la revendication mais personnellement, je serais davantage pour un one-off payment si on devait l’introduire cette année. En effet, je comprends que cette année a été difficile car pendant deux ans et demi, l’économie du pays a connu des phases très difficiles, avec une inflation à 11% qui est passée maintenant à 10% et une dépréciation de 36% de la roupie pendant un an. Avec le Covid-19, nous avons eu des décroissances records et graduellement l’économie a repris. Il nous faut toutefois voir le contexte de la reprise.
L’économie a repris avec l’aide du gouvernement. Les autorités ont accordé au secteur privé, particulièrement au tourisme, des soutiens comme le Wage Assistance Scheme et le Stimulus Package.
Le gouvernement n’a pas utilisé que le Tax Payers Money. Au bout du compte, c’est l’argent du peuple – à travers la taxation et autres paiements comme le prix de l’essence qui est demeuré très élevé – qui a été utilisé. C’est le peuple – une grande partie de la classe moyenne – qui a eu à se serrer la ceinture pour participer à ces diverses politiques monétaires.
Maintenant que l’économie va bien et que des secteurs font très bien comme la restauration et l’Accommodation et les hôtels qui brassent des profits par milliards, je ne trouve pas choquant que les consommateurs reçoivent un morceau du gâteau. Ce n’est pas que le secteur privé et la production qui sont censés être soutenus mais les consommateurs aussi.
La classe moyenne doit également pouvoir sentir qu’elle est partie prenante de l’économie. Elle a fait des sacrifices quand il le fallait et maintenant que l’économie va mieux – le gouvernement a eu des revenus records cette année de Rs 137 milliards à travers la MRA – il serait juste qu’une partie soit redistribuée aux personnes vulnérables et à la classe moyenne spécialement.
Une telle démarche ne relève donc pas de l’impossible ?
Non. Le gouvernement a demandé à la classe moyenne de faire des sacrifices et maintenant que l’économie va bien et que le gâteau est là, pourquoi n’y a-t-elle pas sa part ?
Pour des entreprises en difficulté ou se relevant à peine de la crise, payer un 14e mois serait juste impensable…
Je suis d’accord. Il y a aussi une catégorie d’entreprises qui ont refait leur santé. Il ne faut pas entrer dans une démagogie pour dire que les entreprises ne pourront payer. Une fois de plus, ces entreprises ont reçu des soutiens.
Il y a certes des petites entreprises pour lesquelles il serait vraiment compliqué de payer un 14e mois. C’est là où les autorités devraient prendre les devants. Les entreprises brassant un chiffre d’affaires de moins de Rs 1 million ou celles qui n’arrivent qu’à sortir la tête hors de l’eau doivent recevoir une aide.
Qu’en est-il d’un 14e mois permanent comme revendiqué par certains syndicalistes ?
Cela demandera un changement. Dans le secteur privé, le 14e mois n’est pas automatique et est lié à la performance de la compagnie. Cela peut inclure la performance de l’employé, son Attendance Bonus, les clients commissions, etc.
Pour le rendre permanent, il faudrait une raison qui le justifie car c’est seulement pour un one-off payment que le gouvernement pourra intervenir en faveur des entreprises en difficulté.
Que pensez-vous de la compensation salariale de Rs 1 500 revendiquée par les syndicalistes ?
Je trouve que c’est une demande juste car la perte sur un caddie durant l’année est de plus de Rs 1 500. En effet, si on se base sur le salaire minimum de Rs 15 000 et compte tenu de l’inflation officielle de 10%, cela donne le chiffre de Rs 1 500. Mais, nous savons pertinemment bien qu’un caddie a perdu entre Rs 2 500 et Rs 3 000 durant l’année.
Comment concilier d’une part le besoin réel d’un soulagement pour les consommateurs et de l’autre la difficulté que représenterait la réalisation d’un 14e mois et d’une compensation salariale pour nombre d’entreprises ?
Chaque année, le même problème revient. Les entreprises se plaignent de ne pouvoir payer la compensation salariale. La différence avec la compensation salariale, c’est qu’elle n’impacte pas vraiment l’inflation. Ce n’est pas une augmentation mais elle est là juste pour compenser la perte du pouvoir d’achat.
Beaucoup de personnes pensent que chaque année, la compensation salariale apporte plus d’argent. Non, ce n’est pas vraiment un revenu additionnel qui permet d’acheter plus. La compensation figure dans la loi. Chaque compagnie sait déjà qu’elle doit la payer. C’est seulement le quantum qui est incertain.
Je pense qu’il faut revoir la manière de compenser la perte du pouvoir d’achat et ne pas se baser seulement sur l’inflation officielle. Il serait mieux d’avoir un observatoire des prix qui serait une institution publique et privée qui étudierait les prix pendant l’année et qui ferait des calculs pour un caddie raisonnable.
Il faut un système de calcul basé sur la perte du pouvoir d’achat et non seulement sur l’inflation et un système d’inflation Targeting où la Banque de Maurice viendrait dire le taux d’inflation attendu durant l’année. Ainsi, les entreprises sauront même si cela peut être légèrement plus ou moins. Elles sauraient quelle est la moyenne et prendraient leurs dispositions en prévoyant une augmentation selon ce taux d’inflation. Si la planification est faite en début d’année, l’entreprise n’aura pas de difficulté à payer.
En conclusion…
L’idée d’une compensation salariale de Rs 1 500 et de ce que j’appellerai un Cost of Living Allowance (14e mois en one-off) n’est pas à mon sens choquant parce que beaucoup de sacrifices ont été consentis, particulièrement par la classe moyenne. Ce serait juste que celle-ci ait aussi un morceau du gâteau. Mais le gouvernement ne pourra compenser et donner un 14e mois. Il faudra voir les modalités.
MUBARAK SOOLTANGOS (CONSULTANT) : « A-t-on mesuré l’impact sur le taux d’inflation ? »
Le leader de l’opposition a plaidé au Parlement pour un 14e mois dans le sillage d’une crise qui a dépouillé beaucoup de familles de leur pouvoir d’achat. Des syndicalistes vont même jusqu’à soutenir pour qu’une telle allocation devienne permanente. Êtes-vous sensible à cette revendication qui est basée sur le calcul de la hausse du coût de la vie depuis le Covid-19 ?
Avant d’entrer dans les détails des chiffres, examinons la nature de la philosophie qui motive une telle déclaration. Le leader de l’opposition sait bien que le pays ne peut faire face à une telle largesse, et je doute qu’il ait fait un calcul même sommaire du coût de ce 14e mois et de sa répartition sur l’ensemble des employeurs.
Il l’annonce quand même, sachant que ceci va créer une pression sur le gouvernement et procurer des votes. Ce n’est autre chose que du mercantilisme électoral. Le mal qu’il crée, c’est l’espoir qu’il suscite dans l’esprit des gens, affectés par la baisse de leur pouvoir d’achat. Bien sûr que l’ensemble des syndicats va reprendre ce refrain, qui lui donne une raison d’être en cette fin d’année.
C’est bien de demander une compensation pécuniaire pour compenser l’effet Covid-19, mais dans la vie de tous les jours, chez l’ensemble des acteurs économiques, on ne fait pas de plan sur l’avenir lorsqu’on sait que les moyens financiers pour le faire n’existent pas.
Une telle démarche ne relève-t-elle donc pas du rationnel/possible ?
Ce n’est ni rationnel, ni possible. L’argument avancé pour prétendre que les moyens de payer existent est que 19 compagnies du privé ont triplé leurs bénéfices (de Rs 13 à Rs 42 milliards) en 2023.
D’abord, cet échantillon infime de 19 entreprises ne reflète aucunement l’ensemble des employeurs qui seraient affectés par une telle mesure. Il faut compter dans ce lot toutes les entreprises, des PME aux compagnies moyennes, grandes et aussi tous les ménages qui emploient des gens de maison.
Ensuite, ce 14e mois représente 8,3% de la masse salariale des employeurs concernés. S’ils ont déjà donné à leurs employés une augmentation de salaire moyenne de, disons 5% en cours d’année, cela fait grimper le total des augmentations de salaire à 13% en un an. Est-on dans le domaine de la réalité ?
Au final, aucune dépense des entreprises, qui sort du commun et du récurrent ne se fait par les bénéfices mais par la trésorerie additionnelle (Cash Flow). Beaucoup d’entreprises ont certes augmenté leurs bénéfices, mais est-ce que cela génère réellement une trésorerie active d’égal montant ? Quid des lourdes pertes qu’elles ont subies en trois ans d’effet Covid-19 et qui ont été financées par des emprunts bancaires, dont le remboursement demande maintenant de la trésorerie additionnelle ?
Si ce 14e mois se matérialise, le financement, par le gouvernement et par les entreprises, se fera essentiellement par la création monétaire, notamment par l’endettement. A-t-on mesuré l’impact que celle-ci aura sur le taux d’inflation ?
Les syndicalistes mettent en avant le fait que l’endettement des ménages s’est accru face à la hausse drastique du coût de la vie, que derrière la richesse des entreprises, il y a la sueur des salariés et que d’après le “Business Pulse Survey 2023”, 98% des compagnies opèrent normalement.
Les syndicalistes se trompent. On ne finance pas une augmentation du coût de la vie par l’endettement ; on consomme tout simplement moins ou on consomme des produits de qualité inférieure, par contrainte.
Plus important que le niveau de l’endettement est le montant de son Servicing. L’endettement des ménages, s’il a augmenté, a été pour l’achat à crédit de biens durables (équipements ménagers) dont une grande partie, en temps normal, cette démarche aurait été financée par l’épargne qui a été érodée.
Pour mesurer l’impact du coût de l’endettement, l’indicateur le plus manifeste est l’augmentation des mensualités de remboursement des crédits logements, qui existaient déjà avant le Covid et qui, en moyenne, ont augmenté de 14%.
Cette quasi-catastrophe est l’effet de l’augmentation presque criminelle des taux d’intérêt à travers le monde dans une tentative de juguler l’inflation qui, soulignons-le, a échoué sur le plan mondial.
Que pensez-vous de la compensation salariale de Rs 1 500 revendiquée par les syndicalistes ?
La compensation salariale a certainement sa justification, et son effet sur la trésorerie des entreprises est étalé sur 12 mois, contrairement au boni de fin d’année. Mais encore une fois, on arrive à l’inévitable question de la capacité à payer.
Toute augmentation salariale crée de l’inflation, et dans une situation inflationniste, elle peut devenir ce qu’on appelle monnaie de singe si l’augmentation est vite épongée par une inflation correspondante et parallèle. C’est ce qu’on appelle « l’illusion monétaire ». Une réduction de la fiscalité, par contre, libère du pouvoir d’achat réel et n’est pas vectrice d’inflation.
Si des augmentations de salaire créent de l’inflation, elles deviennent virtuelles puisque le salarié verra très vite sa compensation lui filer entre les doigts, sans effet bénéfique, ni pour l’employeur, ni pour l’employé. Voilà pourquoi je préconise une réduction de la fiscalité directe et indirecte comme alternative qui ne crée pas d’inflation.
Comment concilier d’une part le besoin réel d’un soulagement pour les consommateurs et de l’autre la difficulté que représenterait la réalisation d’un 14e mois et d’une compensation salariale pour nombre d’entreprises ?
La difficulté des ménages à boucler leur budget et le fardeau que représenterait le paiement d’un 14e mois pour les employeurs ne sont pas factices. La solution idéale serait une compensation juste, liée à une amélioration de la productivité de la main-d’œuvre pour créer ce supplément de trésorerie qui rendra possible toute augmentation de salaires ou d’autres avantages financiers dans une Win-Win Situation.
REAZ CHUTTOO (CTSP) : « Nous ne soutiendrons jamais un 14e mois en one-off »
Le leader de l’opposition a plaidé au Parlement pour un 14e mois dans le sillage d’une crise qui a dépouillé beaucoup de familles de leur pouvoir d’achat. Êtes-vous sensible à cette revendication qui est basée sur le calcul de la hausse du coût de la vie depuis le Covid-19 ?
J’aimerais préciser que le 14e mois était déjà une revendication syndicale. Toutefois, la manière dont le leader de l’opposition l’a demandé peut être un attrape-nigaud s’il le demande en One-Off.
Dans un contexte où nous devons lutter avec le secteur privé pour avoir une hausse du Minimum Wage et une bonne compensation salariale, je trouve cela risquant de demander un 14e mois qui serait éphémère. Le secteur privé ne raterait pas l’occasion de dire que s’il doit donner un 14e mois, il faudra un Trade-Off concernant la compensation et le salaire minimum. Cela pourrait être très risquant d’entrer dans cet esprit. La CTSP a demandé une compensation minimale de Rs 1 500 pour tous les employés. En fait, elle devrait être de Rs 1 513 précisément d’après nos calculs.
Avec une compensation de Rs 1 500, un employé au bas de l’échelle bénéficiera de Rs 19 500 en un an et cela continuera toutes les années. Au niveau de la CTSP, nous faisons des revendications qui apporteront un changement dans la vie des employés à long terme et non pas pour créer une joie éphémère. Je voudrais dire au leader de l’opposition que s’il est vraiment sincère, qu’il prenne l’engagement d’amender la loi pour que le 14e mois devienne permanent s’il arrive au pouvoir.
Pouvez-vous expliciter ?
À la CTSP, nous qualifions le 13e mois de bonus scolaire car si un parent n’a pas ce 13e mois, il ne pourra acheter tout le matériel scolaire nécessaire sans compter le transport scolaire pour ses enfants à la rentrée. Ce bonus s’évapore avec ces dépenses. Ce n’est donc pas en donnant un bonus One-Off que vous réglerez le problème des gens.
Il existe deux solutions : soit on donne un 14e mois, soit on augmente le 13e mois en le faisant devenir 1/8 au lieu de 1/12 des revenus annuels du salarié. Il faut proposer des solutions qui durent dans le temps et qui puissent vraiment changer la vie des employés.
Depuis que le Local Leave est devenu remboursable, les employés n’en prennent pas pour pouvoir arrondir leur boni de fin d’année et subvenir à leurs besoins. Le boni de fin d’année n’est plus un luxe, c’est plus qu’une nécessité. Il y a eu un lobby féroce de la part du secteur privé pour diminuer le nombre de Sick Leaves, voyant que les employés en prennent mais gardent leurs Local Leaves.
Comment feraient les entreprises en difficulté ou se relevant à peine de la crise ?
Depuis que le leader de l’opposition a demandé un 14e mois au Parlement, j’ai participé à pas moins d’une dizaine de réunions en présence du patronat où il a été question précisément des salaires. Tous m’ont dit : « Si on doit payer un 14e mois, vous êtes d’accord qu’on ne pourra payer Rs 1 500 comme compensation salariale. »
C’est pourquoi je dis qu’il nous faut être prudents. Ils ont déjà vu que c’est préférable de faire un sacrifice en payant une seule fois (14e mois) et être soulagés à long terme (compensation salariale). La compensation salariale de Rs 1 500 représente Rs 19 500 par an. Le patron qui paye un salaire minimum préfère donner un 14e mois et donner juste Rs 500 de compensation. Les personnes ayant une vraie influence sur les décisions politiques m’ont dit qu’il faut que nous puissions faire un Trade-Off, ce qui me met doublement sur mes gardes avec cette histoire de 14e mois en One off.
Ce n’est pas possible que des entreprises paient et d’autres pas. Ceux qui n’ont pas de moyens doivent avoir un soutien de l’État. Aujourd’hui, il est totalement justifié que le boni de fin d’année doive augmenter. À chaque échéance électorale, la CTSP prépare une liste de demandes aux politiciens. Nous ferons des propositions sur le boni de fin d’année qui n’a plus de cachet festif.
À l’heure actuelle, la priorité est pour nous la compensation salariale de Rs 1 500 et l’augmentation du Minimum Wage (Rs 11 575 à Rs 15 000). Nous ne soutenons pas le 14e mois en one-off car cela permettrait au secteur privé de faire du marchandage par rapport à la compensation salariale. Nous ne soutiendrons jamais un 14e mois en one-off. Toutefois, dans notre liste de demandes pour les élections, figurera le paiement permanent du 14e mois.
Une augmentation au niveau des revenus n’est pas sans impact sur l’inflation qui engendrerait un cercle vicieux dans la hausse des prix…
Il est vrai que quand il y a beaucoup d’argent en circuit, il y a un effet inflationniste comme à chaque fin d’année. Ce sont aux autorités de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus. Par ailleurs, il faut éduquer les consommateurs sur la manière de dépenser judicieusement, ce que nous faisons à la CTSP avec nos membres. Il faut que le gouvernement introduise un moyen de contrôle sur les prix. Nous le demandons depuis des décennies.
Pourquoi la CTSP met l’accent sur l’augmentation de la compensation salariale et du salaire minimum et ne soutient pas un 14e mois éphémère ? Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte que Maurice est devenu un High Income Country.
Par ailleurs, notre GDP Per Capita tourne autour de Rs 536 000 avant le paiement des taxes. Il y a plus de 75% de salariés à Maurice qui ne touchent pas Rs 536 000. Cela signifie que nous avons une mauvaise distribution des salaires !
La priorité donc est d’avoir des mesures pour augmenter le salaire minimum et la compensation salariale, deux mesures les plus directes pour augmenter les salaires et non pas un bonus qui s’évaporera !