Tirs Croisés – Journée des Enseignants : retour sur la noblesse du métier

Hier, on célébrait la journée des enseignants au niveau mondial. Ce qui fait resurgir les meilleurs souvenirs liés aux enseignants dévoués. L’occasion de se rappeler la noblesse de la profession de par les multiples qualités requises pour l’exercer, sans oublier, certes, les nombreux obstacles qui découragent beaucoup de ces professionnels aujourd’hui.
Ancien ministre de l’Éducation et pédagogue, Dharam Gokhool fait ressortir les multiples qualités nécessaires pour enseigner. « Tout d’abord, il faut avoir la passion pour la connaissance ; il importe encore d’être un Lifelong Learner ; d’avoir de l’empathie et la patience ; le sens du leadership et de l’innovation ; l’intégrité et surtout être un role model pour les apprenants et dans la société ». Tout en soulignant la noblesse de la profession, Dharam Gokhool constate avec beaucoup de tristesse que « l’enseignant ne jouit plus de ce statut privilégié d’autrefois.
Le respect pour l’enseignant est en régression constante. Beaucoup sont stressés et découragés ».
Il plaide pour davantage de reconnaissance de la profession à sa juste valeur en vue d’attirer les jeunes vers le métier.
Didier Moutou, recteur du collège Bhujoharry de La-Tour-Koenig, est également d’avis qu’il importe de revaloriser le métier. C’est en des termes laudatifs qu’il parle de l’enseignement, rappelant que l’enseignant porte plusieurs chapeaux à la fois, en jouant le rôle de la mère, du père, du psychologue, de l’infirmier vis-à-vis de l’enfant.
Loin de ne transmettre que le savoir, il est là pour développer le potentiel de chaque élève. « C’est toute une personne que l’enseignant façonne. Outre les connaissances, il y a les valeurs que l’humain doit acquérir pour pouvoir être un bon citoyen. Ce qui fait la différence, c’est cette touche humaine que dégage l’enseignant pour motiver, écouter, accompagner ».
De son côté, Faizal Jeeroburkhan, ancien formateur au MIE, constate avec beaucoup de regret que «  le métier a perdu de son lustre ». Il dit se souvenir que les enseignants qu’il a côtoyés autrefois « ne détenaient pas de qualifications ronflantes telles que le Teacher’s Diploma, le BEd, le MEd, le PGCE etc. En revanche, ils avaient l’éthique, l’engagement professionnel et la volonté de prodiguer une éducation holistique adaptée à chaque élève ».
Le pédagogue nuance en reconnaissant que ces enseignants exerçaient dans un environnement scolaire moins tendu et jouissaient « de la liberté d’action dans un système éducatif moins autoritaire et répressif. De nos jours, le système éducatif est outrageusement centralisé et contrôlé laissant peu d’espace aux enseignants pour leur épanouissement professionnel ».

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DHARAM GOKHOOL (pédagogue) : « Il faut plus d’efforts pour
la reconnaissance du métier »

Ce 5 octobre est célébrée la Journée mondiale des Enseignants. Pourquoi est-ce une profession noble ? Quelles sont ces qualités chez des enseignants qui vous ont marqué dans votre jeunesse ou qui vous touchent tout simplement, et que vous aimeriez voir davantage aujourd’hui dans le métier ?

À l’occasion de la Journée mondiale des Enseignants, permettez-moi tout d’abord, de saluer tous les enseignantes et enseignants aussi bien que tous les acteurs du secteur éducatif.
En 1996, Jacques Delors, alors président de la Commission internationale sur l’Éducation pour le XXIe siècle à l’UNESCO, avait défini les quatre piliers de l’Éducation comme étant : apprendre à connaître ; à faire ; à être ; et à vivre ensemble.
Et, c’est l’enseignant qui est l’architecte de ces quatre piliers. C’est le métier de chaque enseignant de s’assurer quotidiennement que ces piliers soient solides et ce sont les enseignants qui sont en mesure d’aider l’apprenant dans son cheminement professionnel et personnel. C’est une profession noble car l’enseignant est animé par l’esprit de Sharing and Caring.
Les qualités que requiert ce métier sont multiples. Tout d’abord, il faut avoir la passion pour la connaissance ; il importe encore d’être un Lifelong Learner ; d’avoir de l’empathie et la patience ; avoir le sens du leadership et de l’innovation ; l’intégrité et surtout être un role model pour les apprenants et dans la société.

Aujourd’hui, quelle est votre observation au niveau de l’enseignement ?

Autrefois, l’enseignant était vénéré par la société. Entre l’enseignant et l’apprenant, il y avait un respect mutuel et l’apprenant se remémorait ses enseignants avec beaucoup de nostalgie. J’ai eu la chance d’avoir des enseignants exceptionnels durant tout mon parcours éducationnel.
Cependant, aujourd’hui, je constate avec beaucoup de tristesse que l’enseignant ne jouit plus de ce statut privilégié d’autrefois. Le respect pour l’enseignant est en régression constante. Beaucoup d’enseignants sont stressés et découragés. D’autres ont tout simplement raccroché et partent vers d’autres secteurs ou vont à l’étranger. Tout cela résulte en une pénurie aiguë d’enseignants. C’est une situation très préoccupante et il faut agir en toute urgence pour trouver des solutions durables.

Qu’est-ce que cela implique d’être enseignant aujourd’hui ? Quels sont les défis de l’enseignant dans la société actuelle ?

La société et le monde sont en pleine transformation. C’est l’ère de la globalisation, un monde connecté par l’internet et l’intelligence artificielle. C’est la Knowledge-Based Society.
L’obsolescence des savoirs et des compétences est bien réelle.
Selon le sociologue Alvin Toffler: « The illiterate of the twenty-first century will not be those who cannot read and write, but those who cannot learn, unlearn, and relearn ».
D’autre part, c’est un monde dominé par le phénomène dit « VUCA », qui signifie « Volatility, Uncertainty, Complexity & Ambiguity ».
La flexibilité, l’agilité et la créativité sont des conditions essentielles pour naviguer dans ce monde. Les défis pour l’enseignant sont énormes. Il doit se remettre en question bien plus souvent, revoir la pédagogie constamment, travailler beaucoup plus en réseau. Il lui faut apprendre, maîtriser et utiliser les nouvelles techniques. Il doit aussi développer son intelligence émotionnelle pour mieux gérer les problèmes professionnels et relationnels.
Le rôle de l’enseignant d’aujourd’hui est pluridimensionnel.
Bref, l’enseignant doit se réinventer pour mieux gérer les défis émergents d’aujourd’hui et contribuer à rehausser la qualité de l’éducation.

Les enseignants jouent un rôle essentiel dans le façonnement d’une société, éveillant la soif d’apprendre, inculquant des valeurs, décelant des talents cachés… Or, depuis le début de l’année particulièrement, beaucoup d’établissements d’État comme privés font face à une pénurie d’enseignants. Naturellement , les élèves qui en souffrent…

Le problème de pénurie d’enseignants est devenu un phénomène mondial. Maurice n’est pas épargnée, mais ces derniers temps, le problème s’est aggravé et les grands perdants sont les apprenants certainement. Gouverner, c’est prévoir. Les autorités compétentes doivent élaborer des stratégies à court, moyen et long terme pour trouver des solutions durables.
Une intégration intelligente des technologies nouvelles dans un modèle de Hybrid Learning pourrait aider dans une certaine mesure.
D’autre part, il faut faire plus d’efforts en matière de reconnaissance de la profession enseignante à sa juste valeur, des conditions d’emploi et l’environnement du travail pour attirer les jeunes vers le métier d’enseignant.

Les conditions d’enseignement impactent la qualité de l’éducation. Dans quelle direction tendre pour améliorer ces conditions et par là même, la qualité de l’éducation ?

Il n’y a pas de raccourci. Il faut investir pour assurer l’avenir de ce secteur clé. Sans des enseignants compétents, motivés et en nombre suffisant, l’avenir de l’éducation, et par extension de notre avenir, sera compromis.
Selon l’ancien président Nelson Mandela : « l’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde ». À mon avis, l’artisan de cette arme demeure l’enseignant. Bonne fête à tous les enseignants et enseignantes.

DIDIER MOUTOU (Recteur et enseignant): « Revaloriser la profession »

Ce 5 octobre est célébrée la Journée mondiale des Enseignants. Pourquoi est-ce une profession noble ? Quelles sont ces qualités chez des enseignants qui vous ont marqué dans votre jeunesse ou qui vous touchent tout simplement, et que vous aimeriez voir davantage aujourd’hui dans le métier ?

Nous avons un rôle primordial, qui est de forger l’individu. L’enfant grandit et nous, les enseignants, nous avons l’occasion de le façonner en lui transmettant, outre les connaissances, les valeurs que l’humain doit acquérir pour pouvoir être un bon citoyen.
Mais, la noblesse de notre profession réside dans cette mission qui nous est assignée. Nous avons le devoir de transmettre le savoir mais avant tout aussi, de développer le potentiel de chaque élève, de lui donner les outils nécessaires pour son parcours scolaire. Et, surtout, aujourd’hui, nous avons besoin de personnes qui soient capables d’avoir un esprit critique. C’est toute une personne que l’enseignant façonne. C’est une grâce de Dieu car nous continuons à développer l’œuvre de Dieu pour l’amener à son épanouissement.

Aujourd’hui, quelle est votre observation de la profession ?

Aujourd’hui, le métier est bien plus Multifaceted qu’avant. L’enseignant est entre quatre murs et a un programme à terminer. Nous devons en outre nous assurer que les enfants aient tous les éléments réunis pour terminer leur parcours scolaire. L’enseignant est aussi le conseiller, l’accompagnateur, le parent…
Nous avons aujourd’hui bien plus de parents célibataires et donc des élèves qui vivent dans des situations très difficiles. Donc, nous sommes aussi une oreille pour eux, une épaule qui va les consoler dans les moments très difficiles, surtout dans leur adolescence. L’adolescence autrefois et l’adolescence aujourd’hui, ce n’est pas la même chose.
Par ailleurs, il y a bien plus de matières à enseigner. Il y a aussi le volet technologique, psychologique… L’enseignant porte ainsi plusieurs chapeaux, pouvant à la fois être le psychologue, la maman, le papa, l’infirmier, le médecin…

Le système compétitif qui existe permet-il à l’enseignant de remplir tous ces rôles à la fois ?

Ce système a toujours existé. Que ce soit dans le domaine de l’enseignement ou ailleurs, la compétition est là. Il s’agit de pouvoir maîtriser la chose le plus rapidement possible. Les outils technologiques nous sont d’une grande aide aujourd’hui. Nous avons aujourd’hui des matériels de support pédagogique sur Internet.
Mais, ce qui fait la différence, c’est cette touche humaine que dégage l’enseignant. En effet, vous pouvez avoir toutes ces facilités, mais si vous avez quelqu’un pour vous motiver, vous écouter, vous accompagner, c’est ce qui fait la différence.

Les enseignants jouent un rôle essentiel dans le façonnement d’une société, éveillant la soif d’apprendre, inculquant des valeurs, décelant des talents cachés… Or, depuis le début de l’année particulièrement, beaucoup d’établissements d’État comme privés font face à une pénurie d’enseignants. Naturellement, les élèves qui en souffrent…

Tout manque a un impact sur les élèves. Je suis chef d’établissement mais aussi enseignant. L’être humain a toujours su s’adapter. Nous nous sommes adaptés au problème de pénurie d’enseignants.
Quand un enseignant soumet son application pour enseigner, il y a la Teaching License où il est indiqué quelles matières l’enseignant a maîtrisé jusqu’au niveau du HSC. Par exemple, moi, j’ai vu qu’il y a un enseignant qui a étudié Design & Tech et qui connaît la matière. Je lui ai demandé de faire le remplacement pour pallier le manque. Cela est toutefois plus gérable pour les Lower Grades mais s’il s’agit des Grades 11–13, là, c’est un souci. Notre souhait est que ce problème de manque d’enseignant soit chose du passé en 2024. Nous ne pouvons compromettre l’avenir de tous ces jeunes !

Les conditions d’enseignement impactent la qualité de l’éducation. Dans quelle direction tendre pour améliorer ces conditions et par là même, la qualité de l’éducation ?

L’Éducation est un secteur dynamique. Que ce soit l’enseignant, que ce soit tout le monde, nous sommes appelés à nous améliorer, nous former et être mieux informés. Je pense qu’on doit exiger davantage en termes de formation continue.
Prenons un enseignant avec 15 ans d’expérience. Il a été formé mais après 15 ans, il y a tout un changement avec de nouvelles méthodes, une nouvelle génération. Il faut donc une formation continue pour tous les enseignants et cela sera bénéfique aux élèves.
Comme je l’ai dit, le jeune d’aujourd’hui n’est plus le même que celui d’autrefois. Les deux dernières années, nous avons eu une restriction sanitaire et des cours en ligne, ce qui n’existait pas avant. Nous ne savons pas ce que nous réserve l’avenir. Nous avons toujours su s’adapter mais pour cela, il faut une bonne préparation, une bonne organisation.
Il faut qu’il y ait des consultations régulières entre les autorités et les principaux partenaires du secteur. Il ne faut pas attendre qu’il y ait un souci pour trouver des solutions. Il nous faut en amont organiser les choses. Gouverner, c’est prévoir et dans l’enseignement, il faut tout planifier. C’est un travail d’équipe. Les autorités doivent entendre ceux qui sont au four et au moulin pour transmettre le savoir à ces jeunes qui seront les prochains gouvernants.
Donc, nous avons de grands défis d’adaptation, de consultation, de concertation.

Le mot de la fin ?

Vous avez parlé de conditions d’enseignement mais il y a aussi les conditions de l’enseignant qui doivent aller de pair avec toutes les autres conditions. Il faut davantage revaloriser ce métier.
Nous avons tendance à croire que l’enseignant n’est plus ce qu’il était mais nous oublions toutes les qualités requises pour enseigner. Autrefois, l’enseignant ne devait pas être aussi polyvalent qu’aujourd’hui. Les jeunes étaient encadrés. Les familles étaient unies.
Maintenant, il y a des familles recomposées. L’enfant est parfois dans un Shelter ou chez un oncle, une tante, une famille d’accueil. Quand nous recevons ces enfants, ils ne sont pas ces enfants types de l’ancienne génération. L’enseignant doit s’adapter à cette nouvelle réalité car on le jugera sur la performance des élèves. Il faut voir l’enseignant autrement. C’est un métier noble et nous en sommes fiers.

FAIZAL JEEROBURKHAN (Ancien formateur) : « Peu d’espace pour l’épanouissement professionnel »

Ce 5 octobre est célébrée la Journée mondiale des Enseignants. Pourquoi est-ce une profession noble ? Quelles sont ces qualités chez des enseignants qui vous ont marqué dans votre jeunesse ou qui vous touchent tout simplement, et que vous aimeriez voir davantage aujourd’hui dans le métier ?

Le développement personnel et professionnel d’un individu est souvent le fruit de ses interactions cumulatives antérieures en tant qu’élève avec ses enseignants. Le développement d’un pays sur le plan social, culturel, scientifique, technologique, artistique, sportif, économique, environnemental etc. dépend en grande partie de la qualité et de l’engagement de ses enseignants. Pratiqué avec sincérité, conviction et passion, ce métier est sans doute noble.
J’ai eu la chance d’avoir des enseignants, au niveau du primaire, du secondaire et du tertiaire, qui m’ont marqué durant mon adolescence et bien après. Ils m’ont profondément inspiré, pas uniquement par leurs connaissances des matières qu’ils enseignaient mais aussi par leur personnalité, leur culture, leur sens du devoir, leur engagement, leur professionnalisme, leur humanisme, leurs valeurs morales, leur patience, leur persévérance etc. J’en profite pour saluer ces enseignants qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Malheureusement, j’ai aussi connu certains pour qui l’enseignement n’était qu’un gagne-pain et parfois même un business.
J’aurais certainement souhaité voir plus d’enseignants capables d’inspirer et de préparer avec rigueur chaque élève pour une vie d’adulte saine et productive. Le pays en a bien besoin.

Aujourd’hui, quelle est votre observation de la profession?

Je constate avec beaucoup de regret que le métier d’enseignement a perdu de son lustre et son prestige d’antan. Les causes de ce déclin sont multiples et même complexes. Les enseignants que j’ai côtoyés n’avaient pas de qualifications ronflantes telles que le Teacher’s Diploma, le BEd, le MEd, le PGCE, etc.
En revanche, ils avaient l’éthique, l’engagement professionnel et la volonté de prodiguer une éducation holistique adaptée à chaque élève. Ils respiraient l’empathie, l’honnête, la sincérité, le respect, l’équité etc. De ce fait, ils servaient de modèles aux jeunes et à la société. Cependant, ils opéraient dans un environnement scolaire moins tendu et jouissaient de la liberté d’action dans un système éducatif moins autoritaire et répressif. De nos jours, le système éducatif est outrageusement centralisé et contrôlé laissant peu d’espace aux enseignants pour leur épanouissement professionnel.

Qu’est-ce que cela implique d’être enseignant aujourd’hui ? Quels sont les défis de l’enseignant dans la société actuelle ?

L’enseignant a des devoirs et des responsabilités qui pèsent lourd sur ses épaules. Il doit transmettre le savoir qui est plutôt facile avec les facilités informatiques disponibles. Il doit aussi accompagner l’enfant à développer son savoir-faire, son savoir-être et son savoir-vivre. Il est appelé à jouer plusieurs rôles en simultané : parent, confident, psychologue, sociologue, policier, infirmier… Malheureusement, sa formation et les moyens technologiques mis à sa disposition ne lui permettent pas d’assumer efficacement ses responsabilités.
Au regard des autorités, l’enseignant d’aujourd’hui est un fonctionnaire comme les autres. Il doit subir les nombreux contrôles et les caprices de son ministère comme le transfert punitif. Il n’a pas l’opportunité d’exprimer son opinion et de faire des propositions pour le bien de ses élèves. Il est un simple exécutant qui passe une bonne partie de son temps à remplir les fiches administratives pour satisfaire la mégalomanie de la hiérarchie supérieure. Il arrive difficilement à mettre en pratique les nouvelles techniques pédagogiques qu’il a apprises en théorie pendant des années au MIE ou ailleurs. Il a toujours quelqu’un de la vieille école sur son dos pour s’assurer qu’il ne s’écarte pas des sentiers battus.
Sa formation se fait essentiellement hors de la classe et souvent, parmi plus d’une centaine d’enseignants, dans une salle de conférence où il peut difficilement interagir. Il est évalué principalement sur ses connaissances académiques qui aboutissent à des diplômes impressionnants et très sommairement sur ses compétences pratiques et professionnelles. Hormis quelques Crash Courses insignifiants, il n’a pas droit à une formation continue pour le préparer à affronter ce nouveau monde menacé par le changement climatique, la cybercriminalité, la drogue, la perte de valeurs humaines, entre autres.

Les enseignants jouent un rôle essentiel dans le façonnement d’une société, éveillant la soif d’apprendre, inculquant des valeurs, décelant des talents cachés… Or, depuis le début de l’année particulièrement, beaucoup d’établissements d’État comme privés font face à une pénurie d’enseignants. Ce sont naturellement les élèves qui en souffrent…

Les enseignants arrivent difficilement à jouer ces rôles essentiels que vous mentionnez, préoccupés qu’ils sont principalement par le pourcentage de réussite de leurs élèves aux examens académiques. Au chapitre de la pénurie d’enseignants, la sonnette d’alarme a été tirée à maintes reprises depuis 2015 par les élèves, les parents, les professeurs, les recteurs et les syndicalistes. Les autorités ont toujours fait la sourde oreille et la situation a gravement empiré.
Cette pénurie peut avoir des effets dévastateurs sur les élèves, surtout ceux et celles qui n’ont pas les moyens pour les leçons particulières. L’élève mauricien est totalement dépendant de son enseignant. Il n’a pas appris à être autonome, à s’autoréguler, à s’autoévaluer, à se motiver, à parfaire son estime de soi, à travailler en équipe, à gérer son emploi du temps, à balancer ses études et ses loisirs etc. Ainsi, en l’absence de son enseignant, il est déboussolé.

Les conditions d’enseignement impactent la qualité de l’éducation. Dans quelle direction tendre pour améliorer ces conditions et par là même, la qualité de l’éducation ?

Un enseignement efficace repose essentiellement sur un travail d’équipe incluant l’administration de l’école, les enseignants et les parents. L’école a le devoir de créer un environnement scolaire qui stimule la curiosité, la motivation et l’estime de soi. Le ratio élèves-enseignants doit être revu à la baisse.
La formation continue de l’enseignant en classe avec des mentors reconnus pour leur efficacité et leur engagement doit prévaloir. Au cours de ces trois dernières années plus d’une centaine d’enseignants ont quitté leur poste. Si cette tendance se maintient, le système éducatif se retrouvera en très mauvaise posture avec des conséquences catastrophiques pour le pays. Il faudra revoir les conditions d’emploi des enseignants, surtout celles des Supply Teachers, donner plus d’autonomie aux établissements scolaires et plus de flexibilité au niveau des qualifications des enseignants. Les autorités doivent être à l’écoute des enseignants et pas l’inverse.

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