En deux ans, le coronavirus a décimé des populations entières, paralysé le monde, forcé des populations à se confiner, séparé et déchiré des familles, a sédentarisé d’autres, tout en les privant d’activités. Cette pandémie que personne n’a vu venir a eu d’énormes répercussions sur nos vies, nos habitudes : du télétravail à un nouveau mode de consommation en passant par notre rapport avec les autres. Alors que le coronavirus poursuit son parcours destructeur et malgré les drames dans la vie des Mauriciens, il y a toutefois un côté positif qui émerge. En effet, durant cette période apocalyptique engendrant angoisses et peurs qui pèsent sur notre santé psychique, il y a eu chez certains comme une prise de conscience les poussant à revoir par exemple leur manière de consommer, ou à revoir leurs priorités, à mieux apprécier le monde qui les entoure, à apprécier les petits bonheurs sans les prendre pour acquis. Nous avons recueilli des témoignages de ceux dont la vie a pris une autre tournure et qui ont choisi de modifier leur manière de vivre… en mieux.
On se rappelle encore de ces jours normaux, heureux où l’on pouvait faire la bise, serrer ses proches et amis dans ses bras, applaudir ses artistes préférés dans une salle de spectacle, voyager sans motif impérieux, planifier et célébrer son mariage sans distanciation sociale, faire du shopping sans port le masque, voir le monde extérieur sans avoir peur, prendre le temps de respirer. Aujourd’hui, le monde semble devenu plus petit, les voyages plus rares et l’avenir, incertain. On est obligés à repenser notre vie, en espérant les jours meilleurs.
Cette crise sanitaire qui a touché tous les aspects de notre vie-famille, travail, santé, loisirs, vie amoureuse-a toutefois poussé à une réelle prise de conscience pour certains, à réfléchir à des aspects plus importants de leur vie, à regarder d’un autre point de vue ce qu’est vraiment le bonheur : les petites vacheries d’autrui semblent soudainement futiles. Ces professionnels de santé que l’on critiquait parfois injustement méritent aujourd’hui qu’on leur lève notre chapeau. Certains ont puisé dans la crise sanitaire la force de remettre leur santé sur les rails et de consommer plus sainement, plus local et plus responsable.
D’autres se sont rapprochés de leur famille, ou de la nature, de la spiritualité, se fascinant autant pour le règne végétal que pour le règne animal ou alors s’adonnent à un nouveau loisirs. Carine Fabien, 38 ans, Technical Research and Operations Manager chez Xoteam Ltd, Swati Useree Mattarooa, 32 ans, médecin généraliste, et Manon Luigi-Monty, 30 ans, psychologue clinicienne, nous en parlent…Swati Useree Mattarooa, médecin généraliste, 32 ans, Port-Louis
« Bien que la crise sanitaire est dure à encaisser pour nous tous, cette nouvelle situation a permis de retrouver les vraies valeurs. Il y a un nouveau sentiment positif d’appréciation et de gratitude, une nouvelle perspective sur tout ce que nous avons pris pour acquis depuis si longtemps : notre liberté, nos loisirs, notre travail, notre famille et nos amis. Nous avons compris qu’il y a du bonheur à profiter des petites choses dans la vie. Respirer de l’air frais et consommer de l’eau purifiée est une aubaine en soi. La nature est devenue l’une de mes passions. Loin de la foule, en compagnie de quelques proches seulement, nous nous sommes aventurés dans plusieurs endroits isolés comme les Sept Cascades, le Sophie Garden, la montagne du Morne, entre autres… Cette situation aide à établir et à comprendre des relations authentiques. Passer du temps de qualité en famille est l’une des choses sur lesquelles je peux m’attarder aujourd’hui. Chaque moment devient précieux pour mon mari et moi — nous essayons de passer du temps ensemble, que ce soit pour la cuisine ou pour d’autres tâches. Idem pour mes parents. La facilité avec laquelle nous nous sommes tournés vers une nourriture et un mode de vie plus sains. Ne pas pouvoir aller au restaurant et délaisser du même abord le junk food pour préparer et créer de nouvelles recettes me plaît beaucoup. Finalement, la sensibilisation de chacun à prendre soin de sa propre santé s’est améliorée. Nous sommes plus conscients de notre santé. Chaque fois que nous avons du temps libre, nous marchons jusqu’à la mer ou allons à la montagne. On ne peut qu’espérer que cette pandémie inculque à tous un nouveau style de vie qui leur sera bénéfique. Cela, sans oublier que nous devons respecter les strictes mesures sanitaires. »Manon Luigi Monty, psychologue clinicienne, 30 ans, Beau-Bassin
« La crise sanitaire m’a fait prendre conscience de cette transition entre ma vie d’avant et ma vie d’après. J’avais déjà découvert le plaisir de manger sainement et maintenant je cuisine plus souvent. Par ailleurs, je me suis rendue compte qu’il y a beaucoup de savoir-faire sur notre petite île. Ma façon de consommer a radicalement changé. Pour la planète et l’économie locale, je m’efforce d’acheter les produits made in Moris, écologique et si possible réalisés à la main. Je passe plus de temps de qualité avec mes proches, avec mes animaux. Mon fiancé et moi passons beaucoup plus de temps ensemble qu’avant. Je m’occupe plus de mon potager et de mon jardin. C’est quelque chose qui me procure beaucoup de plaisir. Je trouve que cette crise sanitaire m’a permis de revenir à l’essentiel. Cela m’a aussi donné envie d’aller vers l’autosuffisance alimentaire (avoir mon propre potager). Depuis le début de la crise sanitaire, je pratique le yoga trois fois la semaine. Il y a eu effectivement du positif comme dans tout. Le plus important c’est de pouvoir profiter du moment présent et de vivre la vie pleinement. Toute cette situation m’aura aussi aidé à profiter encore plus du moment présent en pleine conscience. »Carine Fabien, Technical Research and Operations Manager chez Xoteam Ltd, 38 ans, Flic-en-Flac
« J’ai profité du fait d’être en télétravail pour me remettre en forme. Dans une chambre que j’ai aménagée et transformée en salle de danse avec miroir, je m’adonne au tribal bellydancing fusion, aux danses latines comme le bachata et le kizomba. Cette activité me permet de m’évader du quotidien. J’y retrouve une forme d’apaisement. À travers la danse, j’apprends à connaître mon corps et mes limites, je découvre jusqu’où je peux aller. J’y consacre entre 1h30 à 2h par jour. Le matin, ce sont les étirements et le yoga, et après le travail, c’est le renforcement musculaire et la danse. Pour moi, cette crise sanitaire a eu beaucoup d’effets positifs sur ma vie : j’ai réalisé à quel point la vie peut être fragile. Par ailleurs, il y a eu un rapprochement entre mes parents et moi. Nous avons plus d’échanges, car nous déjeunons et dînons ensemble et profitons d’activités ensemble (karaoké par exemple). Je me suis également rapprochée de Dieu et me suis concentrée sur mes priorités, soit le développement personnel. Je mène une vie plutôt équilibrée entre mes études, la famille, le sport, la danse et la peinture. Je passe également plus de temps avec mes animaux. Je pense que lorsque la pandémie sera derrière nous, j’aurais certainement progressé dans beaucoup de domaines, comme la peinture que je pratique le dimanche, le chant le week-end et la danse. »