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TANN NU LAVWA : élans fraternels

L’aventure a débuté il y a quatre ans sous la « tonnelle » du monument Marie Reine de la Paix à Port-Louis. À l’origine : deux anciens toxicomanes Noor Mamade Peerbuccus et Parwez Rhyman, qui ont tendu la main à d’autres camarades souhaitant s’en sortir. Ils bénéficient par la suite du soutien de Sam Lauthan, travailleur social et ex-ministre. Le petit groupe est connu ensuite sous l’appellation de Tann Nu Lavwa. Depuis 2008, les membres, qui suivent un traitement à la méthadone, se réunissent régulièrement. Et durant le mois du ramadan, ceux de confession islamique observent le jeûne… Une expérience unique, forte et remplie d’humanité. Une leçon de bravoure quotidienne…
17 h 15. La capitale grouille de vie. D’un côté, les départs des bureaux et de l’autre, le quartier de Plaine-Verte, qui connaît en ce mois du ramadan une activité plus particulière que d’ordinaire. La circulation y est dense en cette dernière heure du jeûne musulman.
Ici, l’iftaar (fin du jeûne) est à 18 heures. Les habitants vaquent à leurs occupations… Les marchands de « gato de lhuil » (gato pima, dipain frir, samoussas, chanapuri, gato pom de terr, bringel, courget, zonion…), de naan, de douceurs dont les rasgulla, gulab jamun ou jalebi, et autres mets typiques du mois de jeûne travaillent à plein régime !
Au milieu de toute cette agitation humaine – on ne peut plus normale ! –, un petit groupe d’hommes s’affaire… Venant tout juste de terminer la prière de fin d’après-midi, le “Asr”, ceux déjà sur place commencent à préparer le lieu qui accueillera leurs camarades trois quarts d’heure plus tard.
Pendant que certains étalent sur le sol en bêton des tapis et des nattes, d’autres disposent sur des tables (toujours en béton), des gobelets en plastique sur des seni (grand plateau en aluminium habituellement utilisé dans les réceptions de mariage pour servir à manger). Du jus, de l’eau, du thé chaud, entre autres seront ensuite proposés.
Des assiettes, qui seront garnies de différents gâteaux, sont quant à elles posées sur d’autres plateaux. Les dattes, un élément indissociable de cette période, font bien évidemment partie du menu. En suivant le petit couloir jouxtant le lieu où le petit groupe se prépare à rompre le jeûne, on découvre une cuisine aménagée dans un petit coin. Ici, rien de luxueux : un réchaud où le charbon, devenu braise ardente, léchant une caraille dans laquelle croustillent les gâteaux qu’on retrouvera plus tard dans les assiettes.
Quelques hommes officient avec énergie autour du feu. L’un d’eux prend des ingrédients enduits d’un mélange de besan et de farine et un récipient – l’incontournable dektchi – pour ensuite les poser dans la caraille sous le regard d’Aslam, le « maître cuisinier » (voir plus loin).

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