Tamarin : une trentaine de jeunes initiés à la ravanne

Une trentaine d’élèves, garçons et filles, ont repris le chemin de La-Pointe-Tamarin Art and Music Centre après quatre ans de repos forcé par manque de moyens financiers. Et grâce à Percy Yip Tong qui a pu trouver un sponsor, Kerwin Castel et Loïc Augustin, des enfants du village, peuvent s’initier à la ravanne chaque samedi de midi à 14h.

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« Les enfants viennent les mains vides. Nous leur fournissons les instruments dont ils ont besoin. Une manière pour nous de leur donner la chance d’apprendre cet instrument qui est une composante essentielle de la musique locale et qui fut particulièrement utilisé par les esclaves qui rythmaient leurs chansons et danses nocturnes après leurs dures journées de travail sur les plantations », déclare Percy Yip Tong.

« Le centre se transforme en une véritable scène où règne une ambiance très rythmée. C’est une grande fierté de voir ces enfants découvrir de nouvelles choses », explique Jean-Yves L’Onflé qui croit que la ravanne mérite d’être valorisée. Et d’ajouter : « J’étais choqué lorsqu’un jeune m’a révélé que c’est la première fois qu’il voyait une ravanne dont la peau est tendue sur un cerclage de bois. Li dir mwa li ti krwar ki ravann fabrik avek matier sintetik. »

Le centre de La-Pointe-Tamarin, qui existe plus de dix ans, rassemblait auparavant les enfants pour leur apprendre à jouer du violon, de la flûte à bec et d’autres instruments de musique. « Nous étions forcés de cesser toutes les activités, faute de moyens pour payer les instructeurs. Notre objectif est de redonner la chance aux jeunes de maîtriser un instrument qui, depuis des années, fait partie de notre patrimoine culturel. Nos enfants ont été privés d’activités pendant plus de cinq ans faute de moyens. C’est très pénible pour nous de les voir rester sans rien faire. Ceux qui ont les moyens sont allés au conservatoire. D’autres qui n’ont pas de moyens ont dû abandonner », se désole Jean-Yves L’Onflé.

Après avoir été soutenu par des institutions privées pendant quelques années, le centre avait dû arrêter ses cours de musique, de théâtre et de danse. « Je ne comprends toujours pas pourquoi le gouvernement n’apporte pas son soutien à de telles initiatives. Le village de Tamarin regorge de talents. Il suffit de leur donner les moyens, de les encadrer, de créer des espaces pour qu’ils puissent créer. Je ne comprends pourquoi le gouvernement ne nous aide pas », se demande Jean-Yves L’Onflé qui lance un appel au ministère des Arts et de la Culture pour qu’il accorde son soutien à la Pointe-Tamarin.

Dans le domaine musical, l’école affiche un bilan positif. Non seulement a-t-elle permis à plusieurs enfants d’avoir une notion en musique, mais une dizaine d’entre eux a pu participer et réussir aux examens de la Royal School of Music.

« On n’annule pas l’école dans sa forme actuelle, mais nous permettons à l’enfant de vivre une expérience scolaire à travers le prisme artistique. Sans Pointe Tamarin, la vie de beaucoup de jeunes aurait pu basculer. Nous avons appris aux enfants à se discipliner, à se cultiver. Ils savent qu’il faut faire preuve de responsabilité », a confié Zanzak Arjoon qui dirige le centre Pointe-Tamarin avec Jean-Yves L’Onflé.

Pendant le confinement, soutient Jean-Yves L’Onflé, il n’a pas chômé. Il aide les enfants à se préparer pour participer au concours SBM Amigos Drawing and Painting qui a été lancé en novembre 2020. « Nous avons créé une plateforme où chaque enfant peut être guidé concernant les techniques. C’était amusant car ce concours de dessin et peinture donne la possibilité aux jeunes artistes d’exprimer leur talent et il y a un fort taux de participation. »

Jean-Yves L’Onflé, artiste qui avait été choisi par l’Unesco pour représenter Maurice en Afrique du Sud et qui a participé à plusieurs expositions sur le plan international, est attendu aux biennales des Seychelles l’année prochaine.

La-Pointe-Tamarin Arts and Music Centre a permis, selon Zanzak Arjoon et Jean-Yves L’Onflé, à plus d’une centaine d’enfants de s’épanouir artistiquement et de se tirer d’affaire sur le plan financier. Le centre est né d’une analyse du phénomène d’échec scolaire et ses conséquences dans ce village côtier de l’Ouest. Avec la prolifération de la toxicomanie, Zanzak et quelques amis de la localité avaient pris la décision de mettre en place une structure où l’art serait une alternative aux fléaux sociaux. Ce projet a été soutenu par deux plasticiens de Tamarin, Jean-Yves L’Onflé et Éric La Violette. « Nous avons débuté nos activités par la peinture, et nous sommes fiers parce que nos enfants ont remporté plusieurs concours au niveau national. »

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