Stress hydrique — Rajesh Bhagwan : « Précipitations en baisse de 104 mm par an depuis 1950 »

Les précipitations annuelles ont diminué de 8%, soit environ 104 mm par an depuis 1950. C’est ce qu’a déclaré, hier, à l’hôtel Labourdonnais, le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan, lors d’un atelier d’une demi-journée sur le Climate Change Report for Mauritius de la Banque Mondiale.

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« Nous traversons l’un des épisodes de stress hydrique les plus graves. Le niveau de la mer à l’île Maurice augmente de 4,7 mm par an et une hausse d’un mètre est prévue d’ici la fin du siècle. La température de la surface de la mer augmente, ce qui entraîne le blanchissement et la perte de coraux pouvant atteindre 60% dans certains lagons et une baisse significative des captures de poissons », a affirmé le ministre de l’Environnement.

Le rapport de la Banque mondiale apporte un éclairage sur les défis climatiques auxquels l’île Maurice est confrontée et identifie les opportunités de financement climatique pour mobiliser des ressources, entre autres, « afin d’apporter des solutions pour la mise en œuvre d’un programme de développement et de changement climatique. »

Comme de nombreux pays en voie de développement, Maurice se trouve en première ligne de la crise climatique. « Elle est confrontée à des défis considérables alors qu’elle contribue à moins de 0,01% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et qu’elle n’a aucune responsabilité historique dans cette crise. Malheureusement, la trajectoire des tendances climatiques futures à l’échelle mondiale laisse présager une escalade inquiétante de ces impacts pour tous, et en particulier pour les petits États côtiers comme Maurice », a fait ressortir le ministre de l’Environnement.

Rajesh Bhagwan a poursuivi en soulignant que ces dernières années, le pays a été confronté à des phénomènes météorologiques de plus en plus fréquents et intenses, entraînant des pertes en vies humaines et en biens. « Les fortes pluies et les inondations sont malheureusement suivies d’épisodes de sécheresse cycliques. L’évolution des conditions climatiques affecte les cycles de culture et la production agricole devrait diminuer de 30% d’ici 2050. Ces événements peuvent, dans un avenir très proche, devenir encore plus drastiques, nous obligeant à revoir nos priorités de développement et à considérer la sauvegarde de la vie et des moyens de subsistance de nos citoyens comme la question la plus urgente », fait-il ressortir.

Le gouvernement, a mis en exergue le ministre, s’est engagé à dissocier la croissance économique de l’utilisation des combustibles fossiles afin d’atteindre l’objectif de 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de 60% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique, d’ici à 2030. « Notre stratégie nationale d’atténuation du changement climatique et notre plan d’action se concentreront sur la décarbonisation des secteurs de l’énergie, des transports, de l’industrie manufacturière, de l’agriculture et des déchets. Nous souhaitons stimuler les investissements dans les technologies des énergies renouvelables telles que l’énergie solaire mais aussi adopter des technologies innovantes », indique-t-il.

Rajesh Bhagwan avance que le pays doit également « évoluer efficacement » vers une économie circulaire et favoriser l’adoption de pratiques d’efficacité énergétique et de conservation dans l’industrie, le secteur des services et dans les ménages. « Nous avons besoin de solutions technologiques climatiques durables pour améliorer la mise en œuvre de nos programmes d’atténuation et d’adaptation, construire des infrastructures résilientes au climat pour réduire les dépenses liées aux pertes et aux dommages causés aux infrastructures, exploiter le potentiel de l’économie océanique pour fournir des moyens de subsistance alternatifs aux communautés côtières et adopter des techniques agricoles intelligentes et résilientes au climat pour assurer la sécurité alimentaire, sans mettre à rude épreuve nos ressources en eau limitées », affirme-t-il.

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, des financements, des transferts de technologie et un renforcement des capacités seront nécessaires pour mettre en œuvre des projets coûteux d’adaptation et d’atténuation du changement climatique. « L’île Maurice s’engage à mettre en place et à améliorer les cadres nécessaires pour garantir des flux financiers durables, la transparence et la bonne gouvernance. Dans ce contexte, je voudrais lancer un pressant appel à la Banque mondiale pour qu’il envisage de soutenir la mise en œuvre de mesures significatives couvrant l’ensemble des domaines de l’atténuation, de l’adaptation et des pertes et dommages à Maurice », s’est-il appesanti.

Plus précisément, la Banque mondiale, a déclaré Rajesh Bhagwan, pourrait accroître son soutien financier pour répondre aux besoins d’adaptation, qui devraient atteindre environ USD 1,5 milliard d’ici à 2030. « Cela pourrait inclure la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature à haute intégrité le long de la zone côtière, un programme de connectivité entre l’eau, l’alimentation et l’énergie, une agriculture intelligente face au climat, entre autres. Nous disposerons de stratégies d’adaptation concrètes et d’estimations plus précises une fois que notre plan national d’adaptation sera formulé et qu’un plan d’investissement sera prêt à être mis en œuvre », dit-il.

Pour sa part, Dhaneswar Damry, Junior Minister aux Finances, a invité la Banque mondiale à ne pas se fier uniquement au PIB comme critère pour financer des projets liés au changement climatique. La Banque Mondiale devrait davantage se focaliser sur la vulnérabilité des petits pays, a-t-il dit. Il a invité le secteur privé à participer aux projets visant à atténuer le changement climatique. « Afin d’avoir la confiance du public, une équipe économique a été mise sur pied sous le leadership du Premier ministre, Navin Ramgoolam. The Prime Minister Economic leadership succeeded in maintaining our credit rating with Moody’s despite inheriting the catastrophic economic situation from the previous government », maintient-il.

Lors de cet atelier d’une demi-journée, les points saillants du rapport de la Banque mondiale ont été présentés par Anna Bucher, Senior Climate Change Specialist, en présence de Sjamau Rahardja, World Bank Resident Representative.

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