Un nouveau cas de maltraitance animale suscite l’indignation à Flic-en-Flac. Un jeune chien en détresse, découvert mardi dans l’enceinte d’un hôtel par un couple allemand, est mort quelques heures après une tentative de sauvetage. Alors qu’un vétérinaire suspectait un empoisonnement, une bénévole locale a tenté de déposer une plainte pour permettre une nécropsie et déterminer les causes exactes du décès. Mais les forces de l’ordre ont refusé d’enregistrer la plainte, arguant que l’animal était un « stray » et que des procédures différentes s’appliquaient. Face à cette inaction, le ministre Arvin Boolell, a vivement critiqué la police : « Elle n’a pas pris en considération la loi sur la protection des animaux. Ils n’ont pas été à la hauteur. »
Un manque de formation dénoncé
En 2023, le Directeur des Poursuites Publiques, Rashid Ahmine, avait pourtant donné des instructions claires au commissaire de police pour renforcer la sensibilisation des forces de l’ordre à la Animal Welfare Act, afin de sanctionner efficacement les infractions. Malgré ces directives, plusieurs cas similaires ont été rapportés, où des bénévoles et ONG se sont vu refuser l’enregistrement de plaintes liées à la maltraitance animale.
La Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW) a également été alertée de l’incident de Flic-en-Flac et a confirmé que dans une telle situation, surtout avec le pays sous alerte cyclonique de niveau 3, la police aurait dû prendre la plainte et organiser la nécropsie.
L’absence de réaction des autorités relance le débat sur la création d’une unité spécialisée dans la protection animale au sein des forces de l’ordre, un souhait exprimé depuis longtemps par les ONG locales. Une telle initiative permettrait d’assurer un suivi efficace et d’appliquer la loi avec rigueur, comme cela se fait dans plusieurs pays.
Vers une police spécialisée ?
En Australie, la RSPCA dispose d’enquêteurs qui collaborent avec la police pour traiter les cas de cruauté animale. Au Royaume-Uni, la RSPCA travaille directement avec les forces de l’ordre pour enquêter sur les infractions, alors qu’en Allemagne, certaines villes ont intégré des unités dédiées à la protection des animaux au sein de la police. De même, au Pays-Bas, la police néerlandaise collabore avec des organisations spécialisées pour assurer le respect des lois sur le bien-être animal. La police mauricienne devrait leur emboîter le pas…
Une réforme nécessaire
L’incident de Flic-en-Flac met en lumière les lacunes persistantes dans l’application des lois de protection animale à Maurice. En 2023, le DPP Rashid Ahmine avait insisté sur la nécessité de former les policiers et les magistrats pour garantir une meilleure prise en charge des infractions contre les animaux.
Aujourd’hui, le refus d’enregistrer une simple plainte pour un cas suspect d’empoisonnement soulève des questions sur la volonté réelle des autorités d’appliquer les lois en vigueur. Arvin Boolell, en dénonçant cette situation, remet sur la table la question de la responsabilité de la police et de la nécessité d’une réforme structurelle pour protéger efficacement les animaux à Maurice.