Sondage Afrobarometer : L’indice de confiance dans la police en chute libre

Treize points favorables de moins depuis 2014 pour la force policière, seuls 46% des sondés se disant satisfaits des Casernes centrales Les trois maux au sein de la police relevés par Afrobarometer début 2022 sont la méfiance, la corruption et le favoritisme

Indépendamment des enregistrements vidéo avec des scènes de torture et d’acte de barbarie, l’image de la police au sein de la population souffre d’un énorme déficit et est en chute libre depuis 2014. C’est ce qu’indique l’Afrobarometer Dispatch No 526, rendu public, vendredi, avec l’indice de confiance dans les Casernes centrales n’étant que 46%, soit moins d’un sur deux, contre 59% en 2019.

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Analysant les données recueillies auprès d’un échantillonnage de quelque 1 200 adultes en mars 2022, soit bien avant l’épisode des vidéos contenant des scènes de torture, le tandem Amédée Darga et Nazrana Hurroo souligne que les trois principaux maux minant la force policière demeurent la méfiance, la corruption et le favoritisme.

Dans la conclusion, Afrabarometer met l’accent sur le fait que la perception de la population sur la police constitue « a major challenge for the government, whose performance rating on reducing crime continues to be abysmal ». Résumant les principales conclusions de ce sondage, Afrobarometer relève que moins de la moitié des Mauriciens, soit 46%, font preuve de confiance à la police, soit une baisse de 13 points depuis 2014, année de l’installation du gouvernement dirigé par le MSM.

Un adulte sur quatre croit fermement que des membres de la force policière sont corrompus et deux sur trois, soit 67%, qu’elle est engagée d’une façon ou d’une autre, dans des pratiques de Graft. Moins d’un sur deux, soit 45%, accuse des policiers d’être impliqués dans des activités criminelles. Deux sur trois (64%) sont d’avis que les policiers font des contrôles de routine de véhicules sans aucune raison valable. Et que plus d’un sur deux (58%) fait usage de force excessive face à des situations de contestation et 63% quand ils ont affaire à des criminels. Seulement deux sur cinq (42%) reconnaissent que des policiers agissent de manière professionnelle dans le respect des droits de l’individu. Par contre, trois sur cinq regrettent que la police « get figir » au lieu d’agir de manière neutre.

Un point extrêmement positif est qu’une grande majorité, soit 88%, considère que la police prend très au sérieux des cas de “gender-based violence”. Encore trois sur cinq sont d’accord avec l’intervention des forces de l’ordre au chapitre des “public health mandates”, comme lors de la pandémie de Covid-19 même si depuis, la note positive à ce chapitre a dégringolé de 16 points, passant de 78 en 2020 à 62% en 2022. Un citoyen sur quatre déclare avoir des inquiétudes au sujet de la sécurité dans son quartier. Et un sur cinq accorde au gouvernement des “full marks” dans la lutte contre la criminalité vu qu’Afrobarometer déclare que « only 21% of respondents say the governmenet is doing a good job of reducing crime ».

Pour ce qui est de l’indice de confiance, le sondage révèle que la police est invariablement créditée d’un même “rating”, soit de 13% seulement entre hommes et femmes alors que dans les régions rurales, le taux est de 16% contre 10% dans les villes. Pour ceux âgés dans la fourchette d’âge de 18 à 44 ans, le taux de satisfaction dépasse rarement les 10%, soit 7% pour ceux âgés de 18 à 24 ans, 9% pour ceux âgés de 35 à 44 ans et 11% pour la tranche de 35 à 44 ans. Par contre, la police réalise son meilleur score de satisfaction, soit 23%, parmi les Mauriciens de 65 ans et plus.

Au titre de la corruption, la conclusion d’Afrobarometer est sans appel : « An overwhelming majority believe that there is corruption in the police force. One-fourth (24%) of respondents believe that most or all police are corrupt, while two-thirds (67%) say that some police officials are involved in corruption. »

La perception de la corruption dans la police est sensiblement la même dans les régions rurales et urbaines, soit de 23% et de 24% respectivement. Elle est encore aussi prononcée, soit 27/28%, chez des Mauriciens, âgés de 18 à 44 ans.
Une autre tare sociale qu’aura à gérer la force policière concerne le favoritisme avec un indice de 63/64% dans les villes aussi bien que dans les villages. Et de 70% parmi les jeunes de 18 à 24 ans. La performance à ce titre amène Afrobarometer à souligner que : « Mauritians score their police poorly on their autonomy as a neutral body. More that six in ten citizens (63%) say the police favour people, parties, or interests, while only 34% believe that the police perform their duties as a neutral bidy, guided by law. »

En tout cas, avec l’épisode de la clé USD et des vidéos avec des scènes de torture, remontant à 2020, même ce n’est nullement une première vu les antécédents de 2018 et de 2020, la police ne peut compter sur « a large reservoir of public trust and goodwill to draw on ».

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