Victoria Station Ltd avait la responsabilité de transformer la gare routière en un terminal moderne d’utilité publique, qui s’inscrit dans le cadre de la régénération urbaine de la capitale. Elle semble avoir réussi son pari, du moins en ce qu’il s’agit de la phase 1 du Victoria Urban Terminal (VUT), qui a fait l’objet d’un soft lauching vendredi dernier. Ce lieu, qui conjugue histoire et rénovation du patrimoine, fait indéniablement un bond vers la modernité. Le promoteur, de concert avec les enseignes qui ont pignon sur rue, a pris le soin d’intégrer harmonieusement son concept à l’architecture du 18e siècle du bâtiment en pierre taillée, qui a accueilli jadis la Central Railway Station. Les visiteurs semblent avoir été conquis. Nicolas Vaudin, de Victoria Station Ltd, confie que « nous sommes fiers de pouvoir contribuer à cette nouvelle étape du développement de la capitale. »
Après deux ans de travaux, le VUT était entré en opération le 26 mars, avec le débarquement des passagers des autobus avant le début des opérations d’embarquement hier. À la lumière des témoignages de voyageurs, la transformation de l’ancienne gare Victoria, qu’ils qualifient de désuète, en un terminal moderne s’avère être une totale réussite. Ils sont d’autant plus impressionnés qu’il les protège des intempéries. « Il n’y a pas photo. Cette gare méritait vraiment une métamorphose et je pense que les promoteurs ont brillamment réussi leur pari. Voyez par vous-mêmes comment on s’y sent à l’aise et protégé des averses », confie Feroz, qu’on a rencontré vendredi en compagnie de son épouse et de ses deux enfants qui ont découvert, comme d’autres milliers de visiteurs, les contours de ce nouveau joyau de la capitale qui a coûté Rs 1,9 milliard.
Convivial, chaleureux et moderne sont les mots qui reviennent en boucle dans la bouche des gens qui ont bravé le mauvais temps pour découvrir les nouvelles enseignes et bureaux du VUT.
Rs 300M
Serait-ce parce qu’on est en fin de mois, mais il n’en demeure pas moins que les grandes enseignes de vêtements, à l’instar de Quicksilver et Aurélia, ont été prises d’assaut lors de ce soft launching, au même titre que les fast-foods ou encore les magasins d’électroménager. « Après le Caudan, je pense que c’est une bonne chose qu’on puisse avoir, dans la capitale, un endroit qui allie la modernité et l’architecture coloniale, mais qui va aussi permettre aux gens de prendre un bon bol d’air frais », soutient Julien.
Le bâtiment de la NTA rénové au coût de Rs 300 millions, en pierre taillée, qui a connu l’époque des trains peu après 1864 jusqu’au démantèlement des voies ferrées à la fin des années 1950, reflète parfaitement cette fascinante incursion dans le génie architectural de l’époque coloniale. Classé patrimoine national en 1988, l’édifice, qui était connu comme la Central Railway Station, retrouve un second souffle après une restauration exemplaire qui en a sauvegardé son cachet historique. On a eu toutes les peines du monde à mettre la main sur un témoin des grandes heures des locomotives à vapeur débarquant et embraquant les passagers à cet endroit, avant de rencontrer Paule, 73 ans. Accompagnée de son petit-fils de 12 ans, elle n’avait pas remis les pieds dans la capitale depuis trois ans. « C’est avec une grande émotion que je retrouve ce bâtiment. Mo resi trouv li repran la vi avan mo mor. »
« Une très grande émotion »
Des souvenirs lui reviennent à l’esprit : « Ma mère me tenant fermement la main avant d’entrer dans le train où le garde qui marchait, muni d’un pavillon vert et d’une cloche, à l’avant de la locomotive. Sa rénovation est une totale réussite. » Si le paysage n’est pas tout à fait le même que celui des histoires de sa grand-mère, le petit-fils de Paule apprécie les lieux. « J’ai regardé d’anciennes photos de l’édifice. La structure est non seulement préservée, mais elle est entourée d’arbres, de plantes exotiques et de bancs qui permettront au visiteur de contempler les lieux en famille. Certainement que je reviendrai faire un tour, avec ma grand-mère, encore une fois, je l’espère. »
À noter que Christophe Le Roux, un citoyen qui consacre son temps libre à la valorisation du patrimoine, a adressé une lettre au Premier ministre, Pravind Jugnauth, et au promoteur du projet, dans laquelle il leur demande « to use the name “Central Victoria Urban Terminal” instead of “Victoria Urban Terminal as a matter of fact, the original name of the station was “Central Victoria Railway Station. » Il plaide également « to set up within the terminal, the original Queen Victoria monument which was initially found in a strategic area of the railway station. »`
Un contraste saisissant
C’est bien beau d’avoir redonné ses lettres de noblesse à cette adresse emblématique de l’histoire contemporaine du pays, et nul doute que le VUT a de nombreux atouts pour surprendre et charmer ses visiteurs. Mais le fait est que juste en face du site, l’état de la rue Dumas laisse à désirer. Des trous béants auxquels on ajoute des gonflements parsèment ce lieu très fréquenté qui abrite aux trois quarts un ensemble d’emplacements commerciaux. Le constat est saisissant, et il y a fort à parier qu’il en sera de même en matière de propreté des deux sites. La mairie de Port-Louis devrait sérieusement se pencher sur cet item lors du prochain conseil.