Sécurité alimentaire : Les promesses de la Smart Agriculture confirmées

La SG, Jacqueline Sauzier : « Une belle réussite de collaboration entre Maurice et La Réunion »

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Le MRIC : « Maurice est en tête de liste des pays qui ont utilisé le plus de pesticides, selon les données de 2018 »

La Chambre d’Agriculture a organisé une demi-journée de présentation sur le projet Smart Agriculture déployé ces dernières années, mais ayant accusé un certain retard à cause de la pandémie. La Smart Agriculture représente l’agriculture de demain, celle qui évolue en réduisant au maximum les intrants chimiques, afin de préserver la santé des humains et la richesse des sols. C’est aussi la nécessité de produire davantage localement afin de s’assurer une meilleure sécurité alimentaire pour les Mauriciens, avec des produits sains qui ne mettront pas en danger leur santé.

Faisant un premier bilan de ce projet, Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture, a expliqué que le projet se poursuivra jusqu’en 2023, grâce à l’aide de l’Union européenne.

« Le projet a été clôturé en décembre 2021 et aujourd’hui nous sommes en présence des résultats qui sont positifs. Cela prouve que nous pouvons produire mieux et différemment pour sauver notre agriculture de demain. Mais nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin; il faut faire la démonstration que ce projet est possible et viable économiquement », affirme-t-elle.

Jacqueline Sauzier fait un plaidoyer en faveur de la Smart Agriculture, un projet qui lui tient à cœur, dit-elle. « Il n’y avait pas beaucoup de publications et travaux sur les pesticides et la Smart Agriculture, mais nous avons fait une première cartographie, qui a été le point de départ du projet, avec 300 planteurs représentatifs de ce qui est produit à Maurice. Nous avons fait ce constat en 2015. Je tiens à remercier la MRIC pour son soutien, sans oublier le FAREI (Food and Agricultural Research and Extension Institute) et le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) de la Réunion pour leur collaboration », ajoute-t-elle. Il fallait vraiment initier un changement dans l’approche à l’agriculture et la Chambre d’Agriculture a pu bénéficier du soutien de l’Union européenne, à travers Région Réunion. Elle est d’avis que ce projet est une « belle réussite de collaboration entre nos îles ».

Sensibiliser les planteurs

Theesan Bahorun, directeur du Mauritius Research & Innovation Council, qui rappelle que le projet Smart Agriculture vise à réduire l’usage de pesticides et herbicides en agriculture vivrière, explique que selon la Food & Agriculture Organisation (FAO), « Maurice est en tête de liste des pays qui ont utilisé le plus de pesticides, selon les données de 2018 », avec une hausse de 22% sur les trois dernières années.
Abordant les effets nocifs des produits chimiques sur l’organisme humain et sur les sols, il affirme qu’il est primordial d’identifier des techniques pour réduire l’utilisation des pesticides et sensibiliser les producteurs à la pratique de l’agriculture raisonnée. D’ailleurs, la sensibilisation des planteurs est selon lui, une « composante cruciale » dans le succès de ce projet.

Cannabis et nutraceutiques

Theesan Bahorun a rappelé les autres projets sur lesquels travaille le MRIC, dont la tenue des Assises de la recherche et de l’innovation en avril dernier, soulignant que Rodrigues sera également partie intégrante de ce projet; d’ailleurs, une délégation du MRIC se rendra bientôt à Rodrigues à cet effet.
Il a également évoqué le projet d’introduire des nutraceutiques à Maurice et le rapport du MRIC sur le cannabis médical « qui a été accepté par le gouvernement », ajoutant qu’un projet « va débuter incessamment à l’hôpital Victoria » concernant le cannabis médical.

Massimiliano Messi, Chargé d’Affaires à la Délégation de l’Union européenne à Maurice, rappelle que le premier enseignement de la pandémie, c’est de pouvoir assurer la sécurité alimentaire. Dans un contexte de hausse de prix des produits alimentaires de base, « Maurice est particulièrement vulnérable aux situations de prix sur les marchés internationaux, avec l’urgence d’être autosuffisant le plus possible. »
Il note que le discours du budget a proposé une série de mesures pour stimuler la production locale de fruits et légumes. Il a souligné que l’Union européenne accompagne Maurice, notamment pour soutenir la production et la recherche de nouvelles techniques, surtout face au changement climatique, avant de conclure que la pandémie devrait être une opportunité de promouvoir un nouveau modèle agricole, pour atteindre l’autosuffisance tout en protégeant les ressources naturelles.

Efforts concertés

Micheline Pillay, directrice du FAREI, s’est réjouie de l’objectif commun avec la Chambre d’Agriculture qui est la réduction des produits chimiques dans le monde agricole : « C’est important que nous ayons des efforts concertés pour gagner cette difficile bataille. Car après des années et des années d’utilisation de pesticides, la qualité du sol à Maurice a été sévèrement affectée. Et ce sera très dur de remonter la pente mais nous devons nous y atteler dès maintenant. » Elle a expliqué que le FAREI met l’accent sur le bio-contrôle, soit l’utilisation de méthodes biologiques pour le contrôle des insectes et des maladies. L’organisme travaille déjà sur des bio pesticides.

La directrice a ajouté que maintenant que le Food Bill a été voté, « il faudra s’assurer que les consommateurs puissent avoir des produits sains. » Micheline Pillay a affirmé que le FAREI est de plus en plus sollicité pour des demandes de formation « mais nos capacités sont limitées. » Elle salue la dernière annonce dans le budget, qui permettra au centre de formation de disposer de nouvelles salles à l’étage ; il sera donc en mesure de donner davantage de cours et des formations plus approfondies également.

Intervenant sur la question de chanvre industriel, elle souligne que le FAREI a eu la responsabilité de démarrer un projet pilote, que « les semences sont déjà là », que la structure pour faire des essais est en train d’être construite, et qu’un gros budget sera consacré à l’aspect sécurité de cette culture.

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