Sécheresse : Le père Goupille souligne l’aspect sacré de l’eau

Le président du Conseil des Religions exhorte à éviter tout gaspillage

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Alors que la sècheresse dans le pays inquiète, le père Philippe Goupille, président du Conseil des Religions, met l’accent sur la portée sacrée de l’eau dans les diverses religions. Il invite les citoyens à éviter le gaspillage de cette ressource naturelle essentielle à notre survie.

« L’eau est d’une importance capitale pour la vie de la nature comme pour la vie humaine. D’après la Bible, dans le récit de la création, après avoir séparé la lumière des ténèbres, Dieu sépara les eaux de la masse qui deviendra la terre. Faut-il rappeler que l’eau occupe encore 70% de la surface de la planète ? » fait ressortir le père Goupille. Il ajoute que l’homme a toujours eu besoin de se purifier physiquement et moralement et qu’il s’est toujours servi de l’eau pour purifier son corps. Dans toutes les religions, indique le prêtre, l’eau est devenue un moyen de purification spirituelle.

Prenant l’exemple du bouddhisme, il dira que l’eau est considérée dans cette religion comme une source de vie symbolisant la pureté, la clarté et le calme. « Certains bouddhistes utilisent aussi l’eau à des fins cérémonielles.  L’eau est purifiée en récitant des mantras puis en soufflant dessus, l’eau est utilisée pour les bénédictions. Soulignons que le Bouddha a toujours exhorté ses fidèles à respecter les ressources naturelles dont nous dépendons tous et à utiliser l’eau sans la gaspiller », dit-il.

Dans l’hindouisme, poursuit le président du Conseil des Religions, l’eau revêt une profonde signification spirituelle et symbolique. « L’eau est considérée comme purifiante à la fois physiquement et spirituellement et fait partie intégrante de divers rituels et pratiques. En Inde, toutes les rivières sont considérées comme divines et personnalisées en tant que divinités féminines car, comme les mères, elles nourrissent la vie. Les fleuves les plus célèbres sont le Gange, la Yamuna et le Saraswati. Le Gange est le plus vénéré de ces fleuves. Se baigner dans ces rivières purifie des péchés et accorde la libération du cycle de la vie et de la mort. À Maurice, aussi les plans d’eau sont souvent le théâtre de fêtes religieuses. À l’occasion du Maha Shivaratree, des milliers de personnes se rendent au Ganga Talao pour récupérer l’eau sacrée à offrir au Dieu Shiva. » Il précise en outre que les dévots tamouls, à l’occasion de la fête Cavadee, prennent un bain avant de se rendre au korvil.

« L’eau symbolise également l’écoulement du temps qui ne s’arrête jamais et emporte tout ce qui est lié à la temporalité de la vie, soit la nature éphémère de l’existence. Nous pouvons dire en conclusion que l’eau dans l’hindouisme est bien plus qu’une substance physique : c’est une entité divine qui soutient et purifie la vie mais nous rappelle son caractère temporel et passager », indique le Père Goupille.

Pour ce qui est de l’Islam, là encore, continue-t-il, l’eau est une ressource précieuse à la fois dans la vie et dans la pratique de la religion. « Donner de l’eau à quelqu’un est considéré comme un grand acte de charité. Selon le Saint Prophète « la meilleure forme de charité est de donner de l’eau à quelqu’un. Mais le Saint Coran invite aussi à ne pas gaspiller l’eau car Allah (SWT) n’aime pas les gaspilleurs. »

Chez les Ba’hais, ajoute le père Goupille, l’eau est essentielle à la vie elle-même, d’où son symbolisme spirituel. « La foi Ba’haie rappelle l’importance de l’eau dans l’Évangile de Jean 3.5 « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». La foi Ba’haie cite aussi le Coran 25.50 « et de l’eau pure nous envoyons du ciel ». Ainsi, pour Philippe Goupille, il est clair que les enseignements qui viennent de Dieu sont comme des « averses de miséricorde divine, elles purifient le cœur humain. Dans la foi Ba’haie également certaines prières doivent être précédées d’ablutions. »

L’eau ne revêt pas une importance moindre dans le christianisme où, dans l’Ancien Testament, Dieu, montre le père Goupille, sépare l’eau de la terre ferme et en fait un élément primordial dans l’œuvre de la création. « Dans la Bible, l’eau est une puissance de vie et peut-être aussi une puissance de mort. Nous pensons ici à ces inondations qui ravagent certains pays et emportent même la vie humaine. Dans le Nouveau Testament, nous voyons cette puissance destructrice de l’eau qui est calmée par Jésus dans la tempête apaisée ». Il fait ressortir que le Nouveau Testament souligne aussi, comme dans les autres religions, l’importance de l’eau comme source de purification. « Mais cette purification dans l’eau doit aussi être accompagnée par une conversion intérieure du cœur. C’est ainsi que l’on voit Jean Baptiste prêcher un baptême de conversion en plongeant les fidèles dans l’eau du Jourdain. Jésus lui-même s’est plié à ce rite de la purification par l’eau dans le Jourdain mais Jean Baptiste prend bien soin de préciser que Jésus est venu apporter une autre dimension au Baptême de l’Eau. Dans le christianisme le baptême par l’eau constitue l’étape d’entrée dans la vie chrétienne mais elle doit être absolument complétée par le baptême dans l’Esprit, qui, seul, peut opérer la conversion intérieure et la purification.»

Au cours de la messe catholique, ajoute-t-il, le prêtre purifie ses mains avant de consacrer l’hostie en disant « lave-moi de ma faute Seigneur, purifie-moi de mon péché ». « Notons aussi que chaque fidèle en entrant dans l’église se rappelle de son baptême et se purifie avec l’eau du bénitier ».

À travers ce survol de l’importance de l’eau dans les différentes religions, le père Goupille entend sensibiliser les citoyens mauriciens à l’importance du respect de l’eau que nous recevons chaque jour et à apprendre à éviter de la gaspiller, particulièrement en cette période de sècheresse.

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