Dhaneshwar Damry, ministre délégué aux Finances, explique que cela fait 15 ans que le Premier ministre, Navin Ramgoolam, s’est engagé en faveur du développement durable, notamment via le projet Maurice Île Durable. « Nous avions beaucoup d’espoirs et d’ambitions. Aussi, nous avons été très déçus de voir que le précédent gouvernement n’a pas continué sur cette voie. Le projet Maurice Île Durable a été mis dans un tiroir. En dix ans, les progrès n’ont été que timides; bien insuffisants par rapport aux ambitions », dénonce-t-il.
Par ailleurs, il déplore que la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique soit passée de 22% à 17%. « La gestion environnementale des crises, telles que celles du Wakashio, a fait du tort à notre image. C’est grâce à la vigilance de la société civile, à la vigilance de nos partisans que des projets destructeurs ont été stoppés afin de protéger notre environnement, » poursuit le Junior Minister, qui intervenait lors de la conférence Cap sur la finance durable, organisée par l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne et Business Mauritius.
Le ministre délégué aux Finances a affirmé que les défis sont gigantesques et que le gouvernement souhaite donner un coup d’accélérateur à la transition énergétique. Ce qui implique d’augmenter la quantité d’énergie renouvelable produite; de l’augmenter dans une proportion plus grande que la croissance, car la croissance nous demande de produire toujours plus d’énergie. « En parallèle, la crise de l’eau qui sévit actuellement nous rappelle cruellement quelles sont les priorités des Mauriciens. Nous ne pouvons prétendre être un pays développé si les robinets sont à sec. 24-sek ! » estime-t-il.
Plus que jamais besoin de financement
La transition énergétique, la remise en état des infrastructures de service d’eau… tout cela requiert des investissements massifs. « Nous avons plus que jamais besoin de financement. C’est pourquoi nous nous réjouissons de voir l’AFD toujours engagée à nos côtés », ajoute-t-il. Le Junior Minister avance que Maurice est pénalisé sur la scène internationale, malgré les défis colossaux.
« En tant que membre influent du groupe des Petits États insulaires en développement, nous n’avons eu de cesse de démontrer comment nous étions vulnérables. L’érosion de nos côtes, les risques de cyclones et d’inondations sont autant de menaces que nous devrons affronter », fait-il ressortir. Il lance un appel aux agences de développement comme l’AFD, « pour nous soutenir dans notre diplomatie, pour plaider et pour donner au critère de vulnérabilité la place qui lui revient dans les décisions de financement afin d’aider les petits États insulaires en développement ». Avant de poursuivre : « Nous vous demandons aussi de maintenir le volume de financement accordé à notre pays, voire de l’accroître pour soutenir nos plans de développement. »
Repenser l’avenir de la finance durable à Maurice. Tel était l’objectif central de la conférence Cap sur la Finance Durable. Après 15 ans de présence à Maurice, le programme SUNREF, ligne de crédit verte de l’AFD, subventionnée par l’Union européenne, est appelé à se muer en de nouveaux partenariats. Ce, non sans avoir profondément marqué de son empreinte la lutte contre le changement climatique et l’atténuation des impacts de ce phénomène au niveau national. Une nouvelle stratégie, Cap sur la finance durable, ouvre ainsi la voie à des initiatives futures qui continueront à promouvoir et renforcer la finance durable dans le pays.
Croissance durable
Cette action est en ligne avec la Stratégie de finance durable de l’Union européenne, qui vise à orienter et soutenir les entreprises et le secteur financier dans la transition vers une économie climatiquement neutre et durable, en encourageant le financement privé des projets et technologies durables. Dans une approche « Team Europe », l’Union européenne contribue à la mise en œuvre de cette politique à Maurice à travers le financement des deux premiers piliers du projet SUNREF.
Déjà, des lignes de crédit vertes totalisant 83,5 millions d’euros ont été accordées par l’AFD aux banques publiques, soutenues par des subventions pour l’assistance technique. Proparco a également mobilisé 150 millions d’euros pour des banques privées locales, favorisant des investissements climatiques à grande échelle.
De nouveaux accords de partenariats ont par ailleurs été annoncés avec plusieurs institutions locales. Comme l’explique Laetitia Habchi, directrice de l’AFD à Maurice, « notre objectif est de soutenir des projets qui favorisent une croissance économique durable tout en respectant l’environnement ».
Défis de demain
Marios Vitos, Chargé d’affaires de la Délégation de l’Union européenne à Maurice, avance que « la participation de l’UE a permis aux bénéficiaires de SUNREF d’obtenir des emprunts à des taux très préférentiels. Nous souhaitons désormais renforcer le développement de la finance durable à Maurice en nous focalisant sur le renforcement des capacités, connaissances et mesures réglementaires des institutions financières gouvernementales et privées. »
Business Mauritius a participé activement à la mise en œuvre du programme SUNREF, et cela à plusieurs niveaux. Une assistance technique gratuite, financée par l’Union européenne, a notamment été offerte aux investisseurs et aux banques impliquées.
Le CEO de Business Mauritius, Kevin Ramkaloan, se félicite de l’engagement des entreprises locales. « SUNREF nous a permis d’accompagner les entreprises mauriciennes dans leurs premiers engagements sur le développement durable. Les fonds d’études que nous avons pu mobiliser à travers ce programme nous ont aidés à identifier de manière claire et précise les opportunités liées au changement climatique. À Maurice, les initiatives de SUNREF ont permis à la communauté des affaires de relever les défis de demain et de saisir les opportunités d’un monde en pleine mutation », déclare-t-il.