Scandales en série à Air Mauritius : le comportement abusif d’un instructeur dénoncé

Un groupe de membres de l’équipage de cabine de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, a récemment adressé une lettre au CEO, Charles Cartier, pour exprimer leur profonde inquiétude concernant la conduite de Rajesh Ramsurrun Bidia Burat (RBBR), actuellement instructeur de service commercial au sein de la compagnie. Dans cette lettre, les signataires allèguent que RBBR a pris des responsabilités managériales au sein des opérations de cabine sans avoir reçu d’autorisation officielle, ce qui aurait contribué à la création d’un environnement de travail jugé hostile pour l’ensemble de l’équipage.

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Les membres de l’équipage de cabine formulent ainsi plusieurs accusations graves à l’encontre de RBBR. Ils l’accusent tout d’abord d’abus de position, précisant qu’il convoque régulièrement les membres de l’équipage à l’aéroport pour des motifs jugés futiles, ce qui est perçu comme une forme d’intimidation et de harcèlement. En outre, il est allégué que RBBR serait impliqué dans des campagnes politiques en faveur de Mme KJ dans la circonscription No. 15. Les membres de l’équipage dénoncent également un abus d’autorité, en particulier lors des vols inauguraux vers Gatwick et Chennai, où son comportement aurait été jugé inapproprié. Enfin, ils affirment que RBBR a créé un climat de travail toxique, instaurant une atmosphère de peur et d’intimidation parmi le personnel de cabine. Ces accusations soulignent un malaise croissant au sein de l’équipe et appellent à une intervention urgente de la direction.

Les travailleurs mécontents estiment que les actions de RBBR sont non seulement préjudiciables à la réputation d’Air Mauritius, mais aussi qu’elles affectent négativement le moral des équipes. Dans leur correspondance, ils demandent une enquête approfondie sur ces allégations et des mesures adéquates pour remédier à la situation.

Cette lettre, qui a été adressée directement à Charles Cartier, reflète le malaise croissant parmi une partie du personnel d’Air Mauritius et souligne l’importance d’une intervention rapide de la direction pour apaiser les tensions.

Les déboires judiciaires avec les anciens de MK

La compagnie aérienne nationale, Air Mauritius, fait aussi face à des turbulences judiciaires importantes, illustrées par deux affaires majeures qui mettent en lumière les difficultés de l’entreprise avec ses anciens employés. Ces litiges concernent principalement des réclamations pour préjudice financier et des accusations de licenciements injustifiés, révélant des tensions profondes et des enjeux financiers considérables pour la compagnie.

Condamnation pour retraite prématurée : Rs 3 M à verser
La Cour suprême a ces jours-ci tranché en faveur de Sulliman Atchia, ancien General Manager Customer Services d’Air Mauritius, dans un litige qui remonte à plusieurs années. Le verdict rendu le 5 août par la juge Sulakshna Beekarry-Sunassee condamne Air Mauritius à verser Rs 3 341 517 à Sulliman Atchia pour rectifier sa pension et les bénéfices dus.

Sulliman Atchia, employé par Air Mauritius depuis 1972, avait été licencié en 1987 avant d’être réintégré en 1998 après une bataille judiciaire. Sa réintégration a été suivie de deux promotions significatives, le plaçant au poste de General Manager Customer Services en 2004. Cependant, en 2008, lorsque l’âge de la retraite a été prolongé à 65 ans, il a été contraint de partir en retraite en 2009, bien qu’il ait estimé qu’il aurait dû rester jusqu’en septembre 2010.

L’ancien General Manager du Customer Service a contesté cette décision, réclamant une somme totale de Rs 3 665 332 pour diverses pertes financières, incluant des revenus perdus et un manque à gagner sur son capital retraite. Il a également demandé des dommages et intérêts de Rs 2 millions.

La compagnie aérienne a contesté ces revendications, affirmant que le licenciement était légal et que les bénéfices avaient été correctement calculés, bien que ces derniers aient été réduits de 50% après la mise en administration de la compagnie en 2020.
La Cour a jugé que les bénéfices de pension n’avaient pas été correctement calculés, malgré des décisions antérieures en faveur d’Atchia. La juge Beekarry-Sunassee a critiqué Air Mauritius pour avoir ignoré les décisions de justice antérieures, soulignant que cette attitude minait l’autorité des tribunaux et compliquait la situation pour les plaignants.

39 anciens employés réclament plus de Rs 6 millions
Air Mauritius se prépare également à affronter une autre bataille judiciaire en Cour industrielle le 17 octobre, impliquant 39 anciens employés. Ces plaignants réclament plus de Rs 6 877 224,51 en compensation pour des licenciements qu’ils jugent injustifiés.
Les anciens employés, ayant tous servi la compagnie pendant près de 40 ans, affirment avoir été contraints de prendre une retraite anticipée en 2020 sous la menace d’un licenciement. Selon eux, la direction a utilisé la pandémie de Covid-19 comme prétexte pour les pousser vers la préretraite, tout en promettant que leurs postes ne seraient pas pourvus, ce qui se révèle inexact.

Les plaignants soutiennent que les informations fournies par la direction étaient trompeuses et que les postes ont effectivement été pourvus après leur départ. Ils demandent réparation pour avoir été induits en erreur et contraints de signer des accords de préretraite qu’ils jugent injustifiés.

De son côté, Air Mauritius affirme avoir respecté les termes contractuels avec ces employés, et la compagnie a demandé des précisions supplémentaires sur les allégations dans le cadre d’une demande de particulars.

Un contexte économique difficile
Ces affaires mettent en lumière les tensions juridiques auxquelles Air Mauritius est confrontée. La compagnie aérienne nationale se trouve en proie à des conflits importants avec ses anciens employés, ce qui complique davantage sa situation économique déjà précaire, exacerbée par la pandémie de Covid-19 et la mise en administration volontaire. Les jugements rendus et à venir pourraient avoir des implications significatives sur le volet financier de la compagnie et ses relations avec ses anciens employés.

Nouvelle controverse autour de la responsable de sûreté
Air Mauritius une fois de plus sous le feu des critiques, alors qu’une nouvelle affaire éclate concernant Nardana Rangan, responsable de la sûreté de la compagnie aérienne. Cette dernière se retrouve au cœur d’un scandale qui met en lumière non seulement des allégations de favoritisme, mais aussi une gestion financière pour le moins discutable.
Nardana Rangan n’est pas une inconnue chez Air Mauritius. Bien qu’elle ait été promue à des postes de responsabilité, son parcours ne semble pas s’être déroulé selon les procédures classiques de sélection. Après avoir été nommée Duty Manager, elle a rapidement été propulsée à la tête du département de la sûreté. Cette double promotion a suscité des interrogations parmi les employés, d’autant que certains doutent de ses compétences, particulièrement avec l’affaire Franklin — le prisonnier ayant voyagé à l’avant du Business Class, lors de son transfert vers La Réunion.

Un voyage coûteux à Genève
Les critiques à l’encontre de Nardana Rangan se sont intensifiées avec son voyage à partir de cette semaine à Genève pour suivre un cours à l’IATA (International Air Transport Association).  Le coût de ce cours, estimé à 3 000 USD, équivaut à plus de Rs 200 000, sans compter les per diem et les frais d’hébergement. Ce voyage, approuvé dans un contexte où la compagnie est en difficulté financière, suscite une vive indignation au sein du personnel, qui s’interroge sur les critères ayant conduit à cette décision.

Des manquements graves dans une enquête interne
Les accusations contre Nardana Rangan ne s’arrêtent pas là. Lors d’une enquête interne sur des bagages suspects chargés sur un vol de La Réunion à destination de Rodrigues, la responsable de sûreté aurait omis de fournir aux enquêteurs des vidéos compromettantes pour son acolyte Ryan Ramsamy, tous deux appartenant au même cercle influent selon les employés. Ce manquement « volontaire » selon les dénonciateurs, aurait été passé sous silence, et au lieu d’être sanctionnée, Nardana Rangan se retrouve gratifiée d’un séjour à Genève, en classe affaires, aux frais de la compagnie, déplorent-ils.

Des dépenses suspectes dans un contexte de crise
Alors que la compagnie aérienne traverse une crise financière, les dépenses de ce type sont particulièrement mal vues. Les employés, confrontés à des augmentations salariales au compte-gouttes, expriment leur frustration face à ce qu’ils perçoivent comme une gestion inéquitable et permissive de la part de la direction. Cette tolérance envers des pratiques douteuses ne fait qu’exacerber le malaise au sein de l’entreprise.

L’affaire Nardana Rangan s’ajoute à une série de scandales qui minent Air Mauritius, renforçant un climat de méfiance et de désillusion parmi les employés. Alors que la compagnie devrait faire face à des défis sanitaires urgents, comme la menace du Mpox signalée par l’OMS, l’absence de Nardana Rangan au pays pour conseiller la direction, comme le suggère le poste qu’elle occupe, ne fait qu’alimenter les critiques.
Les employés et le public attendent désormais des réponses claires et des mesures concrètes pour restaurer la confiance au sein de la compagnie nationale. La direction est plus que jamais sous pression pour démontrer un leadership éthique et transparent, et ainsi remettre Air Mauritius sur la bonne voie.

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