Santé publique : cinq cas locaux de chikungunya détectés à Maurice

— 4 cas confirmés dans l’ouest et un à Pereybère
— Les autorités renforcent les mesures de prévention
— Un cas de dengue enregistré dans la région du sud

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Maurice est confrontée à un nouvel enjeu sanitaire majeur avec la détection de cinq cas locaux de chikungunya. Les deux derniers cas enregistrés remontent à hier, samedi, soit celui d’un homme de 73 ans, résidant à Pereybère, et un autre homme de 69 ans, issu de la région de Tamarin. L’état de deux patients est stable, mais ils sont admis dans des établissements hospitaliers en observation. Avec l’augmentation des cas progressivement depuis cinq jours, les autorités sanitaires ont réagi rapidement en renforçant les mesures de prévention et en mettant en place un suivi rigoureux pour limiter la propagation du virus, qui rappelle l’épidémie de 2006 ayant frappé durement l’île. Parallèlement, un cas de dengue a aussi été détecté hier, notamment dans la région sud, plus précisément à Plaine Magnien.

C’est parce qu’il ressentait des douleurs articulaires et faisait de la fièvre que cet habitant de Pereybère s’est rendu hier matin chez un médecin privé. Après diagnostic et analyse, il s’est avéré que l’homme de 73 ans est positif au chikungunya. Si son état n’est pas alarmant, il a été gardé en observation dans une clinique privée. À ce stade, les autorités sanitaires ont démarré une enquête pour déterminer comment ce patient a contracté le virus. Ils essayent d’établir un lien avec la première patiente qui avait fait récemment un déplacement dans le nord de l’île. Autre éventualité de contamination pourrait être le contact avec des touristes réunionnais qui sont installés en grand nombre à Pereybère. Au vu de la situation à La Réunion, cette hypothèse est prise très au sérieux. Dès ce matin, un exercice de fogging et de larviciding aura lieu dans la région pour éviter tout risque de contamination.

Concernant l’autre cas détecté hier, notamment celui d’un homme de 69 ans, habitant de Tamarin, c’est l’exercice d’échantillonnage qui a permis de détecté ce cas à travers le contact tracing. Pour les autorités, au vu de l’augmentation du nombre de cas cette partie de l’île, il est plus qu’évident qu’il y a un foyer de moustique-tigre dans la région ouest. Vendredi, une ressortissante française de 42 ans, résidant à Maurice depuis plusieurs années, avait été diagnostiquée positive au chikungunya après avoir consulté une clinique privée à Tamarin. Après un jour en observation en clinique, elle a été autorisée à rentrer chez elle hier. Les deux premiers cas étaient ceux d’une femme de 37 ans et d’un homme de 45 ans, tous deux résidant dans la région de Tamarin. L’homme a été admis à l’hôpital de Candos, mais son état de santé est également stable. La femme de 37 ans également dans un état stable est en observation dans une clinique.

Des mesures renforcées pour éviter une épidémie à grande échelle
En réponse à cette situation dans l’ouest, des mesures de lutte contre les moustiques ont été intensifiées. Cela inclut des opérations de fumigation, de larviciding, ainsi que des inspections maison par maison et des enquêtes sur les cas de fièvre. Par ailleurs, des prélèvements d’échantillons sanguins ont été réalisés afin d’identifier d’autres personnes potentiellement infectées.

Le ministère de la Santé a aussi activé un dispositif de prévention en urgence. Dans un message sur Facebook, le ministre Anil Bachoo a souligné l’importance de la coopération du public pour limiter la propagation du virus. Évoquant la situation, Anil Bachoo indique que « c’est une source de préoccupation, et je tiens à rassurer tout le monde que le ministère de la Santé fait tout ce qui est nécessaire pour contrôler la situation et prévenir toute propagation supplémentaire ». Le ministère a ainsi intensifié les campagnes de prévention à travers des initiatives locales, notamment en renforçant les contrôles à l’aéroport et dans les zones sensibles. « Chaque petit geste compte. Nous devons éliminer toutes les sources d’eau stagnante autour de nos maisons, porter des vêtements longs et utiliser des répulsifs pour éviter les piqûres de moustiques », insiste Anil Bachoo.

Le risque d’une épidémie comme en 2006
L’île se souvient encore de l’épidémie dévastatrice de chikungunya de 2005-06, qui avait causé plus de 11 000 cas. Aujourd’hui, les autorités redoutent une nouvelle épidémie si des mesures de prévention ne sont pas prises rapidement. Le Dr Fazil Khodabocus rappelle que « les moustiques vecteurs de la maladie se reproduisent facilement dans des conditions de fortes pluies, comme celles que nous avons récemment connues. » « Le risque est réel, et il est crucial d’agir rapidement pour éviter une propagation à grande échelle », dit-il. Dès lors, il est impératif de supprimer les gîtes larvaires en éliminant l’eau stagnante, en nettoyant les toits, en couvrant les réservoirs d’eau et en débarrassant les déchets…

Symptômes et diagnostic du chikungunya
Les symptômes du chikungunya incluent des douleurs articulaires intenses, une forte fièvre, des maux de tête et des éruptions cutanées. Bien que ces symptômes soient similaires à ceux de la dengue, la douleur articulaire est beaucoup plus marquée dans le cas du chikungunya. Les autorités encouragent la population à consulter un médecin en cas de symptômes suspects, notamment en cas de douleurs articulaires sévères.

Le diagnostic est confirmé par un test PCR, et bien que la maladie soit rarement fatale, elle peut entraîner des complications, surtout chez les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes souffrant de comorbidités, telles que les maladies cardiovasculaires ou diabétiques. La vigilance est d’autant plus cruciale que la maladie peut également poser des risques pour les femmes enceintes, dont le bébé pourrait être affecté.

La Réunion : une épidémie qui s’aggrave
La Réunion fait face à une épidémie de chikungunya qui connaît une accélération inquiétante. Le vendredi 21 mars, deux décès dus à la maladie ont été confirmés, portant à plus de 8 500 le nombre de cas non importés enregistrés depuis le début de l’épidémie en août 2024. Le Dr Khodabocus a fait le lien avec l’île voisine, soulignant que « nous savons que l’épidémie de chikungunya est actuellement très importante à La Réunion, et nous devons rester vigilants face à cette menace. » Les autorités sanitaires mauriciennes suivent de près la situation à La Réunion, où l’épidémie s’étend désormais à tout le territoire.

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