Rodrigues — Une île hors du temps

Il est toujours difficile de quitter Rodrigues, de voir s’éloigner cette petite île, ce confetti au milieu de l’océan Indien.

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Notre premier voyage à Rodrigues remonte aux années 70, en 1976 plus précisément. La traversée en bateau, sur le Mauritius, durait presque 48 heures et à l’arrivée, nous étions débarqués au large de Port Mathurin sur une petite chaloupe, les quais n’existaient pas encore.

La féerie qui a opéré lors de ce premier voyage ne nous a jamais quitté, même si l’île a forcément été rattrapée par le progrès et que l’on peut maintenant s’y rendre en 1h30 en avion depuis Maurice.

Alors à quoi tient la magie qui opère quand on met le pied à Rodrigues, cette alchimie qui nous rend si heureux, qui nous remplit de gratitude, qui nous rend meilleurs ?

Il y a la physionomie de l’île ,bien sûr, ces plages pratiquement vierges, étalées sur des kilomètres, cet immense lagon turquoise qui entoure l’île, ces pirogues qui passent nonchalamment à l’horizon pour parfaire ce paysage de carte postale.

Mais Rodrigues ne se résume pas à ce cliché.

Rodrigues, c’est un art de vivre, un rapport particulier au temps, une qualité de vie.

Les Rodriguais vivent modestement éparpillés à flanc de colline sur leur petit lopin de terre où ils ont une case, quelques cabris, une vache, des poules, quelques légumes et la pêche, bien sûr. Les enfants, nombreux, circulent librement, heureux, souriants, gais.

On ne sent aucune animosité, que ce soit dans l’autobus ou en marchant au bord des routes. Les gens se connaissent, s’interpellent, plaisantent, rient. Tout paraît si simple, si facile. Et pourtant, la configuration de l’île avec ses grands dénivelés et la qualité des routes à l’époque n’ont pas dû rendre la tâche facile aux constructeurs et à l’acheminement des matériaux. Et le manque d’eau aussi qui reste un problème récurrent, mais que chacun gère comme il peut, toujours avec le sourire.

Rodrigues a devancé Maurice en matière d’environnement et de lutte contre la pollution en interdisant les sachets plastiques, entre autres.

Mais il faut ajouter que si Rodrigues a été si préservée, si son développement s’est fait harmonieusement d’une façon maîtrisée, c’est dû à la volonté d’un homme qui, sans relâche, s’est battu pour son île pour laquelle il avait obtenu le statut d’autonomie.

Il faut espérer que ceux qui prendront la relève sauront préserver l’authenticité de ce petit bijou hors du temps.

Marie de Comarmond

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