Un livre retraçant la vie et le parcours des centenaires rodriguais a été lancé le 6 novembre lors d’une cérémonie officielle à Mon Plaisir. Cela, en présence de plusieurs commissaires et dignitaires, de plusieurs artistes et d’Élizabeth Perrine, elle-même centenaire.
Cet ouvrage, intitulé Centenaires Rodriguais 1916-2021, coécrit par Magdalena Édouard et Jean Noël Baptiste et publié par l’Assemblée Régionale de Rodrigues, retrace la vie d’antan depuis la Première Guerre mondiale (1914-1918) jusqu’à nos jours. Le livre raconte également le récit de nos aîné(e)s centenaires. À travers des anecdotes et des témoignages émouvants, ces derniers nous livrent les moments merveilleux et drôles, ainsi que les souvenirs de leur vie d’autrefois. Un travail qui a nécessité beaucoup de temps, de patience et de persévérance.
La cérémonie, très agréable, était entrecoupée de représentations des artistes très connus localement. Et Elizabeth Perrine, plus connue comme Tann Ida, a raconté des anecdotes et ses tours d’espièglerie de l’époque sur lavi lontan, ponctuées d’une phrase très utilisée dans le jargon rodriguais : « bannla o, pa koz sa ein bannla, pa koz sa ein zot ». Ce qui a provoqué de grands éclats de rire parmi l’assistance.
Magdalena Édouard a expliqué que c’est toujours important pour elle de mettre par écrit son ressenti. C’est son deuxième lancement pour cette année. Et très prolifique, elle travaille actuellement sur un autre projet. « Nou ti trouv li inportan ki nou zwenn nou bann santener, parski samem lane ki pli bokou dimounn finn fet zot santan dan Rodrig. Nou finn anvi gard zot memwar parski apre pa pou trouv zot ankor », a-t-elle dit. Elle a remercié tous les sponsors, notamment la Société Kan John, Friendly Casimir de Grande-Montagne, la quincaillerie Roddy ainsi que la commission des Arts et de la Culture et son personnel.
Pour sa part, Jean Noël Baptiste a déclaré que dans un passé récent, Christiana Perrine et lui ont partagé une belle expérience avec les personnes âgées de 80 à 100 ans. « C’était une aventure valorisante et enrichissante et nous avons pu donner la chance à ces personnes de s’exprimer librement sur leur vie d’antan, partagée entre les valeurs humaines et la joie de vivre ensemble. Un grand bonheur familial régnait à l’époque. Et c’est avec regrets que nous constatons la perte de certaines valeurs aujourd’hui, des valeurs authentiques et sécurisantes », a-t-il déclaré.
Jean Noël Baptiste s’est dit heureux de pouvoir encore, cette fois avec Magdalena Édouard, partager le vécu de 15 de nos aînés centenaires, regrettant qu’en cours de route, Christina Ramsamy soit décédée à l’âge de 102 ans. « Ces personnes nous ont transmis le portrait d’hommes et de femmes débrouillards, courageux et honnêtes. Des personnes qui ont préservé l’île de la famine, de la guerre, de l’égoïsme et de la maltraitance humaine. Nos aînés incarnent la sagesse. Ils ont construit ce pays petit à petit et ont transmis sa culture. Et ils ont été témoins d’un certain nombre d’événements politiques et sociaux », a-t-il poursuivi. Il a remercié toutes les familles et proches des centenaires qui les ont accueillis dans leur maison de jour comme de nuit.
De son côté, le commissaire de la Sécurité sociale, Daniel Baptiste, a fait ressortir le nombre « extraordinaire » de centenaires cette année. « De 2012 à ce jour, il y a eu 24 centenaires. Et rien que pour 2021, il y en a 13 et le 14e sera célébré le 12 décembre. Beaucoup de choses ont été entreprises afin d’améliorer la qualité de vie des personnes âgées. Sa finn permet ki zot epanwir plis ek ki zot pran plis swin zot lasante. Zordi nou pe rekolte frwui tou sa bann travay la », a-t-il fait ressortir. Il a indiqué que chaque année, la population vieillissante augmente par 1 500 individus. Il souhaite une étude scientifique permettant d’expliquer la longévité des Rodriguais.
Quant à Rose De Lima Édouard Ravina, commissaire des Arts et de la Culture, elle a soutenu que la racine, l’histoire et les valeurs rodriguaises sont célébrées à travers les centenaires. Elle a salué l’initiative des auteurs locaux d’écrire sur les personnes âgées.
« Nos personnes âgées attirent les écrivains locaux et sont une inspiration pour la jeunesse rodriguaise. Ce qui démontre une transmission de façon silencieuse mais harmonieuse à travers les livres. Écrire sur des personnes âgées nécessite beaucoup de recherches pour retracer leurs parcours et parler des défis qu’elles ont dû relever», a déclaré Rose De Lima Édouard Ravina. Et d’ajouter que des recherches anthropologiques et linguistiques sont en cours s’agissant du langage créole rodriguais.
Rose de Lima Édouard Ravina a salué le fait que les partenaires privés soient partie prenante dans la culture rodriguaise. « La société rodriguaise soutient ses artistes et les partenaires privés aident dans la valorisation du patrimoine rodriguais. Aujourd’hui, la prise en charge des personnes âgées est mieux organisée et mieux orientée », a-t-elle dit. Ce qui, selon elle, explique leur bien-être et leur épanouissement.