Roches Noires Smart City : Le projet « set aside », les écocitoyens ravis

Roches Noires l’inaccessible. La demande de permis EIA des promoteurs de Roches Noires Smart City (RNSC) de PR Capital a été « set aside ». Si les incongruités linguistiques planent sur ce qu’implique cette expression lourde de sens juridique, une chose est sûre, c’est qu’à ce stade, et pour la première fois, un projet de telle envergure a été mis de côté. Pourquoi ? Nul ne le sait et les collectifs citoyens s’étant opposés dès le départ au projet se réjouissent, mais ne crient pas encore victoire.

- Publicité -

« D’après ce que l’on a compris, la demande a été mise de côté. Toutefois, on ne sait pas si c’est le promoteur ou le ministère qui a retiré la demande », déclare Adi Teelock de Platform Moris Lanvironnman (PML). Le collectif fait partie des organisations à avoir soumis des commentaires publics il y a un mois. « On ne sait pas si c’est le ministère de l’Environnement qui ne peut pas prendre une décision rapide ou peut-être que le promoteur a lui-même mis la demande de côté. On ne sait pas, mais en tout cas, on est très surpris par cette nouvelle. » Elle explique que même si la demande a été pour le moment « set aside », « la demande pourrait être réexaminée ultérieurement, suite à des informations additionnelles que les promoteurs fourniraient au ministère de l’Environnement, par exemple. »

« Pour PML, c’est une excellente nouvelle, car il y a déjà beaucoup de problèmes dans le rapport EIA, mais on reste extrêmement vigilants, car ce n’est pas fini », dit-elle. Bernard Cayeux, de MRU2025, abonde dans le même sens. « On trouve que c’est certainement une bonne nouvelle », dit-il. « Ce qu’on comprend, nous aussi, c’est ce que cette décision est temporaire. » Lui aussi ne sait pas ce que cela signifie et suppose que « peut-être que le promoteur a retiré temporairement son EIA. » Bernard Cayeux est cependant agréablement surpris, car « c’est la première fois qu’un projet EDB est set aside, et cela veut peut-être dire que les institutions commencent à fonctionner. »

Bernard Cayeux se demande si « est-ce que le promoteur veut juste give it a try avec le projet ou s’il est vraiment sérieux. » Et c’est cela qui fera la différence. « Toutes les ONG qui se sont opposées au projet ne comptent pas lâcher le morceau », dit-il. Par ailleurs, dans les documents officiels des autorités concernées, quand un projet est set aside, il est expliqué que le « applicant will be required to come up with a fresh application, should he be still interested in carrying out the development. »

Pour info, pas moins de 358 hectares de forêts vierges, d’étangs et de caves sont concernés par ce projet d’hôtel de 90 villas de luxe dans un premier temps et une ville intelligente dans un deuxième temps. Le promoteur, PR Capital, subsidiaire du groupe français City Group, qui a fait la demande en 2021 pour un Smart City Certificate auprès des autorités concernées, a obtenu une letter of comfort en mars 2022 lui permettant de soumettre son Master Plan ainsi que son Environment Impact Assessment (EIA) dans l’attente d’obtenir le feu vert pour démarrer les travaux. Les citoyens, eux, ont soumis leurs commentaires publics il y a un mois, mais n’ont pas obtenu de retour depuis. Par ailleurs, de nombreux spécialistes avaient d’ailleurs pris position. Le géomorphologue Prem Saddul déclarait que « Roches Noires et la Plaine des Roches sont connectés, et c’est la région la plus récente, la plus jeune et termes géologiques de l’île Maurice. »
Tourisme

Julian Hume, auteur de Lost Land of the Dodo, avançait lui que « ces caves ne sont pas uniquement intéressantes du point de vue géologique, mais elles racontent l’histoire d’un monde perdu. » Et Gregory Middleton soulignait lui le potentiel de ces tunnels de lave « qui présentent des paysages spectaculaires et qui abritent des populations d’oiseaux rares et de chauves-souris menacées. Avec un bon encadrement et une bonne gestion du site, plusieurs parties de ces caves peuvent être développées pour le tourisme. »
Aussi, depuis plus de 15 ans, des promoteurs en tous genres font de l’œil à Roches-Noires. Petit bijou naturel du nord-est de l’île, il s’est retrouvé sous le feu des projecteurs en 2005 pour la construction de Roches Noires Resorts and Residence Ltd comprenant la construction de deux hôtels, d’un terrain de golf, de chalets, d’une marina et d’un business park sur une étendue de 352 hectares de terre. À l’époque, c’est l’entreprise sud-africaine Elan Group qui décide d’investir en rachetant les terres avec les propriétaires mauriciens, Grand Lake Ltd, représenté par Fon Sing Group. En 2010, après que le projet a été vendu à un autre groupe d’investisseurs, une demande est faite pour vendre 90 hectares à des investisseurs locaux pour la construction d’un morcellement. La demande est rejetée.

Puis, en avril 2012, enter le groupe chinois YIHE Group pour Island Summer Palace Ltd, projet IRS en trois phases : la première un hôtel ; une zone commerciale, une business zone, un convention centre et une marina ; la deuxième un terrain de golf, des villas de golf et un club-house et ; troisièmement, des low-side residential units, un retirement village et un education hub.

Tout cela pour un total de Rs 44 milliards. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, avec les promoteurs s’étant retrouvés dans de beaux draps financiers, et récemment un nouveau promoteur français était bien décidé à construire une ville intelligente au milieu d’un des sites géologiques d’une valeur inestimable.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -