Abdool Farhad Jugon, porte-parole de la Riche-Bois Agricultural Marketing Cooperative Society qui regroupe une cinquantaine de membres venant de Souillac, Camp-Diable, Rivière-du-Poste, L’Escalier, Grand-Bois et Rivière-du-Poste, est d’avis que les prix des légumes resteront élevés pour plus de trois mois. Car, pour lui, il est très difficile pour les planteurs qui ont été gravement affectés par le cyclone Batsirai de relancer de nouvelles plantations.
« Le gouvernement ne donne pas assez de compensation aux petits planteurs affectés pour qu’ils relancent leurs plantations. Nou bann karo pe ress vid. Je vous donne un exemple. J’ai bénéficié de huit arpents de terrain à bail à Bénarès appartenant à Omnicane. Mes légumes ont subi beaucoup de dommages après le passage de ce cyclone, estimés à Rs 300 000. Le gouvernement ne m’a offert aucune aide financière », déplore Abdool Jugon.
En 2021, aucun planteur dans le Sud du pays n’avait pu mettre en terre des semences de pomme de terre pour des raisons financières et le manque de soutien du gouvernement. Et c’est la raison principale, selon Abdool Jugon, pour laquelle on ne voit pas la pomme de terre en grande quantité sur le marché local. Pour rappel, la consommation de pommes de terre et d’oignons se chiffre à plusieurs milliers de tonnes. Et comme la production locale est en baisse, ces denrées sont importées.
Selon Statistics Mauritius, en 2019, la production de pommes de terre était de 14 822 tonnes, s’étalant sur 714 hectares de terre, celle de l’oignon de 3 219 tonnes dont 1 029 étaient issues de variétés hybrides, sur 244 hectares et 48 tonnes d’ail sur huit hectares.
« Une chose est certaine. La production de ces trois denrées est en constante baisse. Et c’est sans compter la mauvaise qualité de semences que nous livre l’AMB. Les petits planteurs ont de gros soucis, à commencer par le manque de soutien financier, la pénurie de main-d’œuvre, la mauvaise qualité des semences qui coûtent cher, le changement climatique, le mauvais temps », dit-il encore.
Le Small Planters Welfare Fund a enregistré 7 000 planteurs à travers l’île cette année. « C’est vous dire la contribution et le rôle crucial des planteurs dans notre économie. Nous avons la capacité de produire la pomme de terre en grande quantité en mettant en place les bonnes structures qui répondent aux besoins alimentaires du pays, nous rendant moins dépendants de l’importation », déclare-t-il.
Le porte-parole de la Riche-Bois Agricultural Marketing Cooperative Society regrette que le gouvernement n’encadre pas les petits planteurs de pommes de terre du Sud comme il le fait pour les planteurs de thé dans la région de Bois-Chéri, La-Flora et Nouvelle-France. « Nou tande nou trouve dan informasion bann fasilite ki zot benefisie, nou ti pou satisfe si nou osi nou benefisie bann fasilite parey », demande-t-il.
Il avabce que tous ces facteurs n’encouragent pas les jeunes à s’intéresser à l’agriculture. « Il faut moderniser le secteur par la mécanisation pour la production de pommes de terre. Kouma li ete la, mo pa trouve kouma sa pou interess bann zeness. Il faut absolument l’apport de l’Etat. Il est indispensable de former et d’encourager les jeunes à devenir des entrepreneurs dans ce domaine », suggère-t-il.
Dans la foulée, Abdool Jugon lance une flèche du Parthe à l’adresse du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, député de Rivière-des-Anguilles/Souillac (No 13). « Nous comprenons qu’il soit très occupé, surtout à l’approche du budget. Nous, les planteurs de légumes, nous avons essayé de le rencontrer en plusieurs occasions pour lui faire part de nos difficultés. En vain. Nous souhaitons qu’il revienne à de meilleurs sentiments », dit-il d’un air agacé.