(Rétrospective 2021) Février : séisme au MSM, fissures dans l’opposition et marche du sel

Un véritable séisme secoue le MSM suite au retrait de Nando Bodha de toutes les instances de ce parti (mettant ainsi fin à 40 ans de fidélité aux Jugnauth) et de son poste de ministre aux Affaires étrangères, portefeuille qui est aussitôt confié au ministre Alan Ganoo, déjà titulaire du portefeuille ministériel du Transport et du Métro, et le Premier ministre Pravind Jugnauth n’a pas trouvé mieux que de demander au premier nommé de « retourn tiket MSM-la », car c’est sous la bannière de l’Alliance Morisien que Nando Bodha a obtenu son siège à l’Assemblée nationale.

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La situation économique fragile dans le sillage de la pandémie de Covid-19 oblige, le Japon accorde un prêt de Rs 11,5 milliards à Maurice (ce prêt est assorti d’un taux d’intérêt de 0,01% par an avec le repaiement échelonné sur une période de 11 ans et quatre ans de moratoire) et offre au pays un grant de Rs 226 millions pour l’acquisition de Maritime Safety and Security Equipment dans le sillage du naufrage du MV Wakashio.

Les choses ne s’arrangent pas pour le Global Business Sector, Maurice étant retenue sur la liste grise de la FATF et devant repasser en octobre, même si pour l’exercice d’évaluation en ce début d’année, “seventeen out of nineteen items are largely/partially addressed and only two items not addressed.”

La consommation d’huile comestible subit un contrecoup suite à l’ajustement des prix de l’ordre de 10 à 18,6% de cette matière, mesure que Moroil est contraint d’appliquer suite à la flambée des cours des matières premières sur le marché mondial, comme l’explique son Managing Director, André Espitalier-Noël : « Nos principales matières premières ont connu, depuis juin 2020, une hausse considérable de 51% pour le tournesol et de 59% pour le soja, soit les cours les plus élevés de ces sept dernières années. »

La mobilisation citoyenne organisée à Port-Louis dans l’après-midi du samedi 13 février, avec l’appui tacite des partis politiques de l’opposition parlementaire et extra-parlementaire, a sommé le gouvernement de plier bagage et de rendre le pouvoir au peuple, propos qui sont revenus comme un leitmotiv dans les discours de l’activiste Bruneau Laurette et du leader de l’opposition, Arvin Boolell, les seuls à s’adresser à la foule à laquelle le premier nommé a fait une fleur — « Si pena zot lor koltar, nou pa pou avanse » —, alors que le leader de l’opposition a fait comprendre que « kan lafors sitoyen revandik zot drwa, la klas politik bizin pliye li. »

Alors que la mobilisation citoyenne avait lieu à Port-Louis, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, était à Tyack pour la célébration du 100e anniversaire de l’Arya Samaj de cette localité du sud et il en a profité pour répondre à la marche citoyenne : « Ena krwar lamars ki pou determine kisannla pou diriz pei », et a vivement pris à partie l’alliance de l’opposition qui, selon lui, consiste en « une bande de frustrés » et est un véritable « panier à crabes », tout en réaffirmant qu’il a remporté les élections et qu’il compte aller jusqu’au bout de son mandat en 2024.

Le ministre du Commerce Yogida Sawmynaden est forcé à la démission de son poste ministériel, mais il garde son siège de député de la circonscription N°8 et se trouve placé sous une double assignation — interrogatoire under warning dans l’enquête sur l’emploi fictif de Constituency Clerk attribué à Simla Kistnen et une subséquente audition devant le tribunal de Moka relative à l’enquête judiciaire sur le meurtre allégué de l’agent du MSM au N°8 Soopramanien Kisten, dont la dépouille en partie calcinée avait été retrouvée dans un champ de cannes à Telfair, Moka, le dimanche 18 octobre 2020.

Dans le camp de l’entente de l’opposition, à peine concrétisée pour chasser du pouvoir le gouvernement de Lalians Morisien, les premières fissures apparaissent, cela suite aux propos tenus par le député rouge Eshan Joomun que le PTr pourra aller seul aux élections municipales et rafler toutes les municipalités. Le MMM, « blessé » par ces propos, gèle sa présence aux rencontres des leaders, alors que le leader du PMSD, Xavier Duval, ose espérer « que l’opinion de Joomun n’est que personnelle. »

Maurice sera largement bénéficiaire au plan de la diplomatie et des relations bilatérales, au vu de l’agenda de la visite officielle du ministre des Affaires étrangères de l’Inde, Subrahmanyam Jaishankar — signature du CEPCA (Comprehensive Economic Cooperation and Partnership Agreement, le premier du genre entre la Grande Péninsule et un pays du continent africain) qui ouvrira le marché indien à plus de 600 produits mauriciens, une ligne de crédits de Rs 4 milliards avec accent sur la défense et la sécurité.
. Le front de l’opposition se scinde en deux avec, d’une part, le MMM-PMSD-RP se préparant à affronter l’électorat urbain pour les municipales sans le parti travailliste, ce dernier s’apprêtant à faire cavalier seul lors de cette même joute et a dans la mire la mise sur pied d’un comité d’organisation pour ces mêmes municipales.

La marmite politique continue à bouillir. D’une part, le démissionnaire du MSM Nando Bodha annonce sa décision de ne rejoindre aucun parti politique, mais préfère, pour l’instant, soumettre des propositions aux leaders des partis d’opposition politiques, lesquelles sont bien accueillies et feraient l’objet d’un débat national et ,d’autre part, une énième scission au sein du Mouvement Patriotique à l’initiative de son président, Anupam Kandhai, qui affirme « C’est moi le président du parti et pas Barbier », ce qui augure une nouvelle fronde pour le contrôle de la rose.

Si le Royaume-Uni a encouru des dépenses de l’ordre de Rs 300 millions pour tenter de contrer les revendications de souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, du côté de Maurice, le gouvernement a budgétisé une somme de Rs 50 millions annuellement pour chacune des quatre années financières de 2019-20 à 2022-23, soit un montant global de Rs 200 millions par rapport au dossier des Chagos.

La marche du sel qui a réuni plusieurs centaines d’écocitoyens et de politiques le samedi 27 février à Rivière Noire se voulait une de protestation contre divers projets de construction à Tamarin, dont la construction d’un supermarché aux Salines et celle du projet immobilier Legend Hill sur La Tourelle au coût de quelque Rs 2 milliards, une manière de dire que le citoyen lambda ne veut pas de « développement sauvage » susceptible de mettre en danger la vie des riverains, marche durant laquelle l’EDB en a pris pour son grade, étant qualifié de « Environmental Destruction Board », et rejette la justification de Michaël Ruel (MJ Développement) : « Au-delà de 45m et des pentes de plus de 20°, il n’est pas interdit de construire à Maurice. »

Rétrospective 2021 : une autre année horribilis frappant pratiquement tous les secteurs

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