Résidence Vétiver, Gros-Cailloux : comme la sœur Anne, on ne voit rien venir

10 mois après les inondations, les habitants toujours pas indemnisés pour les dégâts causés à leurs biens.

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Et quid du comité d’enquête institué en amont pour identifier les responsabilités ?

Des dizaines de maisons de Résidence Vétiver, à Gros-Cailloux, submergées par des torrents d’eau. Ce triste spectacle, survenu en janvier dernier durant les épisodes pluvieux intenses, reste toujours gravé dans la mémoire des riverains, qui auraient voulu passer à autre chose, sauf que, 10 mois après ces inondations ayant provoqué des dégâts matériels, à l’étendue jamais constatée auparavant dans le village, les mesures correctives visant à mettre fin à leur cauchemar, comme l’aménagement de nouveaux drains, n’ont toujours pas vu le jour ! Les victimes du sinistre disent n’avoir toujours pas reçu d’indemnisations financières comme promis par le gouvernement. Et quid du comité d’enquête institué en amont pour identifier les responsabilités ?

Rien n’avait laissé présager un tel scénario lorsque le ministre du Logement, Steven Obeegadoo, avait, le 21 novembre 2021, procédé à la remise des clés aux 126 familles bénéficiaires de ces maisons à l’allure moderne, dont la construction a débuté en août 2018, à un coût estimé à Rs 207,7 millions. Après des années en quête d’un logement décent et accessible à toutes les bourses, les nouveaux propriétaires disent avoir alors savouré cet instant avec bonheur. Sauf qu’ils vont déchanter 14 mois plus tard après l’épisode du traumatisme des inondations du 27 janvier, dont les images et les vidéos ont fait le tour des réseaux sociaux. Dans la rue, les gens avaient de l’eau jusqu’aux épaules, alors qu’une dizaine de voitures ont été endommagées.
Sans la solidarité sans faille des riverains ce jour-là, les choses auraient pu tourner au vinaigre. Reste que la montée des eaux a créé des dégâts considérables chez plusieurs familles, abîmant leurs meubles et appareils électroménagers. Celles ayant le plus pâti de ces inondations de grande ampleur n’étaient pas au bout de leurs peines. Deux mois plus tard, les 17 et 18 mars plus précisément, les cours et les maisons de nombreux riverains ont de nouveau été submergées d’eau et de coulée de boue en l’espace d’un quart d’heure à la suite des fortes précipitations qui ont arrosé le village.
« Beaucoup de familles qui habitent le complexe résidentiel, dont celles ayant contracté des emprunts auprès des banques commerciales afin de meubler leurs maisons, ont subi des pertes conséquentes. Le gouvernement et la NHDC nous avaient promis que nous allions bénéficier d’une indemnisation financière. Des officiers de la NHDC et la police avaient effectué un survey pour évaluer les dégâts. Sauf que dix mois se sont écoulés depuis cet épisode et on n’a toujours rien eu », confie un habitant.
Ce n’est pas faute d’avoir tenté d’obtenir des explications auprès des officiers du ministère de la Sécurité sociale, de la National Solidarity Fund (NSF), de la NHDC et auprès de la National Empowerment Foundation (NEF). Un riverain soutient qu’ « on se fait balader de gauche à droite sans qu’on puisse avoir d’explications plausibles.

« Pas une fois Obeegadoo n’a daigné… »

On ne demande pas la charité. On a payé pour avoir ces logements de même que les meubles qui y figurent. Le ministre Obeegadoo n’avait-il pas concédé des manquements dans la conception de cette résidence ? » Dans une allocution au Parlement le 24 avril 2023, Steven Obeegadoo a dit qu’il a fait une requête auprès de la NHDC Ltd « to set up a Committee to investigate the causes of flooding at Résidence Vétiver, Gros Cailloux. I understand that the Committee comprises a Law Practitioner, an Architect and an Engineer and that the Committee is expected to submit its report in the near future. » Le ministre entend-il dévoiler les tenants et aboutissants dudit comité d’enquête dans un avenir proche ?
Les drains aux alentours du complexe résidentiel n’ayant pas la capacité suffisante pour contenir le flot conséquent d’eau émanant des pluies diluviennes, Steven Obeegadoo avait annoncé au Parlement, en avril, que « the Land Drainage Authority (LDA) has recommended excavation works and realignment in respect of a water path from the lowest point at Résidence Vétiver, to an existing water path thereby creating swales earthen canals leading to a large retention pond. In addition, a plot of land will need to be acquired for implementation of the proposed swales within the next three months. » Certes, des travaux préliminaires, se traduisant par des fouilles en tranchée pour accueillir le nouveau système de drainage, ont déjà débuté depuis plusieurs mois, sauf que comme la sœur Anne, on ne voit toujours rien venir. Une source proche du dossier nous a confié que « l’acquisition des terres, jouxtant le complexe résidentiel, où seront aménagés les nouveaux drains, n’a été complétée que le mois dernier. Le document d’appel d’offres est en cours de finalisation pour désigner le contracteur qui se chargera des travaux. »
En attendant, non seulement les tranchées où doivent être aménagées les drains se referment à vue d’œil, mais face à la saison des fortes averses qui approchent à grands pas, couplé au phénomène du changement climatique, augmentant la fréquence et l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes, les riverains disent vivre en permanence dans la crainte d’une nouvelle catastrophe.
Le député de la circonscription No 20 (Beau-Bassin/Petite-Rivière) Rajesh Bhagwan confie que « la construction des blocs de maisons sur un terrain en pente est à l’origine de ces fâcheux événements. Ti deza dir zot dan Parlman, me kom dabitid zot inn fote. Les habitants doivent encore se démener pour qu’on leur indemnise pour les dégâts causés à leurs meubles et autres appareils utilisant l’électricité. Les autorités sont encore à préparer l’appel d’offres pour désigner le contracteur pour les drains. Je m’attends au pire pour la prochaine saison des grosses averses. Pas une fois Obeegadoo n’a daigné rendre visite aux habitants. J’avais préparé des questions pour lui mardi dernier, mais il n’était pas à Maurice. Ce sont mes collègues qui s’en chargeront, car je ne serai pas Parlement durant une longue période. »

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