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Petit Bel-Air : La fermeture d’un pont depuis 2018 contrarie les habitants

— Ce raccourci permettait aux automobilistes de rallier les villages avoisinants, leur évitant de faire un long détour par Grand-Bel-Air

À Résidence Pierre de Lune, à Petit Bel-Air, village situé à 2 km au nord de Mahébourg, les automobilistes n’ont pas le droit d’emprunter le pont naturel vétuste qui traverse la localité. Ce raccourci permettait aux automobilistes de rejoindre la route principale et de rallier les villages avoisinants, et vice-versa, leur évitant de faire un long détour par Grand-Bel-Air, soumis aux gros embouteillages durant les heures de pointe. Aussi, la longue distance qui sépare les commerces alimentaires et le hameau est on ne peut plus contraignante pour les riverains, d’autant qu’aucune ligne d’autobus ne dessert la localité. Les revendications faites depuis 2018 aux députés de la circonscription, dont le ministre des Infrastructures nationales Bobby Hurreeram, pour entamer la construction d’un nouveau pont sont restées lettre morte.

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L’état des rues est à déplorer au hameau

Avoir un logement décent. Tel était l’objectif des bénéficiaires des maisons situées à la Résidence Pierre de Lune, Petit Bel-Air. Constitué de 73 maisons, chacune bâtie sur une superficie de 39m², ce hameau se distingue par son cadre verdoyant et paisible, avec la présence d’un édifice religieux et un ruisseau surplombé par un pont naturel qui s’étend sur 150 mètres vers la zone habitée. Le détour en vaut la chandelle.

Quatre ans après avoir reçu leurs clés des mains de l’ex-ministre des Terres et du Logement Mahen Jhugroo, les résidents confient vivre paisiblement dans ces logements décents. Un tableau reluisant noirci, hélas, par la position géographique du site, comme coupé du monde et dépourvu de commerces de proximité. Les habitants doivent marcher environ quarante minutes pour trouver trace d’une boutique ou d’un supermarché.

Ce sentiment d’isolement est renforcé par la fermeture, depuis septembre 2018, d’un pont naturel qui faisait office de raccourci aux automobilistes. Il est accessible seulement à pied, à bicyclette ou à moto. Bordée d’arbres, cette allée, non-asphaltée, graveleuse et sinueuse, connaît des dégradations au fil du temps, faute d’entretien.

Eu égard aux risques d’effondrement à terme, la décision a été prise de fermer l’accès aux véhicules à quatre roues. « Ce pont naturel existe depuis plus de 50 ans est en décrépitude, et s’il cède, nous serons tenus pour responsables », nous avait confié Gilles L’Entêté, ancien directeur de la National Housing Development Company Ltd (NHDC), en mars 2019.

À l’époque, un incendie s’était déclaré dans un des appartements de la résidence. L’interdiction d’emprunter ledit raccourci avait eu pour conséquence que les pompiers ont dû faire le détour par Grand-Bel-Air pour atteindre le lieu du sinistre afin de circonscrire le feu. « Nous devons remercier dieu car, à l’heure où l’incendie s’est déclaré, il n’y avait personne dans la maison. Les pompiers ont pris quarante minutes pour atteindre la résidence, alors qu’ils auraient pu le faire en moins de dix minutes via le pont », souligne un riverain.

L’absence de desserte d’autobus

Cette fermeture constitue un véritable parcours du combattant pour les usagers de la route. Pour rejoindre d’autres villages, à l’instar de Bambous-Virieux et Rivière-des-Créoles, ils sont contraints de passer par le village de Grand-Bel-Air, s’étendant sur environ 1 km, où les gros embouteillages sont légion pendant les heures de pointe. Un natif du village, employé comme chauffeur pour une compagnie de transport individuel, nous confie son agacement face à cette situation. « Bien souvent, je suis amené à sortir de la résidence au volant de l’autobus aux heures de pointe en étant bien évidemment obligé de passer par Grand-Bel-Air. Li pa fasil kan ou mazine ki depi 4-an ou pe demann lotorite refer sa pont-la ki pa pou kout enormeman a gouvernma. Kas pe depanse par milliar pou bel-bel proze. »

Ce chauffeur d’autobus est confronté à un parcours du
combattant tous les jours

Le cas de Swadeka Kishnasamy nous avait aussi interpellés en 2019. Cette trentenaire, qui travaillait le soir dans une compagnie de nettoyage offrant ses services à l’aéroport, avait dû mettre un terme à son contrat. « C’est un véritable coup de massue pour ma famille et moi. L’itinéraire de Petit-Bel-Air via Grand-Bel-Air n’est pas desservi par les vans de la compagnie et en tant que femme, il est dangereux de parcourir 150 mètres à pied, tous les soirs, pour rejoindre ma maison », dit-elle.

Ce facteur, combiné à l’absence totale de desserte d’autobus et de taxi-train, bouleverse le quotidien des habitants qui ne possèdent pas de voiture ou de mobylette, dans la mesure où cela engendre des dépenses additionnelles.

« Kan ou al bazar ar ou bann gro sak, ou oblize pran taxi, ki pran ou Rs 50 an plis parski zot bizin fer letour Grand-Bel-Air, kan zot ti kapav pas Ti Bel-Air si sime-la ti ouver », souligne Sunita. Les riverains ont beau tenter de convaincre les deux députés (N°12) de la majorité, Stephan Toussaint et Bobby Hurreeram — qualifié de « Bahubali of construction » par le député Kenny Dhunnoo — de soulager leurs peines en faisant construire un nouveau pont, rien n’y fait. Parmi d’autres reproches adressés aux autorités figure l’état lamentable des rues et les fuites d’eau aux tuyaux de distribution qui entraînent des coupures fréquentes.

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