Réserves en eau : Sous la barre fatidique des 40%, demain

Les potentielles futures tempêtes, Elvis et Faida, clés de l’abondance ?
Le taux de remplissage des 7 réservoirs devrait passer sous la barre des 40%, demain, en dépit des grosses pluies qui ont arrosé les quatre coins du pays durant les dernières 72 heures. Ces averses passagères n’ont pas permis de limiter la casse, ce qui contraint la Water Resources Unit (WRU) de maintenir le resserrage des robinets en vue d’économiser les faibles ressources en eau disponibles. L’espoir pourrait renaître avec le réveil imminent de la saison cyclonique 2024/25  et la probabilité que deux tempêtes tropicales évoluent dans le bassin au cours des prochains jours avec Elvis et Faida.

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Les records de chaleur tombent les uns après les autres. Depuis le début du mois de janvier, certaines régions de l’ouest de l’île enregistrent des températures élevées inédites comme à Médine, où la station météorologique de Vacoas a recensé un pic à 36°C. La chaleur caniculaire et la crise de l’eau forment souvent un duo qui, lorsqu’il déclenche ses hostilités, est capable de créer des étincelles. On ne parle pas ici des feux de forêts, comme à Los Angeles, mais du désespoir et de la colère qui animent des centaines de familles qui sont contraintes de passer des jours, voire des semaines, sans une seule goutte de cette denrée essentielle.

Sur le bord des routes, à Bambous, de longues cohortes portent de lourds bidons d’eau. Les camions citernes sont des solutions palliatives pour les habitants de ce village confronté depuis des lustres à des pénuries d’eau qui dépassent l’entendement. Pour ne pas arranger les choses, le réservoir La Ferme, source d’approvisionnement des foyers du village, rempli à 24,7%, sera inexploitable une fois la barre des 15% franchie, en raison de la qualité de l’eau à ce niveau-là. La situation est tout aussi critique pour les régions approvisionnées par le Midlands Dam (38,9%). Le Bagatelle Dam et La Nicolière devraient également passer sous le seuil des 40% dans les jours à venir, au cas où le pays serait encore soumis aux caprices de Dame Nature.

En temps normal, circuler dans les rues durant une pluie diluvienne n’a vraiment rien d’une partie de plaisir quand il s’agit, entre autres, de zigzaguer entre les flaques d’eau jonchant le sol ou de courir le risque de s’asperger d’eaux boueuses par les automobilistes. Sauf qu’avec le niveau de l’eau de nos réservoirs enregistrant une baisse de 3%, chaque semaine, le plus croyants commencent à invoquer la pluie dans leurs prières.
Des vœux qui pourraient être exaucés dans les prochains jours si on se fie au fait que le bassin océan Indien est actuellement marqué par l’influence d’une zone de convergence tropicale, communément appelée Thalweg de Mousson (TM), localisée autour de 9°S. Selon le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF), une cyclogenèse pourrait se développer cette semaine. Ce phénomène atmosphérique, propice à la formation de nuages convectifs et de perturbations, est surveillé de près par les météorologues, alors que des ondes tropicales prévues pourraient renforcer les conditions météorologiques dans la région. La cyclogénèse est un terme utilisé pour décrire l’intensification ou le développement d’un cyclone, et est couramment utilisé pour décrire le cycle de vie d’un cyclone de latitude moyenne. Les cyclones extratropicaux sont une caractéristique très courante des images satellite.

À en croire le Centre Météorologique Régional Spécialisé en cyclones de La Réunion (CMRS), deux potentielles futures tempêtes, Elvis et Faida, qui n’ont pas encore été officiellement baptisées, pourraient atteindre le stade de tempête tropicale dans les deux prochains jours tout en circulant vers le Sud, à une distance incertaine de l’île d’Europa et des côtes malgaches de la province de Toliara.

Le captage d’eaux pluviales, c’est maintenant !
Le gouvernement envisage d’améliorer le service d’approvisionnement en eau dans toutes les régions, avec le remplacement des tuyaux défectueux. C’est l’une des mesures annoncées par Dharam Gokhool, Président de la République de Maurice, lors de la lecture du discours-programme 2025-2029, vendredi. Le gouvernement procédera à une révision du National Water Policy et du National Integrated Water Resources Management Plan. De bon augure face à la crise qui secoue ce secteur, sauf qu’il sera intéressant de décortiquer ce que le gouvernement envisage d’implémenter de concret quant aux mesures pour promouvoir auprès des ménages, des écoles et des entreprises le captage d’eaux pluviales pour des usages non-alimentaires.

Des pluies torrentielles s’abattront tôt ou tard  sur l’île. Sauf qu’on devrait de nouveau assister au triste spectacle des torrents d’eau se perdant irrémédiablement dans la nature. Un mal qui mérite une réflexion profonde centrée autour de la résilience aux pénuries de cette ressource précieuse. « Maurice arrive à capter uniquement 7% à 9% des 4,000 millimètres de pluie qu’elle enregistre par an dans son catchment area. C’est impensable ! », avait fait ressortir l’ex-directeur de la CWA, Prem Saddul, dans nos colonnes l’année dernière, en pointant du doigt « l’incapacité des décideurs à prendre en charge le run-off, c’est-à-dire les eaux qui partent à la mer. »

Au-delà des débats portant sur l’implémentation du projet de  l’installation de mini-barrages et de mini-stations de traitement le long des rivières pour faire face à la sécheresse, il existe d’autres mesures intelligentes à privilégier à court terme pour faire face au gaspillage des eaux. Au nom de la lutte contre le gaspillage éhonté, une feuille de route claire accompagnée d’actions de la part des politiques est indispensable, dont celle visant à promouvoir auprès des ménages, des écoles et des entreprises le captage d’eaux pluviales pour l’arrosage des espaces verts et l’alimentation des WC ainsi que le lavage des voitures, entre autres. Pour la récupérer du toit, un simple bidon ou une citerne raccordée à la gouttière font l’affaire.

À la lumière des nombreux témoignages sur les réseaux sociaux regrettant que ces trombes d’eau perdues dans la nature, sans être captées, ne puissent être utilisées pour soulager ces dizaines de milliers de familles privées de cette ressource essentielle durant plusieurs semaines toute l’année, il semble que de plus en plus de Mauriciens sont prêts à accorder une place à ce système. Il y a, certes, eu au cours de ces dix dernières années, des projets et subventions implémentés par l’État et le secteur privé, mais on est encore loin du compte. L’organisation de campagnes dans chaque recoin de l’île visant à encourager les Mauriciens à s’en équiper serait fort louable.


Mare aux Vacoas
Des pêcheurs pollueurs
Entouré d’une végétation luxuriante, Mare aux Vacoas n’est pas seulement une source d’eau. Regorgeant de poissons d’eau douce, il constitue un havre pour les amateurs de pêche qui s’en donnent à cœur joie actuellement, en dépit de son faible taux de remplissage (45,1%). Ceux qui manient moins bien la canne à pêche y vont, quant à eux, pour profiter de la vue. Or, une sombre tache ternit ce reluisant tableau depuis quelque temps. Disséminés ici et là, un tas de déchets, dont des cannes à pêche usées, jonchent le réservoir.

Avec le niveau du réservoir qui diminue comme peau de chagrin, il risque bientôt d’y avoir plus de déchets que d’eau au fond du trou ! Des détritus en tous genres à perte de vue. Plusieurs hectares souillés par des bouteilles en plastique et autres équipements de pêche. Non loin de là, en pleine nature, on constate des dépôts multiples, dont des sacs remplis d’ordures qui montrent clairement que l’incivisme gagne chaque jour du terrain, au détriment du respect de l’environnement.

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