Après une visite au département d’orthopédie dans une clinique des Plaines Wilhems le mois dernier, c’est cette fois aux urgences de la clinique C-Care Wellkin que l’équipe de Week-End a atterri. Pendant à peu près deux heures, nous avons vécu l’expérience d’un patient admis aux soins intensifs, de l’ambulance à la salle d’opération à la Cath Lab de la clinique. Au-delà de l’angoisse ressentie en passant par les couloirs des urgences, ce sera surtout l’approche et l’implication de toute cette armada de médecins et d’aides-soignants qui nous auront le plus marqués. Reportage.
Des humains. Nous avons tendance à oublier que derrière leurs longues blouses blanches, nos professionnels de santé, qu’ils soient dans le public ou dans le privé, restent des êtres humains à part entière. Formés pour sauver des vies, ils sont aussi souvent témoins de drames. Et cela se ressent. Bref, en notre état de « malade imaginaire » de circonstance, nous débarquons à la clinique avec une douleur au niveau de la poitrine. Paniqués, nous nous dirigeons vers les urgences.
« C’est souvent le premier geste salvateur », nous confie le Dr Mahesh Kumar, cardiologue à la clinique. « Je me souviens d’un patient qui, pendant un match de foot où l’Argentine jouait contre une équipe dont je ne me souviens plus, a fait un début de ce qu’il pensait être un malaise cardiaque. Il a eu l’excellent réflexe d’écouter son corps et de venir aux urgences. Avec notre intervention à la Cardiac Cath Lab, nous avons pu le sauver », confie-t-il. Par ailleurs, si vous êtes témoin d’une personne en détresse, appelez immédiatement les urgences. Et dans le cas de la clinique C-Care Wellkin, c’est le 132 qu’il faut appeler.
Exercice de triage
Douleur au niveau du thorax, essoufflement, nausée, les symptômes parlent d’eux-mêmes. « Nous évaluons en quelques secondes la gravité du cas du patient dans un exercice que nous appelons le triage », explique l’ER Unit Manager, Krishna Khaytoo. Il existe ainsi des codes couleur pour permettre au personnel soignant d’identifier les cas les plus urgents, le rouge étant la priorité des priorités. « Évidemment, tout le monde nécessite des soins, mais il y a des cas plus urgents et life threatening comme une personne faisant un malaise cardiaque », poursuit-il.
À notre arrivée, nous sommes donc pris en charge par le personnel soignant et un médecin qui se charge de faire un premier diagnostic rapide, mais vital. En effet, quand il s’agit du cœur, il n’y a pas de temps à perdre. Pendant que les aides-soignants font les premiers tests, les proches, eux, généralement, restent à l’accueil pour renseigner le personnel administratif. « Mais nous autorisons un membre de la famille à accompagner le patient et l’équipe de médecins, car il peut fournir des informations importantes sur les événements ayant précédé l’accident vasculaire, par exemple », explique Krishna Khaytoo. Aussi, cela permet de rassurer le patient déjà angoissé. La première étape passée, les médecins décident ainsi si le patient nécessite un massage cardiaque, un défibrillateur ou une intervention chirurgicale en urgence. Encore une fois, tout se passe à une vitesse éclair. On nous emmène finalement dans la salle des soins intensifs, où les médecins parviennent à stabiliser la « malade imaginaire » que nous sommes.
L’on nous accompagne finalement vers le département de radiologie où nous rencontrons la Dre Sharoona Dowlut. L’on nous passe littéralement au scan pour bien s’assurer que rien n’a été endommagé ou sinon pour essayer de repérer la source et la cause de cette fameuse douleur à la poitrine dont nous souffrons. « Le département de radiologie est le département de référence. Tout passe par ici et, d’ailleurs, pendant la pandémie, nous avons été extrêmement sollicités », dit-elle. X-ray, échographie, CT Scan, mammographie ou encore un Bone Densitometer (ndlr : la densitométrie osseuse ou ostéodensitométrie, est un examen médical qui permet de mesurer la densité minérale osseuse), entre autres.
Vous l’aurez compris, dans cette clinique, tout passe au crible. Quant au CT Scan, soit une des étapes les plus angoissantes pour un patient, comme le concèdent eux-mêmes les spécialistes, il est spécial. Au plafond, des images de paysages zen défilent. « C’est pour tenter de rassurer et de calmer le patient, car nous savons qu’il s’agit d’une étape angoissante », ajoute Sharoona Dowlut. Pour le MRI, le patient peut aussi lui-même choisir sa playlist. Un détail qui peut faire toute la différence.
Le cœur passé au crible
Après le département de radiologie, nous nous dirigeons vers la Cardiothoracic Intensive Care Unit. Dans l’enceinte de la clinique, des salles de prière ont été aménagées ainsi qu’une counselling room pour permettre aux proches de se recueillir et de décompresser. Encore une fois, un détail qui apporte un peu de réconfort aux familles des patients. « Il faut être forts mentalement. Il est vrai que lorsqu’on est patient ou proche d’un patient, l’on ne se rend pas compte de ce qui se passe derrière. Cela demande beaucoup de calme et de patience », nous confie un membre du personnel. Après tous ces soins, nous commençons à aller un peu mieux.
Dernière étape, la Cardiac Cath Lab pour un traitement coronaire. David Moses, Unit Manager du laboratoire, nous explique comment se passent les procédures. Dans un jargon très technique et avec un professionnalisme rassurant, il nous montre des images d’un cœur qui bat. Absolument fascinant le corps humain. Ainsi, en des termes extrêmement simples, il nous explique comment se passe une angiographie coronaire, soit un examen du cœur réalisé avec un produit de contraste qui vise à détecter des problèmes cardiaques. L’intervention prévoit l’insertion d’un cathéter (mince tube flexible) dans un vaisseau sanguin de la région de l’aine ou du bras pour le guider jusqu’au cœur.
« Ce métier est un métier des plus gratifiants », nous confie le cardiologue Mahesh Kumar. S’ils sont témoins de drames humains, ils sont avant tout des sauveurs de vies. « La médecine évolue et nous arrivons de nos jours, avec les appareils qu’il faut, à sauver encore plus de vies », dit-il. « À Maurice, il est vrai que nous avons beaucoup de patients atteints de maladies cardiovasculaires, que ce soit dans le privé ou dans le public, mais heureusement que nous avons de très bons médecins qui connaissent leur métier », dit-il. 12h15, la visite prend fin, sur une bonne note. Notre cœur est en bonne santé, du moins, du point de vue très clinique du cardiologue. Nous allons enfin nous reposer.
« Les gens investissent davantage dans leur santé. Post-Covid, lors de nos campagnes de sensibilisation auprès de la population locale, nous voyons qu’il y a un plus fort intérêt », nous explique le COO de C-Care, Rudi Clarke, accompagné du Dr Oomar Mowlah, manager des Medical Services, et du Dr Elrike Van der Merwe, Head of Medical Services and Quality. Par ailleurs, tous ont le même message : mieux vaut prévenir que guérir. Passionnés par leur métier, ces professionnels de santé bien conscients de la situation économique actuelle demandent aux Mauriciens de prendre soin de leur santé, de surveiller leur alimentation, de ne pas consommer de produits illicites…
Ainsi, après un premier détour au département d’orthopédie dans une première clinique pour recevoir des soins de spécialistes, dont la kinésithérapeute Sandra Li Ting et notre admission aux urgences pour être traité par les cardiologues passionnés de la clinique C-Care Wellkin, nous retenons un dénominateur commun : la passion du métier. Une passion d’ailleurs que les anciens de la profession essaient par tous les moyens de transmettre aux jeunes.