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Report on International Religious Freedom – Mauritius : Les pratiques religieuses en quelques chiffres

Le U.S. Department of State a publié durant la semaine le 2023 Report on International Religious Freedom : Mauritius, donnant un aperçu intéressant — voire un regard objectif et externe — des pratiques religieuses au sein de la population mauricienne. Un rapport qui tombe à point nommé quelques semaines après la mesure budgétaire annoncée par le ministre des Finances sur la hausse significative de l’allocation aux organismes religieux, accompagnée de facilités hors taxes accordées aux prêtres enregistrés, mais aussi et surtout compte tenu du contexte sociopolitique actuel…

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Commençons par le commencement. Si la Constitution mauricienne « provides for the right of individuals to change, manifest, and propagate their religious beliefs », elle ne reconnaît officiellement que sept religions, notamment « Hindus, Roman Catholics, Muslims, Anglicans, Presbyterians, Seventh-day Adventists, et The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints (Church of Jesus Christ) ». Les autres groupes religieux doivent s’enregistrer en tant qu’associations. Le rapport envoyé durant la semaine par l’ambassade américaine à Maurice souligne, en outre, que depuis 1985, le gouvernement mauricien n’a pas actualisé sa liste et n’a donc pas reconnu de nouvelles entités religieuses.
Le cas de l’Assemblée de Dieu est cité, expliquant que depuis 20 ans, le groupe demande à être reconnu par l’État et qu’aucune raison n’a été officiellement donnée, tandis qu’officieusement, l’on suggère la thèse de la reconversion religieuse. Le rapport observe que « religious and civil society sources stated they believed the government did not want to add the Assembly of God to the list of recognized religions, as the church increasingly drew membership from Hindu converts. »

Recensement datant de… 1972
Nous nous permettons une parenthèse pour préciser que les statistiques sur les communautés, soit les appartenances ethniques à Maurice, à ne pas mélanger avec appartenances religieuses, n’ont pas été actualisées depuis 1972… Une anomalie relevée par de nombreux chercheurs et observateurs politiques mauriciens. Pour rappel, la Constitution demande aux candidats aspirant à participer aux élections de s’identifier à un des quatre « national communities » soit « Hindu, Muslim, Sino-Mauritian or General Population ». La population générale se définissant comme quelqu’un qui par « their way of life » ne tomberait par dans les trois premières catégories incluant donc « those of European, African, and mixed heritage, a large majority of whom are Catholic. Sino-Mauritians are primarily Catholic, Anglican, or Buddhist. » Ce dernier point est d’ailleurs sujet à polémique et fait l’objet d’un combat juridique mené depuis 18 ans par le parti écosocialiste de gauche Rezistans ek Alternativ.

En outre, le rapport relève brièvement la corrélation entre affiliation religieuse, appartenance ethnique, politique et statut économique, sans entrer dans les détails. Ainsi, les hindous et les musulmans sont d’ « Indian ethnicity », soit d’origine indienne ; les individus d’origine chinoise pratiqueraient plus le bouddhisme, l’anglicanisme ou le catholicisme, et les catholiques seraient eux composés de créoles — le rapport précise de descendance africaine — et de « European descent ».

Religion et politique
Sur le plan de la répartition spatiale de la religion sur le territoire mauricien, il est noté que la capitale est habitée par une population majoritaire de musulmans et catholiques, tandis que le reste du territoire est occupé par les hindous. Cependant, encore une fois, les données datent de 2011… Quant à l’aspect politique, l’on souligne qu’il y a relation entre identification religieuse et appartenance politique : « there is also a correlation between religious identification and political party membership. »

Ainsi, sur une population de 1,3 million d’habitants, le rapport indique que 43% de la population serait de foi hindoue, 26% de foi catholique, 17% de foi musulmane, 6% seraient des chrétiens, incluant « Seventh-day Adventists, Anglicans, Pentecostals, Presbyterians, evangelical Protestants, Jehovah’s Witnesses, members of the Church of Jesus Christ, and members of the Assembly of God. » Ces derniers estiment quant à eux constituer le deuxième plus grand groupe religieux après les catholiques avec approximativement 100 000 membres. 3% de la population serait composée d’individus de foi bouddhiste, bahaï’i ou encore d’athées. Autre fait intéressant concerne les rastafaris, qui seraient au nombre de 5 000, tous majoritairement « of African descent », ainsi que la communauté juive à Maurice, composée de 100 à 200 juifs.

Concernant le financement des groupes religieux, l’État mauricien ne reconnaît que les sept groupes mentionnés plus tôt. Quant aux groupes s’étant enregistrés en tant qu’associations auprès du Registrar of Associations, le ministère des Finances peut aussi leur accorder certaines facilités généralement réservées aux sept groupes officiels. D’ailleurs, il a été annoncé dans le récent budget que les allocations vont encore augmenter. Par ailleurs, la loi ne pénalise pas les groupes enregistrés, et ce, malgré le nombre impressionnant de groupes religieux opérant parfois « sans foi ni loi » sur le sol mauricien. Sur la liste officielle des associations enregistrées, l’on compte un peu plus de 75 « churches. » Quid des autres groupes religieux qui ne se seraient pas enregistrés opérant « sans foi ni loi » sur le sol mauricien ?

Le rapport mentionne, par ailleurs, certaines inégalités, notamment dans le domaine du recrutement dans la fonction publique. « Some Christians and Muslims continued to state that the predominance of Hindus in the civil service favored Hindus in government recruitment and promotion, preventing Christians and Muslims from reaching higher level positions in the civil service. In general, and dating back years, non-Hindus have stated they were underrepresented in government, the civil service, and the security services. » Le document fait aussi mention de l’acte de terreur commis par un groupe de jeunes hommes lors du concert tenu à la Citadelle le 21 octobre 2023. Il met aussi en lumière les efforts du conseil des religions et des autorités de maintenir une certaine paix sociale, tout en permettant aux citoyens de pratiquer librement leur religion.

Des sources multiples consultées
Il est bon de savoir que ce rapport sur les libertés religieuses concerne plusieurs pays et se base essentiellement sur les informations obtenues des autorités, des groupes religieux, des Organisations non gouvernementales, de journalistes, d’académiciens et autres. Si le State Department affirme que les informations présentées ont été balisées, dans le souci de présenter de manière objective les observations faites, il précise que dépendant de la motivation des sources qu’il estime fiables, « the Department of State is not in a position to verify independently all information contained in the reports. To the extent possible, the reports use multiple sources to increase comprehensiveness and reduce potential for bias. The views of any particular source are not necessarily those of the United States government.”

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