Eh oui, c’est bientôt fini les vacances et dans une semaine, des milliers d’écoliers mauriciens s’apprêtent à reprendre — péniblement pour certains et joyeusement pour d’autres — le chemin de l’école. Les parents, eux, se sont déjà rués vers les magasins de fournitures scolaires pour que leurs enfants puissent entamer cette nouvelle année dans les meilleures conditions qui soient. Et comme le veut la tradition, Week-End est allé faire un tour du côté des magasins de la capitale pour vivre le rush des derniers achats, à J-8 de la grande rentrée scolaire.
Samedi, 10h30. Les rues de Port-Louis s’emplissent lentement mais sûrement. Il faut dire qu’il n’y avait pas grande foule. Sans doute que beaucoup s’y sont pris à l’avance pour leur shopping scolaire ou que d’autres festoient toujours. En effet, de nombreux magasins n’ont pas encore ouvert leurs portes, tandis que d’autres, proposant des produits scolaires, tournent à plein régime. Et malgré la chaleur étouffante de la capitale, ils étaient quand même nombreux à trimballer leurs gamins pour choisir le sac à dos suffisamment grand pour contenir tous les cahiers ou pour essayer les “soulie tenis”.
Nous nous arrêtons d’abord à la rue Bourbon, connue pour être celle des libraires. Devant la mythique Librairie Bourbon justement, quelques parents font la queue, liste de manuels scolaires en main. Nous la connaissons tous cette liste de bouquins imprimée sur une feuille de papier A4 barbouillée, annotée, cochée et biffée… avouons-le que c’est ce qui contribue à la magie des grandes rentrées. Nous rencontrons M. Tobie, propriétaire de la librairie, et son équipe qui sont au four et au moulin depuis le début de l’année. « Les affaires marchent, mais ce n’est pas pas pareil qu’avant », dit-il. « Toutefois, nous sommes là, comme toujours, pour répondre aux demandes de nos clients et continuons à travailler avec la même passion », ajoute-t-il. Pour rappel, depuis quelques années déjà, c’est le ministère de l’Éducation qui se charge de distribuer les principaux manuels scolaires, ce qui a fait chuter drastiquement le chiffre d’affaires des libraires du pays.
Nous continuons notre reportage pour atterrir devant le magasin KNK Garments, à la rue Remy Ollier. À l’intérieur, les employées s’affairent à servir les clients. Dehors, des sacs à dos, des uniformes scolaires et des « tentes tifin » sont exposés. Et justement, en parlant de sac à dos, depuis quelques années, nous avons noté un petit détail qui saute aux yeux. Si les sacs à roulettes trouvent toujours preneurs auprès des plus petits, pour les plus grands, soit les collégiens, les sacs qui ont la cote sont ceux qui peuvent accommoder un laptop ou une tablette ! Un détail qui nous rappelle qu’effectivement, les temps ont changé et que la technologie occupe une place importante dans la vie des étudiants. Ces derniers devront toutefois apprendre à mettre le téléphone portable de côté. Quant aux « tentes tifin », elles sont désormais isothermes, ajoutant un peu plus de confort à la vie de nos tout-petits.
Évidemment, qui dit rentrée scolaire, dit uniforme scolaire ! À Port-Louis, le magasin Jin Chi attire comme tous les ans plusieurs centaines de parents. Hier matin, il y avait foule dans le magasin, où petits et grands essayaient leurs chemises d’école devenues trop serrées. Pour d’autres magasins, ils ont décidé d’innover et de vivre avec leur temps. Le magasin spécialisé en uniformes scolaires et autres Bonkoutir a cette année innové pour répondre au mieux aux demandes de ses clients en proposant un service de vente et de livraison en ligne.
« Nous avons mis en place un système d’e-shopping », explique Ravi Venkatasamy, propriétaire de Bonkoutir, qui compte trois magasins, à Flacq et à Curepipe également. « Les parents n’ont qu’à choisir le collège et ils ont un size chart qui leur permet de choisir la taille qu’il faut. Ensuite, nous faisons livrer les produits par la poste », dit-il. « Nous avons décidé de mettre ce système en place pour faciliter la vie des parents qui parfois travaillent et qui n’ont pas le temps de venir dans nos magasins », poursuit-il. Quant aux ventes en ce début d’année, il note que « la tendance est la même. Il y a des parents qui ont déjà pris leurs uniformes au début du mois de décembre et d’autres qui préfèrent attendre les dernières semaines. » Comme d’habitude, dit-il, « les parents trouvent les moyens pour donner à leurs enfants ce qu’il faut pour commencer leur année scolaire comme il faut. Beaucoup prennent deux à trois rechanges d’uniformes, dépendant de leurs moyens. »
Par ailleurs, en cette période, d’autres fournitures scolaires se vendent comme des petits pains, dont plumiers, gourdes, bottes pour la période de grosses pluies ou encore des imperméables. Dans les supermarchés, ce sont surtout les cahiers, stylos, gommes et autres qui sont mis en avant. Tout cela pour quelques billets de Rs 1 000. En effet, la grande rentrée scolaire c’est surtout tout un budget. « Oui, c’est un budget que nous avons prévu depuis le mois de décembre. Si on a profité de la fête de Noël pour offrir des sacs et chaussures à nos trois enfants, pour le reste, notamment uniformes et fournitures scolaires, nous avons attendu le salaire de décembre. Il faut compter Rs 2 000 pour chaque enfant », explique Coralie, que nous avons rencontrée devant un magasin portlouisien. Et d’ajouter que « plus ils grandissent, plus les dépenses augmentent, avec les équipements de dessin, les leçons particulières, les équipements de sport et les chaussures de marque ! Quand ils sont petits, ils sont bien moins exigeants ! »
En parlant de marque, les grandes enseignes n’ont pas manqué le coche, avec la campagne “Back to School”. Et comme chaque année, les cartables, vestes, plumiers et chaussures sont bradés, histoire d’appâter les parents, mais surtout les étudiants qui rêvent d’une rentrée scolaire avec style. En tout cas, il est bien loin de temps des Battaflex et des tanga. Comme dirait l’autre, « autre temps, autres mœurs. »