Religion – nomination du nouvel évêque de Rodrigues — Mgr Michel Moura : « Mo konfian ki nou kapav fer enn zoli sime ansam »

Après trois ans d’attente de la nomination d’un nouvel évêque pour le vicariat apostolique de Rodrigues, la communauté catholique dans l’île a accueilli avec ferveur la nouvelle tombée mercredi dernier à quelques jours de la fête de Noël, Mgr Michel Moura succédant à Mgr Alain Harel. La cérémonie d’ordination épiscopale se déroulant dans l’île a été fixée au mardi 19 mars, date de la fête Saint-Joseph.

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Mgr Michel Moura, qui s’est rendu dans l’île jeudi, soit au lendemain de sa nomination en tant qu’évêque pour une visite de seulement 24 heures, avait réservé cette annonce lors de sa présentation en personne aux Rodriguais. Il avait eu l’occasion également de rencontrer les membres du clergé ainsi que les responsables des forces vives de l’Église dans l’île. Les témoignages recueillis par Week-End indiquent que la visite, même brève, a été riche et forte en émotions.

Le jour choisi pour l’ordination épiscopale de Mgr Michel Moura, le mardi 19 mars 2024, coïncide avec le jour de la Saint-Joseph, qui est une fête solennelle du calendrier liturgique de l’Église catholique. Et il a choisi pour devise « Ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12, 9). Dès l’annonce officielle de cette nomination, les Rodriguais sont en mode préparation de ce grand événement de la vie de l’Église.

Une grande joie pour les fidèles catholiques
« Le poste du vicaire apostolique a été vacant pendant trois ans et à quelques jours de Noël, c’est la réponse à nos attentes. C’est une grande satisfaction et une grande joie pour les fidèles catholiques. En général, les gens sont heureux de cette nomination », déclare Benoît Jolicoeur, responsable du service de communication du vicariat apostolique à Rodrigues.
« Comme la Vierge Marie qui attendait son enfant avec joie et avec grande confiance, la nomination d’un nouvel évêque arrive comme un cadeau de Noël pour l’Église à Rodrigues. Nous fêtons la naissance d’un nouvel épiscopat. Je suis sûr que l’arrivée de Mgr Michel Moura va apporter une nouvelle dynamique à l’Église de Rodrigues », réagit pour sa part Verlaine Saint-Pierre, directrice de l’École agricole Frère Rémi.
À son arrivée jeudi après-midi dans l’île, le nouvel évêque a reçu un accueil chaleureux à l’aéroport régional de Plaine-Corail. Y étaient présents des membres d’un petit comité d’accueil comprenant le père Luc-René, l’administrateur du vicariat, les membres du clergé et quelques laïcs.

“L’originalité de l’Église de Rodrigues”
Mgr Moura s’est rendu immédiatement au Rodrigues College pour la rencontre avec les représentants des forces vives de l’Église. Michel Moura n’est pas un inconnu dans l’île puisqu’il y a déjà exercé son ministère de prêtre il y a quelques années. C’est avec joie et grand plaisir qu’il a retrouvé des visages familiers lors de cette prise de contact, jeudi, mais cette fois en tant que chef de l’Église. « Nous avons apprécié que Mgr Moura ait mis l’accent ce jour-là sur ce qu’il appelle “L’originalité de l’Église de Rodrigues” et il nous a rassurés qu’il en tiendra compte dans son mandat d’évêque. Il nous a dit qu’il poursuivra le travail commencé par Mgr Harel en apportant bien sûr les nouvelles idées afin de répondre aux nouveaux besoins des fidèles et de la société. Cette rencontre a été un temps fort et nous l’avons vécue comme un nouveau départ pour l’Église à Rodrigues », poursuit Benoît Jolicoeur.

Aux dires des participants, cette rencontre avec les forces vives de l’Église s’est déroulée sur un ton détendu et sur une note d’espérance. En première partie de son intervention, Mgr Moura a fait part de quelques confidences concernant son cheminement dans la foi avant son ordination à la prêtrise et au sujet de ses liens d’affection avec Rodrigues.

« L’accueil que j’ai reçu aujourd’hui (ndlr : jeudi) dès mon arrivée me fait chaud au cœur et me fait feel at home. J’ai répondu à l’appel du pape François avec un grand désir de servir l’Église à Rodrigues. Je me considère comme un privilégié d’être avec vous pour cette nouvelle responsabilité. Mo vinn ver zot avek tou mo leker, avek determinasion ek avek mo sinserite. Il y avait eu une impatience chez vous après la nomination du nouvel évêque à Maurice et d’un nouvel évêque à l’île de La Réunion. Peut-être que vous aviez d’autres attentes par rapport au nouvel évêque que vous avez attendu depuis trois ans, mais je suis venu pour vous écouter afin de mieux comprendre les réalités de cette Église que le pape m’a confiée. Je suis conscient que je ne suis pas un Rodriguais, mais nous pouvons être unis dans le Christ. Mo konfian ki nou kapav fer enn zoli semin ansam », leur a déclaré Mgr Moura.

Son expérience de prêtre dans le vicariat apostolique il y a quelques années a permis à Michel Moura de se plonger un tant soit peu dans la vie quotidienne de la population et de découvrir les atouts de cette Église engagée pleinement dans la société. Et lors de cette rencontre jeudi dernier, Mgr Moura a fait part de son appréciation de cette Église « qui n’a pas peur » d’analyser les réalités sociales, politiques et économiques, et qu’il se sent « à l’aise » avec cette orientation de l’Église.

Mgr Moura a salué le travail commencé par son prédécesseur, Mgr Alain Harel, et le père Luc René ces trois dernières années. Son épiscopat, a-t-il indiqué, sera ancré dans la réalité rodriguaise pour une « Église encore plus solidaire, encore plus à l’écoute des plus pauvres. »

Église « qui n’a pas peur »
L’intervenant s’est appesanti sur le nécessaire « travail ensemble et en harmonie » et a lancé un pressant appel aux forces vives dans cette direction et pour un dialogue régulier. « L’Église est en perpétuelle construction et nous avons besoin de la collaboration de tous pour continuer à bâtir pour progresser », exhorte-t-il. Une invitation à laquelle souscrit entièrement Verlaine Saint-Pierre : « Je suis d’accord avec Mgr Moura et je souhaite que les Rodriguais collaborent avec lui pour poursuivre le travail en vue du développement intégral de la société pour l’avancement du peuple rodriguais. »
Mgr Moura est rentré à Maurice après un agenda très chargé durant cette visite de 24 heures. Il repartira dans l’île au mois de février, le temps pour lui de faire le handing over à Maurice de certains dossiers que le diocèse de Port-Louis lui avait confiés et d’enclencher des préparatifs d’ordre pratique en vue de son ordination épiscopale.

Selon les procédures, le Saint-Siège accorde un délai de trois mois suivant la nomination pour l’organisation d’un tel événement. Il s’agit d’une cérémonie majeure et requérant une préparation à plusieurs volets. Le prochain carême chrétien débute le 14 février, d’où la date du 19 mars choisie pour Mgr Moura et coïncidant avec la fête Saint-Joseph. Le jeûne est temporairement levé ce jour-là, permettant à l’Église de procéder à des célébrations joyeuses.
Le vicariat apostolique de Rodrigues et le diocèse de Port-Louis ont pris note de ce rendez-vous majeur dans la vie de l’Église à Rodrigues.

L’évêque de Port-Louis : « Une nouvelle dynamique pour conduire l’Église dans l’océan Indien »
L’évêque de Port-Louis, qui a eu l’insigne honneur d’annoncer l’élévation épiscopale de Michel Moura, n’a pas manqué de souligner que cet événement, après la récente nomination des évêques de Port-Louis et de Saint-Denis, constitue une nouvelle dynamique au sein de l’Église de l’océan Indien.
« Une nouvelle dynamique et un nouveau souffle nous sont donnés pour conduire l’Église dans l’océan indien, tout en reconnaissant l’héritage reçu de nos frères évêques Mgr Aubry, Mgr Harel, Mgr Wiehé, Cardinal Piat et feu Cardinal Margéot », s’est-il appesanti.
Toutefois, sur une note plus personnelle, Mgr Durhône confie que « Michel et moi avons fait trois ans de séminaire ensemble (2002-2005). Michel est un homme pratique, terre-à-terre, qui aime la bonne cuisine et qui cuisine très bien. Il est passionné par tout ce qu’il entreprend, passionné par les débats de société, et des fois il s’emballe dans ses réflexions. Il aime se lancer dans des projets, il est curieux. Il a cette sensibilité des îles de l’océan indien, il est proche du peuple de Dieu à qui il veut faire connaître Jésus-Christ. Il aime l’Église. »

Rendant un vibrant hommage aux pères Jean Maurice Labour et Luc René pour leur amour pour Rodrigues et leur dévouement à servir le peuple rodriguais, il dira qu’ « ils ont quitté paroisse et amis pour un temps, pour être aux côtés de nos frères et sœurs de Rodrigues. Qu’ils soient ici remerciés. »

L’évêque de Port-Louis a aussi eu une pensée pour « tous les fils du sol qui ont accepté les appels successifs qu’ils ont reçus de l’Église pour être au service des hommes et des femmes, du peuple de Dieu, dans les îles de l’océan Indien ou dans notre société mauricienne. Je pense ici à Mgr Denis Wiehé, évêque aux Seychelles pendant 20 ans, Mgr Harel à Rodrigues et ensuite aux Seychelles, le Cardinal Margéot et le Cardial Piat qui ont servi le diocèse de Port-Louis. »

 

L’appel des îles de l’Océan Indien
Jusqu’à sa nomination en tant qu’évêque, le père Michel Moura, 61 ans, a exercé à la paroisse de Saint Esprit, Bel-Air. Né le 28 septembre 1962 à Vacoas, il est le septième enfant d’Émilie Louise et de Bénédict Moura, famille composée de neuf enfants — sept garçons et deux filles. Il sera orphelin de père à l’âge de 12 ans. Il aura fréquenté la Plaisance Hugnin Government School, avant d’entreprendre des études secondaires au lycée Léoville L’Homme pour terminer son HSC en 1982 au Collège Eden. Face aux vissicitudes du quotidien, Michel Moura, le seul membre de la famille à poursuivre des études secondaires, avouera que « la pratique des messes dominicales n’était pas une priorité des parents ; ils se préoccupaient davantage à chercher du travail pour nourrir et vêtir tout le monde », dira-t-il en faisant état de ce qu’il appelle « une petite crise de foi », se révoltant contre tout, contre Dieu qui « laissait mourir, qui laissait la guerre perdurer ».
De 1983 à 1985, période où le taux de chômage battait son plein à Maurice, Michel Moura parvint à trouver quelques petits boulots : apprenti maçon, charpentier, coupeur de cannes, entre autres. Toutefois, au cours de la période allant de 1983 à 1987, le nouvel évêque fait un passage à l’Institut pour le Développement et le Progrès (IDP), où accompagné d‘Eshan Rahman, Jean-Noël Adolphe et du père Robert Fleurot, entre autres, il se forge une identité mauricienne et développe une conscience vive de ses droits et devoirs de citoyen.

Un communiqué émis par l’évêché note que « cette période est également très importante dans sa vie, car il vit une réelle amitié avec des Mauriciens de toutes confessions religieuses. Malgré que l’IDP était un organisme d’Église et en dépit de diverses actions entreprises avec Sr Maud Adam et les jeunes de Plaisance-Stanley auprès des victimes de la drogue de la région, Michel Moura campera sur ses positions concernant ses idées sur Dieu. »

De 1985 à 1992, Michel Moura trouvera de l’emploi à la Poste. En 1992, il postule pour un poste de clerc de comptabilité auprès de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) à Agalega. Sa nouvelle vie à Agalega le transforme. Dans le même temps, il accueille l’invitation que lui font les Agaléens pour participer à la Liturgie de la Parole le dimanche. Graduellement, Michel Moura prendra goût à l’Évangile. Il est surtout émerveillé « qu’une petite communauté chrétienne maintienne malgré ses très maigres moyens une présence d’église qui fait signe et permette que la foi se vive même en l’absence habituelle de prêtres et de religieuses. »

De retour à Maurice en 1994, il fait son come-back professionnel à la Poste et en 1996, il suit la formation Groupe 40 pour acquérir un « bagage religieux » plus solide en vue de retourner à Agalega. Durant ces années, sa manière de se situer dans la foi change radicalement. Il entreprend alors la démarche de découvrir, d’apprendre à connaître et à aimer Dieu. Michel Moura partira pour Rodrigues en 1997. Là-bas, il prend le temps de prier, de se poser des questions et de faire un temps de discernement avec le père Gérard Mongelard. À son retour à Maurice, il répond à l’appel en mettant fin à sa carrière professionnelle pour consacrer sa vie au seigneur. Il entre au séminaire à La Réunion en septembre 2000 pour son premier cycle d’études et en 2002 met le cap pour Nantes pour le deuxième cycle. En 2004, il est de retour à Maurice le temps d’un stage à l’église Saint-Sacrement, Cassis. Le 12 juin 2005, Michel Moura est ordonné diacre – ultime étape avant d’être ordonné prêtre – à Luçon, France.

Noël ce dimanche matin : Messe à la prison centrale présidée par Mgr Durhône

Demain, lundi 25 décembre, les chréiens du monde entier fêtent Noël, l’une des dates les plus importantes de leur calendrier liturgique. Cette fête célèbre la naissance de Jésus-Christ, soit le jour où, selon les chrétiens, « Dieu s’est fait homme pour partager la condition humaine ».

À la manière des enfants abandonnés qui sont accueillis dans des shelters, le père Jean-Maurice Labour rappelle que Jésus est né dans une mangeoire d’étable. Ainsi, souligne-t-il, quand Dieu s’est fait homme, « il s’est fait homme comme un pauvre ». Il se demande, en passant, si Jésus le pauvre a encore une place aujourd’hui pour ceux malheureusement tentés de célébrer Noël dans le faste de la consommation à outrance et du divertissement sans limite. « Noël, déclare le père Labour, c’est accueillir Dieu dans son cœur ».

Dès ce dimanche au soir, l’ensemble des paroisses prévoient d’organiser des veillées de Noël, des rassemblements de prière qui accueillent toujours de nombreux fidèles. À l’exemple de celle de la paroisse de l’Immaculée conception à Port-Louis qui tient sa veillée annuelle en plein air, ce soir à partir de 19h, au monument Maie Reine de la Paix. Veillée qui sera présidée par le père Alex Têtu. Plus tôt, ce dimanche 24 décembre à 9h, l’évêque de Port-Louis dira une messe de Noël à la prison centrale de Beau-Bassin à l’intention spéciale des détenus.

La veillée de Noël télévisée sera, elle, retransmise en léger différé, ce soir à partir de 19h30 de la chapelle Sacré-Cœur de Glen-Park sur MBC 2. Veillée qui sera présidée par le père Laurent Rivet. Demain, 25 décembre, la messe de Noël sera retransmise en direct sur Radio Maurice à partir de 9h30 de l’église Saint-Paul, Phœnix.

Toujours à la télévision, demain soir, l’évêque de Port-Louis, Mgr Jean-Michaël Durhône donnera lecture de son tout premier message de Noël juste après le journal télévisé sur MBC 1. S’ensuivra une émission spéciale intitulée Noël avec les enfants à l’évêché. Installé depuis peu, le nouvel évêque a tenu à ouvrir les portes de la résidence officielle de l’évêque depuis 1847, à des enfants, garçons et filles, de 6 à 11 ans.

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