Relier l’Afrique du Sud à Maurice à bord d’un monomoteur : Le challenge aérien de Pallavee Appigadoo compromis…

« Le PMO m’a fait comprendre que je n’aurais pas de permis d’atterrir à Plaisance si l’avion n’est pas assuré. Les autres pays, comme La Réunion, n’ont pas exigé tous ces documents. C’est triste que ma patrie ne croie pas en cette aventure humaine… », affirme la jeune mauricienne quelques heures avant son départ avorté en Afrique du Sud

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Le parcours prévu : départ de Lanseria, Afrique du Sud, escale à Pemba et Beira, au Mozambique, ensuite cap sur Nosy Be et Ivato à Madagascar, puis l’île de La Réunion et, enfin, Maurice

Si elle obtient le feu vert des autorités locales, elle serait la première femme à tenter cette traversée de l’océan indien, un challenge qu’elle a baptisé “Flying in the face of adversity”, qu’elle dédie à la SACIM

Pallavee Appigadoo est née avec un « trou dans le cœur » et fut atteinte de scoliose dans sa tendre enfance

Depuis quelques mois déjà, Pallavee Appigadoo, jeune pilote professionnelle mauricienne établie en Afrique du Sud, a émis le souhait de réaliser l’exploit de relier l’Afrique du Sud à Maurice, en passant par le canal de Mozambique. Son challenge, qu’elle a baptisé “Flying in the face of adversity”, elle le dédie « à toutes ces personnes qui, comme moi, relevons constamment des défis dans nos parcours et prenons le parti de transformer les obstacles que nous rencontrons en notre force et notre détermination, pour aller plus loin, nous surpasser et sortir grandies de ces épreuves. » La jeune femme, qui a connu un cheminement ardu et semé d’embûches, souhaite également, par le biais de cette aventure inédite, « inspirer nos jeunes, démystifier les idées reçues comme quoi certains handicaps peuvent avoir raison de nos rêves. Je veux aider les jeunes Mauriciens à aller au bout de leurs aspirations et leur faire réaliser que les contraintes ne sont pas des obstacles permanents dans la vie. »

Quand elle a entrepris de faire cette expédition, Pallavee Appigadoo était loin de se douter qu’elle allait rencontrer autant de difficultés ! La jeune femme devait quitter le sol sud-africain initialement début septembre. Puis, elle fut contrainte à un premier report qui l’amenait à décoller durant la semaine qui s’est écoulée. En cause : les paramètres de l’aviation civile réclamant qu’un monomoteur tel que le Cessna 172 qu’elle pilote pour ce challenge doit être soumis à une révision complète après chaque 100 heures de vol. Jusque-là, tout était gérable.

La Mauricienne devait quitter Lanseria, vendredi 13, à 19h, heure de Maurice, entamer sa traversée et atterrir à Plaisance ce lundi 17 en début d’après-midi. Or, vendredi soir, le 13 toujours, alors qu’elle devait finalement décoller, Pallavee Appigadoo n’a pu le faire. Raison : « L’aviation civile, à Maurice, nous a fait comprendre que sans une assurance pour l’avion, je n’allais pas avoir la permission d’atterrir à Plaisance lundi. » (Voir plus loin). Du coup, son aventure est une nouvelle fois décalée. Mais tous ces obstacles ne font que renforcer la détermination et la persévérance de cette jeune Mauricienne.

Via son challenge Flying in the face of adversity, Pallavee Appigadoo souhaite parallèlement, « continuer à lever des fonds dont une partie sera versée à la SACIM (Society for Aid to Children Inoperable in Mauritius) qui m’a été d’une aide sans pareil dans ma vie ! » Cette jeune Mauricienne fut diagnostiquée, à sa naissance, d’un trouble cardiaque très rare. Pallavee Appigadoo est née avec un trou dans le cœur. Puis, à 11 ans, comme si le sort s’acharnait sur elle, elle fut atteinte de scoliose. Grâce à la SACIM, vers qui sa tante se tourna, la fillette a pu bénéficier de soins à l’étranger.

À Week-End qui l’a jointe au téléphone ces derniers jours, Pallavee Appigadoo ne cache pas son impatience et son immense enthousiasme à relever son challenge Flying in the face of adversity. « Mais je dois pour le moment faire preuve de patience. Les autorités m’ont expliqué – et c’est la règle, en effet – qu’un avion comme le Cessna 172 doit absolument être soumis à une révision après chaque 100 heures de vol afin d’assurer tout le dispositif de sécurité. Davantage avec une expédition comme celle dans laquelle je m’engage, c’est prioritaire de respecter scrupuleusement toutes ces normes ! Mais je ne m’attendais nullement aux dernières tracasseries avec le PMO et l’Aviation civile… C’est trop triste que ma mère patrie n’adhère pas à cette grande aventure humaine, comme les autres pays le font ! »

De fait, dès que « toutes les conditions seront réunies, nous décollerons de Lanseria, en Afrique du Sud », confirme la jeune femme à Week-End. De cette ville d’Afrique du Sud, elle mettra le cap sur Pemba, puis Beira, au Mozambique pour faire le plein d’essence. Après la traversée du canal, elle se posera d’abord sur le littoral nord de Madagascar, en l’occurrence à Nosy Be. De là, elle prendra la direction d’Ivato, l’aéroport international de la Grande île. Ensuite, destination La Réunion. Originellement, son plan de vol se termine quand elle se pose à l’aéroport de Plaisance, Maurice.

Lors des diverses escales, Pallavee Appigadoo en profitera pour faire le plein pour l’appareil ainsi que des pauses repos. Cette expédition fera de Pallavee Appigadoo la première femme à réaliser cet exploit. Elle confie que « cette aventure m’a énormément inspirée ! D’une part, avec ma propre passion pour l’avion et les défis que j’ai rencontrés dans ma propre vie. Mais aussi parce qu’une telle opportunité, it’s a one-time life experience ! Je ne peux me permettre de rater ça… »

Afin de réaliser le challenge Flying in the face of Adversity, Pallavee Appigadoo a parallèlement lancé un appel à une levée de fonds. Car elle doit payer la location du Cessna 172 et encourir d’autres frais. Avec cette levée de fonds, la jeune femme souhaite aussi faire un don à la SACIM envers laquelle elle se dit éternellement reconnaissante. La jeune femme compte sur un énorme élan de solidarité pour soutenir son geste.

Ceux désirant contribuer à aider Pallavee Appigadoo dans cette aventure humaine peuvent le faire via à l’addresse suivante : https://www.backabuddy.co.za/campaign/flying-in-the-face-of-adversity.

« Trop triste que le PMO n’adhère pas  à cette grande aventure humaine… »

Quand elle apprend « de l’Aviation Civile, à Maurice, vendredi, peu avant de décoller, que sans une assurance pour l’avion, je n’aurais pas le permis d’atterrissage sur Plaisance, je me suis effondrée… Quand j’ai partagé l’information via les réseaux sociaux, avec le grand engouement que le challenge a suscité, de nombreuses personnes m’ont reproché de ne pas être sérieuse, et que j’ai manqué de professionnalisme. » La jeune femme confie qu’elle a « pleuré toutes les larmes de mon corps. En fait, les démarches auprès de l’Aviation civile à Maurice ont été faites depuis deux mois. Mais ce n’est que vendredi soir que cette instance m’a informée que le PMO refusait que j’atterrisse si l’avion n’est pas assuré. »

1. Appigadoo relève que, « par contre, l’île de la Réunion, qui se préparait à nous accueillir lundi 17, n’a rien réclamé de tous ces documents. C’est dommage que ma mère patrie n’adhère pas à cette grande aventure humaine ! » La jeune pilote poursuit, expliquant que « dès le départ de l’aventure, nous avons sollicité une assurance pour cet avion auprès de différences instances, dont en Afrique du Sud et même en Angleterre. Mais nous avons été refoulés parce que personne n’avait jamais effectué ce vol auparavant. Les compagnies d’assurance ne comprennent pas la technologie derrière le moteur du Cessna 172, et ne sont pas prêtes à prendre des risques avec moi — un pilote qui a apporté ce moteur dans toute l’Afrique australe ! » Notre interlocutrice ajoute : « Le fabricant, Continental Aerospace Technologies, s’inspire de cette mission et est même l’un de mes sponsors les plus fiers ! »

2. Appigadoo se désole que « les gens voyagent à travers le monde et au-dessus de l’immense océan Atlantique. La seule différence est qu’ils viennent d’Europe et des États-Unis. Alors pourquoi sommes-nous retenus en Afrique ? » Elle soutient : « J’ai vécu trop de choses pour m’arrêter maintenant et abandonner n’est pas dans ma nature. » Elle lance un ultime appel : « Nous apprécierions toute aide, qu’il s’agisse d’une assurance ou d’une exemption du gouvernement. Les grandes choses ne sont jamais sorties des zones de confort. »

Battante dès sa tendre enfance

Pallavee Appigadoo est née avec un trou dans le cœur. Puis, à 11 ans, les médecins lui diagnostiquent une scoliose (une déviation permanente de la colonne vertébrale, liée à une rotation des vertèbres). Dès ses jeunes années, la fillette nourrit un rêve : devenir pilote… Les obstacles qui se dressent sur sa route auraient pu l’avoir détournée de ses aspirations. Mais c’est mal la connaître !

Durant son enfance, les soins spécialisés tant pour son trouble cardiaque que sa scoliose n’étant pas disponibles à Maurice, Pallavee Appigadoo est soignée à coups d’antidouleurs et doit se soumettre à des bilans de santé très réguliers.

En 2016, une tante entame des démarches auprès de la Sacim, qui accepte de prendre en charge la jeune patiente pour un traitement complet. L’association assure son déplacement à l’étranger, ses frais d’hôpitaux ainsi que d’hôtel. C’est ainsi qu’en février 2017, Pallavee et sa maman se retrouvent en Inde, où elle subit une opération à cœur ouvert, suivie d’une chirurgie corrective pour sa scoliose.

Elle rentre au pays en mai de cette même année, bien déterminée à concrétiser son rêve de devenir pilote. Mais un nouveau coup dur l’attend. Quand elle s’adresse à l’Aviation Medical Examiner de Maurice, elle se heurte à un refus catégorique ! 2018, elle pose ses valises en Afrique du Sud et suit sa formation élémentaire pour devenir pilote dans une école spécialisée. Sans se douter que d’autres ennuis l’attendent.

En effet, elle se retrouve à repasser à plusieurs reprises son examen médical de classe 1. Elle finit heureusement par y arriver. Le 31 décembre de la même année, Pallavee Appigaddoo effectue enfin son tout premier vol d’entraînement ! La jeune femme peut souffler.

Ou presque. Quelques concours de circonstances plus tard, Pallavee Appigadoo s’inscrit dans une école de pilotage à Pretoria, où elle complète sa formation professionnelle. Mars 2020, elle peut finalement voler en solo… Mais c’était sans compter avec le Covid-19. Nouveau coup dur pour la jeune femme, qui doit attendre mars 2021 pour décrocher sa licence de pilote privée.

Depuis le 2 avril 2024, Pallavee Appigadoo décroche enfin le précieux document pour lequel elle a tant donné et sacrifié : sa licence de pilote professionnel.

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