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Relativité salariale – Business Mauritius : « C’est triste qu’on nous accuse de faire de la politique»

Business Mauritius n’a pas tardé de donner la réplique au ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callichurn, qui avait accusé Business Mauritius de faire le jeu de l’opposition. « C’est triste qu’on en soit arrivé là », a rétorqué Anil Currimjee président en exercice de Business Mauritius, qui était entouré de Kevin Ramkaloan et de Pradeep Dursun, Chief Executive Officer  et Chef Operating Offcer respectivement. « Nos conseils légaux nous disent que le ministre ne peut pas agir sous la section 106 de l’Employment Rights Act. Si nous n’acceptons pas leur opinion légale, nous acceptons ce qui est au-dessus de la loi et que le gouvernement est au-dessus de la loi », fait-il comprendre.

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« Une institution comme Business Mauritius est attaquée et est accusée de se livrer à des actions politiques, c’est triste. Depuis la conférence du ministre en août dernier, nous avons attiré l’attention du gouvernement sur le problème de légalité et de principe. Nous avons travaillé ensemble et avons essayé de résoudre ce problème. Ce n’est pas aujourd’hui que nous avons dit que la décision ministérielle n’est pas claire. Nous l’avons fait depuis sept semaines. Nous avons expliqué notre position en écrit et verbalement au gouvernement », poursuit le président de Business Mauritius.

Faisant l’historique de la situation, le porte-parole du secteur privé soutient que depuis la proclamation des Remuneration Regulations « nous avions émis un communiqué pour dire que nous ne sommes pas confortables et que nous sommes en consultations avec nos légistes. Nous avions dit la même chose au gouvernement. Ce lundi, nous avons publié un mémo destiné à nos membres dans le même esprit que les commentaires faits durant ces dernières semaines pour dire que nos conseils  légaux nous ont informés qu’il y a un problème et de maintenir le statu quo salarial. Lorsque vous avez une opinion juridique qui vous dit que cette décision n’est pas légale, que voulez-vous qu’on dise à nos membres? Pouvons-nous leur dire que tout est bon ? Pouvons-nous leur dire que nous sommes confus ? Six hommes de loi nous ont dit la même chose. Il n’y a rien de politique. Nous avons été consistants et honnêtes avec le gouvernement.  En même temps, nous leur avons demandé de trouver ensemble des solutions. C’est triste qu’on nous accuse de faire de la politique. C’est triste. »

Anil Currimjee avance qu’en 2022 avec le début de la guerre Russie/Ukraine, Business Mauritius avait lancé l’idée d’émettre des Vouchers allant jusqu’à un montant de Rs 15 000 avant de compenser la poussée subite de l’inflation qui affectait sérieusement les salariés. « Business Mauritius est impliquée dans la société mauricienne comme organisation. Lorsque nous avons vu nos employés, nous savions qu’il y a un problème. Nous, comme les autres, avions aidé. Le Minimum Wage est arrivé après. Nous étions en avance », affirme-t-il.

Il ajoute qu’au niveau du secteur privé, les salaires font partie d’une stratégie visant à attirer les talents. « Ce n’est pas une question de payer moins de salaires pour faire plus de profits. Aujourd’hui, ce n’est pas une question de ce qu’on paie ou de ce qu’on ne paye pas », dit-il.

Anil Currimjee indique que dès que le ministre a fait son annonce au sujet de la relativité salariale, Business Mauritius a demandé de voir les Regulations. « Nous n’avons jamais dit que nous sommes contre le montant si c’est bien fait en passant par les institutions dont le National Remuneration Bord, une instance tripartite. Aujourd’hui, nos conseils légaux nous disent que ce n’est pas légal. C’est un précédent. Comme une institution, nous ne pouvons pas accepter. Il faut continuer à parler afin de trouver une solution légale », concède-t-il.

Interrogé sur les opinions légales, le président de Business Mauritius explique que « premièrement, les régulations ministérielles ont été faites sur la base de la section 106 de l’ERA. Ce n’est pas la bonne section. Les avocats nous disent que le ministre n’a pas le pouvoir, sous cette section, de faire ce qu’il a fait. Peut-être que les gens pensent que c’est qu’un numéro, mais ce n’est pas un numéro, c’est un pouvoir. Dans tous les textes de loi, les ministres ont des pouvoirs. La loi leur donne. Et si le ministre a pris une section où il n’a pas de pouvoir et il essaie de faire des choses, imaginez où cela peut finir dans cinq ans ou dans dix ans. Un ministre va dire, je n’ai pas de pouvoir, ce n’est pas grave, je vais le faire quand même. Deuxièmement, s’il veut faire ce qu’il a fait, il doit aller à travers les sections 91 à 93 où il y a le processus. Il ne peut pas se réveiller et dire, je veux faire cela. Il doit suivre les dispositions de la loi, il doit avoir des consultations. Il peut aller vite, mais il faut le faire bien avant la mise en œuvre. La section 106 ne donne pas ce pouvoir au ministre. S’il veut le faire, il doit agir sous les sections 91 à 95. Le ministre n’a pas suivi les procédures. Alors, nous sommes un peu bloqués, on est un peu bloqué.»

Anil Currimjee insiste sur la nécessité pour Business Mauritius de dire la vérité à ses membres ainsi que sur la nécessité de poursuivre les discussions avec le gouvernement. « Nous ne pouvons pas dire à nos membres que tout est bon. La seule chose que nous pouvons leur dire est qu’il y a un problème légal. Nous continuerons à discuter avec le gouvernement, jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. C’est très triste que nous sommes arrivés là et j’espère que nous pourrons sortir de là plus vite », avance-t-il.
Le recours à la justice n’est pas écarté même si Business Mauritius n’est pas tenu de le faire et que la démarche légale puisse être entreprise par une entreprise privée.

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