En dépit de l’annonce d’un accord final négocié fin de semaine dernière entre Port-Louis et Londres sur le Chagos Deal, le suspense reste de mise quant à la signature formelle de ce Much Better Deal et la mise à exécution de la restitution de la souveraineté de Maurice sur l’archipel ou encore le bail de la base militaire de Diego Garcia. Avec la cérémonie d’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le prochain Move des Américains sur le dossier des Chagos est anticipé avec appréhension. D’ailleurs, l’entourage militaro-diplomatique du nouveau président privilégie un mot : Renegotiate. D’autre part, Londres consent que les prochains et premiers échanges entre le président américain et le Premier ministre britannique, sir Keir Starmer, devraient s’articuler autour de deux dossiers conséquents, à savoir les Chagos et les tarifs dans la guerre commerciale initiée par l’administration américaine.
La dernière contre-offensive américaine contre le Chagos Much Better Deal est orchestrée par un ancien National Security Adviser américain sous le premier mandat de Donald Trump. Intervenant dans le cadre des débats sur les priorités du nouveau président américain, le Lt Gen HR McMaster maintient des plus catégoriquement que « the British deal to transfer sovereignty to Mauritius would have to be renegotiated because of its impact on the UK/US airbase at Diego Garcia ».
« I think surrendering the Chagos Islands, or putting the Chagos Islands in a situation where they can easily be coerced, by the Chinese Communist Party for example, I hope it’s a position that we see reversed by Donald Trump, and by the UK government », s’est-il appesanti en ce début de semaine. Toutefois, la plus délicate appréhension autour d’un veto de Donald Trump à l’accord après 14 rounds de négociations entre Port-Louis et Londres est entretenue avec l’influence, pour ne pas dire l’emprise, sur le camp de Donald Trump de Nigel Farage, le leader de l’UK Reform Party, qui aspire à devenir le prochain locataire du 10 Downing Street. D’ailleurs, le même Nigel Farage, qui a coordonné et alimenté depuis le 3 octobre de l’année dernière toute la campagne politique et diplomatique contre l’accord sur les Chagos, se trouve officiellement à Washington pour la cérémonie d’investiture.
La Shadow Foreign Secretary (Conservateur), Dame Priti Patel, qui fait partie des invités de Donald Trump à Washington, pourrait profiter de sa présence et de ses contacts au sein de la nouvelle administration américaine pour relancer de manière décisive la campagne du gang des Anti-Chagos Deal pour faire reculer le Premier ministre britannique.
Par contre, sir Keir Starmer, toujours à Londres, n’étant pas invité pour le retour politique de Donald Trump, reste dans l’attente d’un prochain et premier échange avec le président américain. La Press Association (PA) de Londres, qui confirmait, hier dans une dépêche que « sir Keir Starmer will hold talks with Donald Trump in Washington within weeks as the special relationship faces strains under the incoming president », devait également apporter des précisions au sujet de l’éventuel agenda. « The US President-elect is weighing up whether to approve the appointment of Lord Mandelson as the UK’s new ambassador in Washington, the fate of the Chagos Islands deal and the extent to which tariffs will hit Britain », poursuivent les correspondants politiques de la PA.
Au sujet des Chagos, l’agence de presse britannique s’appuie sur les commentaires du Foreign Secretary David Lammy à l’effet que « despite opposition within the Trump camp to the Chagos Islands deal, Mr Lammy said he was confident that the intelligence and military agencies in the US would persuade the new president it was a good agreement ». D’ailleurs, dans une intervention dans la capitale britannique, David Lammy devait réitérer : « It’s right and proper that Donald Trump looks at that deal and is confident about that deal. But I would say that this has been through an inter-agency process in the United States and I suspect he will come to the same conclusions as the last administration. »
Ainsi, le Chagos Deal n’est plus entre les mains ni du Royaume-Uni ni de Maurice, mais des États-Unis…