Régime politique : l’importance de la démocratie aux yeux du peuple en temps de crise ?

66% de personnes interrogées sur 1 200 adultes préfèrent la démocratie à tout autre système politique contre 85 % en 2012, d’après une étude menée en avril-mai 2024 par Afrobarometer. Comment expliquer ce recul ? La démocratie en temps de crise économique perd-elle son importance aux yeux d’une section de la population ?

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Essayant de comprendre la raison derrière, Rajen Narsinghen, chercheur associé au Centre d’Études et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l’État (CERCCLE) – Université de Bordeaux, et ancien doyen de la faculté de droit à l’Université de Maurice, émet la possibilité qu’avec « la misère qui tape fort, il est difficile pour les gens de penser aux droits humains et à la démocratie. Ils essaient d’avoir des avantages avec les politiciens. Les intellectuels, les plus fortunés et la classe moyenne peuvent réfléchir sur la question de démocratie. Mais, pour ceux qui sont touchés par la pauvreté, c’est surtout la survie économique qui reste leur première préoccupation ». Il juge une telle situation dommage « car cela encourage les gouvernements à porter encore plus atteinte à la démocratie ».

Geetanee Napal, Associate Professor à l’Université de Maurice et spécialiste en matière d’éthique attribue ce déclin à un possible manque de compréhension de la notion de démocratie par certains des sondés. Elle est d’avis que des citoyens « avertis » seraient davantage capables de « participer de manière responsable » à une étude sur la perception de la démocratie. Elle se demande par ailleurs si les résultats d’une enquête menée auprès de 1 200 personnes peuvent être représentatifs de l’opinion de la population entière, soit environ 1.3 million d’habitants.

Sur un plan plus général, elle ajoute qu’il « y a un gros risque qu’une démocratie en régression engendre une vague de corruption si l’infrastructure anti-corruption n’est pas suffisamment tenace, ce qui est le cas des démocraties émergentes ou en voie de consolidation.»

Pour Parvez Dookhy, avocat et cofondateur du Ralliement citoyen pour la Patrie, la démocratie est en net recul à Maurice tant sur le plan institutionnel que sur le plan de la pratique et du respect de la valeur démocratique. Même si 64% des personnes interrogées estiment être libres d’exprimer leur opinion d’après le sondage d’Afrobarometer, il considère que « c’est peu dans une République, dans un pays où l’article premier de la Constitution proclame la valeur démocratique du pays. Ce n’est pas rassurant. Tout le monde devait normalement se sentir libre. Car dans une démocratie, tout le monde doit pouvoir exprimer son opinion ».

PARVEZ DOOKHY (avocat et fondateur du RCP) : « Nous devons toujours œuvrer pour davantage de démocratie »

Seulement 39% des Mauriciens sont (assez/très satisfaits du fonctionnement de la démocratie) dans le pays contre 72% en 2012. C’est ce qui ressort du dernier rapport d’Afrobarometer de StraConsult. 51% sont d’avis que le pays est une démocratie (pleine/ou avec problèmes mineurs) contre 76% en 2012. Comment ces chiffres vous parlent ? Y a-t-il lieu de s’inquiéter ?
La démocratie est en net recul à Maurice : d’abord sur un plan institutionnel et ensuite sur le plan de la pratique et du respect de la valeur démocratique. Sur le plan institutionnel, nous avons fait la république, mais le président n’a aucune, absolument aucune légitimité démocratique.
Il n’est pas élu, il n’y a pas de concurrence de candidatures, de campagne. Il est choisi en toute discrétion par le Premier ministre et ce choix est ratifié par le Parlement, au sein duquel le Premier ministre a une majorité. Au Parlement, en 1996, le tandem Ramgoolam/Bérenger a fait en sorte que le Speaker n’a plus besoin d’être choisi parmi les députés, parmi les élus de la nation. Mais depuis, le Speaker est lui-aussi une personne choisie en toute discrétion par le Premier ministre, extérieur au Parlement, et qu’il impose pour être le chef du Parlement. Or, le Speaker, depuis, n’a plus aucune légitimité démocratique !

Sur le plan de la pratique, depuis l’avènement de la république voulu par le tandem Jugnauth/Bérenger en 1991, nous sommes en nette rupture avec les valeurs de la démocratie que ce soit avec le modèle britannique ou avec le modèle français. À titre d’exemple, les élections sont renvoyées Sine Die ou repoussées, s’agissant des partielles, au plus tard possible pour laisser au maximum le siège vacant. C’est-à-dire priver les électeurs d’un élu.

Maintenant, pourquoi ce recul ? C’est que la république a signifié une rupture avec les mœurs et l’esprit de la démocratie britannique. Avant, le gouverneur général, le représentant de la reine, avait pour mission de faire planer sur toutes les institutions l’esprit de la démocratie britannique que nous appelons le Westminster Model.
Le président ne joue plus ce rôle tant il est l’obligé ou le soumis au Premier ministre. Il ne fait pas vivre l’esprit démocratique au sein de nos institutions. Ce qu’il aurait fait s’il était lui-même élu au suffrage universel.

Cette enquête menée auprès de 1 200 adultes entre avril et mai 2024 montre également que 66% des sondés préfèrent la démocratie à tout autre système politique contre 85 % en 2012. Comment interprétez-vous ce recul ? Pourquoi y a-t-il moins de personnes qui préfèrent la démocratie ?
Le Mauricien dans l’ensemble ne voit peut-être pas le recul de la démocratie par manque de moyen de comparaison. La politique n’est pas enseignée à l’école et le Mauricien, hélas, est de moins en moins sensible à une éducation civique.

Auparavant, les partis politiques faisaient de facto l’éducation civique du peuple. Plus aucun parti ou presque ne le fait aujourd’hui et même lorsqu’on tente de le faire plus personne ou presque ne suit. Nous n’arrivons pas, hélas, à parler sérieusement en politique, à faire une réflexion en profondeur. C’est un réel drame que nous sommes en train de vivre.

Par ailleurs, 64% des personnes interrogées estiment être libres d’exprimer leur opinion alors que 55% pensent que les dernières élections étaient libres et transparentes. Que traduisent ces chiffres ici pour vous ?

Même si ces chiffres sont au-delà de la majorité, ils ne sont pas élevés. C’est peu dans une république, dans un pays où l’article premier de la Constitution proclame la valeur démocratique du pays. Ce n’est pas rassurant. Tout le monde devait normalement se sentir libre. Car dans une démocratie, tout le monde doit pouvoir exprimer son opinion.

64% des sondés se disent en faveur d’une limitation du mandat du Premier ministre à la tête du pays. Dans le contexte de la tenue imminente des élections, pensez-vous qu’on peut y lire une certaine tendance de la part de la population pour le jour du scrutin ?
C’est malheureusement une fausse bonne idée. C’est un sujet où il faut un débat sérieux et technique. Les partis politiques ne l’abordent pas de manière technique mais purement démagogique et populiste. D’abord, le Premier ministre n’a pas de mandat en tant que tel. Le député en a, le président en a. Mais, le Premier ministre est nommé sans durée, il n’a pas de mandat. Mais, si nous considérons que sa nomination au cours d’une législature (à la suite d’une élection) est un mandat, le limiter à deux n’est pas une bonne idée si nous réfléchissons en profondeur. Car, à sa deuxième nomination (deuxième mandat), le Premier ministre ne va plus devoir rendre des comptes à la nation. C’est ce qui se passe actuellement en France pour le président. Il est en cours de deuxième mandat mais il ne peut remettre son mandat en jeu pour résoudre une crise constitutionnelle/politique et n’est plus responsable devant personne. Beaucoup pensent qu’il agit de manière irresponsable, politiquement et institutionnellement. Ce qui pose une difficulté en démocratie. L’idée de la limitation à deux mandats a un sens dans des pays où l’élection est truquée et c’est grâce à cette règle que nous arrivons à avoir une alternance, un changement de dirigeant.

86% des interrogés estiment que les médias devraient être libres de tout contrôle du gouvernement. Votre opinion ?

Un média, même s’il a une ligne idéologique ou éditoriale, doit présenter l’information de manière impartiale. À Maurice, la télévision d’État, entendons, du gouvernement, a un monopole en matière de diffusion d’information locale télévisée et est particulièrement propagandiste. Il n’y a que trois autres pays au monde où le gouvernement contrôle l’information locale et nous en faisons partie aux côtés de la Corée du Nord. C’est triste pour notre démocratie.

Dans l’ensemble, comment interprétez-vous cette étude ?

Nous devons œuvrer pour plus de démocratie, toujours. Il ne peut être différent dans une république. La difficulté, c’est la sensibilisation du peuple sur ce sujet.

GEETANEE NAPAL (Spécialiste en éthique) : « Un gros risque qu’une démocratie en régression engendre une vague de corruption »

Seulement 39% des Mauriciens sont (assez/très satisfaits du fonctionnement de la démocratie) dans le pays contre 72% en 2012. C’est ce qui ressort du dernier rapport d’Afrobarometer de StraConsult. 51 % sont d’avis que le pays est une démocratie (pleine/ou avec problèmes mineurs) contre 76% en 2012. Comment ces chiffres vous parlent ? Y a-t-il lieu de s’inquiéter d’après vous ?

Non, je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter. Ces chiffres représentent la perception d’un certain nombre de citoyens qui ont participé à cette étude— dans ce cas précis, 1 200. Les conclusions de tout sondage effectué dans un milieu quelconque reflètent l’opinion d’un échantillon de la population interrogée sur un sujet spécifique, dans notre contexte, démocratie et politique. Ces résultats sont-ils représentatifs de l’opinion de la population entière—1.3 million ? Le profil des participants a tendance à impacter leurs réactions et il s’agit là de l’évaluation du fonctionnement d’une démocratie.
Bien entendu, pas mal de facteurs influenceront la validité de l’étude. Est-il question d’indices comparables par rapport aux résultats de 2012—profil de la population interrogée, méthodologie utilisée pour les besoins de l’enquête ? Les valeurs d’une démocratie se réfèrent à la séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) et la garantie des droits fondamentaux. D’autres aspects incluent les principes de mandat électoral, la liberté d’expression/les débats publics, les élections libres et la transparence dans la gestion de l’État. Ce sont des caractéristiques de notre système.

Cette enquête menée auprès de 1 200 adultes en avril-mai 2024 montre également que 66% des sondés préfèrent la démocratie à tout autre système politique contre 85 % en 2012. Comment interprétez-vous ce recul ?
Comment ces personnes définissent-elles la démocratie ? J’imagine qu’une telle étude aurait dû être menée auprès d’une population de citoyens avertis, capables d’y participer de manière responsable. Encore une fois, il est important de connaître le profil des participants afin de formuler des conclusions logiques sur leurs réactions.
À moins qu’il soit question d’une population experte en matière de sciences politiques, j’éprouve des difficultés à comprendre ces résultats. Ces participants préféreraient-ils un régime totalitaire à la démocratie ? Est-ce possible qu’il y ait un facteur personnel ayant eu une conséquence sur leur jugement ? Je dirais que la validité d’une telle étude dépend en grande partie du profil et de la crédibilité de la population interrogée.
N’importe qui peut répondre à un sondage mais la légitimité de l’exercice pourrait être contestée si le participant interprète mal le sujet ou choisit délibérément de ne pas prendre l’enquête au sérieux et d’y répondre de manière insouciante. En général, de telles incohérences pourraient impacter la validité des résultats, ce qui entraînerait des conclusions erronées et infondées.

Par ailleurs, 64% des personnes interrogées estiment être libres d’exprimer leur opinion et 55% estiment que les dernières élections étaient libres et transparentes. Que traduisent ces chiffres ici pour vous ?
Ces critères correspondent aux normes requises d’une démocratie. Si nous comparons ces chiffres à ceux indiquant leur « désapprobation » de la démocratie, il y a là un élément de controverse. Ces participants soulignent que nous avons des élections libres qui se déroulent dans la transparence et ils affirment pouvoir s’exprimer librement. Ce sont là deux caractéristiques indiscutables d’une démocratie qui fonctionne.

64% des sondés se disent en faveur d’une limitation du mandat du Premier ministre à la tête du pays. Dans le contexte de la tenue imminente des élections, pensez-vous qu’on peut y lire une certaine tendance de la part de la population pour le jour du scrutin ?
Je ne peux me prononcer là-dessus. Il y a pas mal de propagande autour du sujet, comme à l’approche des élections chaque 5 ans.

86% des interrogés estiment que les médias devraient être libres de tout contrôle du gouvernement. Votre opinion ?
Je suis tout à fait en faveur de la presse indépendante et de la liberté d’expression aussi longtemps qu’il n’y a pas d’abus. Nous devons pouvoir faire confiance aux médias dont le but est de communiquer des informations authentiques afin d’éduquer la masse. Le sensationnalisme au nom de l’échange d’information porte atteinte à la réputation des journalistes professionnels et ça, ce n’est pas bien.

Dans l’ensemble, comment interprétez-vous cette étude ?

Dans l’ensemble, c’est une étude de perceptions visant à faire la lumière sur le fonctionnement de la démocratie. C’est un sujet qui s’avère pertinent à quelques mois des élections. Ce serait peut-être utile d’explorer les chiffres en baisse (66% qui préfèrent la démocratie contre 85% en 2012) alors qu’une majorité affirme qu’il y a liberté d’expression dans un système caractérisé par des élections libres et transparentes.

Quel lien une démocratie en régression peut-elle avoir avec la corruption ?
Il y a un gros risque qu’une démocratie en régression engendre une vague de corruption si l’infrastructure anti-corruption n’est pas suffisamment tenace, ce qui est le cas des démocraties émergentes ou en voie de consolidation. Les enjeux sont conséquents.
La démocratie est fondée sur la notion d’égalité des citoyens en droits et en devoirs, ce qui rejoint les concepts de déontologie. Le pouvoir appartient au peuple qui choisit librement ses représentants. C’est un fait établi que les sociétés démocratiques encouragent des élections compétitives et protègent la liberté d’expression de leurs citoyens. Cette idéologie favorise l’apprentissage des valeurs, notamment la tolérance, la coopération, le respect, le compromis social-vertus désirables au niveau individuel tout comme dans un milieu collectif.

Les pays plus développés que le nôtre prônent le respect de l’autonomie des médias, de l’État de droit, de règles de bonne gouvernance et des droits des citoyens. Nous pouvons nous améliorer sur certains aspects dont notre stratégie de gouvernance.
Un système politique crédible pourrait introduire une conception morale de la gouvernance liée aux principes de déontologie. D’après cette conception, tout acte politique doit se conformer aux exigences de l’éthique. Est-ce envisageable dans la culture mauricienne, cependant ?

 

RAJEN NARSINGHEN (chercheur associé) : « Avec la misère, difficile pour les gens de penser à la démocratie »

Seulement 39% des Mauriciens sont (assez/très satisfaits du fonctionnement de la démocratie) dans le pays contre 72% en 2012. 51 % sont d’avis que le pays est une démocratie (pleine/ou avec problèmes mineurs) contre 76% en 2012. C’est ce qui ressort du dernier rapport d’Afrobarometer de StraConsult. Comment ces chiffres vous parlent ? Y a-t-il lieu de s’inquiéter selon vous ?

Au cours de notre histoire, il y a eu des atteintes à la démocratie mais je crois que durant les dernières dix années, il y en a eu encore plus tant au niveau de la presse, du financement de la presse, qu’au niveau du fonctionnement de la police à la prison en passant par la liberté d’expression de la population et celle des universitaires. Nous constatons un recul de la démocratie.
Plusieurs rapports dont le V-Dem, le U.S Department of State, Mo Ibrahim ont constaté ce déclin. Pour ce qui est du sondage d’Afrobarometer, je ne sais quelle méthodologie précisément a été utilisée – on a interrogé 1 200 personnes, mais pour moi, environ 20% de la population, de par leur affiliation politique au régime en place, vont dire qu’ils sont satisfaits.
Personnellement, je pense que cela doit tourner autour de 25% (ceux qui sont satisfaits du fonctionnement de la démocratie) et là aussi, à cause de leur inclination politique. Nous nous souviendrons comment les radios ont été brimées à une époque ; des règlementations au niveau de l’IBA, des arrestations, allégations de Planting, etc. Tout cela a créé un climat de frayeur dans la population. Donc, de 72% qui étaient assez/très satisfaits en 2012, il y a eu une baisse conséquente et rien n’est fait pour l’heure pour atténuer cette situation.

Cette enquête menée auprès de 1 200 adultes en avril-mai 2024 montre également que 66% des sondés préfèrent la démocratie à tout autre système politique contre 85 % en 2012. Comment interprétez-vous ce recul ? Pourquoi y a-t-il moins de personnes qui préfèrent la démocratie ?

Aujourd’hui, il y a eu une paupérisation de la population. Avec la misère qui tape fort, il est difficile pour les gens de penser aux droits humains et à la démocratie. Ils tentent d’avoir des avantages avec les politiciens. Les intellectuels, les plus fortunés et pour la classe moyenne peuvent réfléchir sur la question de démocratie.
Mais pour ceux qui sont touchés par la pauvreté, c’est surtout la survie économique qui reste leur première préoccupation. C’est dommage car dans les pays avec une telle situation, cela encourage les gouvernements à porter encore plus atteinte à la démocratie.
C’est alors que noyons des politiciens sur le terrain distribuer à manger, organiser des petites fêtes ça et là, offrir des cadeaux ça et là. Pour ces gens en difficulté, avoir une petite augmentation, un petit avantage, cela les plonge dans une illusion monétaire et ils ne réalisent pas le danger.

Par ailleurs, 64% des personnes interrogées estiment être libres d’exprimer leur opinion et 55% estiment que les dernières élections étaient libres et transparentes. Que traduisent ces chiffres ici pour vous ?

Ceux qui disent que les dernières élections étaient libres et transparentes se basent beaucoup plus à mon avis sur les décisions de la Cour suprême et du Privy Council.
Là encore, je pense qu’au niveau des lois, ce sont toujours les procédures, les Laws of Evidence qui sont, pour ainsi dire, mal taillées pour ne pas permettre à la cour de rendre leur verdict à temps et aussi de demander des preuves concrètes.
Mais, les preuves concrètes restent avec ceux qui ont fait les élections. C’est pour cela que 55% croient qu’elles étaient libres et transparentes. Quand nous regardons la chaîne de télé nationale pendant la période pré-campagne électorale ou pendant la campagne électorale, nous pouvons voir que c’est loin d’être free and fair.
Quant à 64% estimant être libres d’exprimer leur opinion, là aussi, je pense qu’il y a manque d’informations sur comment les fonctionnaires ne peuvent pas parler. La Freedom of Information Act n’a toujours pas été passée. Même parmi la population, certains ne veulent pas se risquer à se prononcer contre le gouvernement de peur qu’il y ait du Planting, comme dénoncé par Bruneau Laurette, d’Akil Bissessur. C’est un mot à la mode.

64% des sondés se disent en faveur d’une limitation du mandat du Premier ministre à la tête du pays. Dans le contexte de la tenue imminente des élections, pensez-vous qu’on peut y lire une certaine tendance de la part de la population pour le jour du scrutin ?

Je pense que c’est une bonne chose d’avoir une limitation du mandat mais pour cette élection il est trop tard. Si la population veut aller dans cette direction, je pense que pour un Premier ministre, après l’élection 2024, avec les changements constitutionnels, le Premier ministre et le président peuvent avoir je pense deux mandats cumulés ou non ; idem pour les ministres et peut-être trois mandats pour les députés. Dans sa vie, une personne ne peut être ministre, Premier ministre plus de dix ans. Mais pour cette fois, cela faussera les enjeux, il faut donner une amnistie aux anciens Premiers ministres.

86% des interrogés estiment que les médias devraient être libres de tout contrôle du gouvernement. Votre opinion ?

Je pense que c’est une bonne chose que la majorité des Mauriciens pensent qu’il faut absolument préserver cette liberté de la presse qui a été brimée par l’IBA Act et par un financement sélectif de publicités. N’empêche, il faut garder l’équilibre.
Il y a des gens qui soutiennent le gouvernement, qui font de la diffamation à travers Internet et qui ne sont pas inquiétés par la Police. Les deep fake news sur des membres de l’opposition peuvent influencer les élections. Comment alors parler de free and fair elections ? Certes, la liberté d’expression doit être là mais sans causer des diffamations, sans véhiculer de fausses nouvelles. Par contre, quand ce sont des adversaires du gouvernement, la police intervient pour arrêter des gens.

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