Recrutement des travailleurs étrangers : Uteem annonce l’institution d’un comité interministériel

Le ministre du Travail, Reza Uteem, a annoncé l’institution d’un comité interministériel consacré au recrutement des travailleurs étrangers. Le comité est placé sous sa présidence et comprend le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, le ministre de l’Industrie, Adil Ameer Meea, et le ministre des TIC, Avinash Ramtohul.
Le ministre, qui répondait à une Private Notice Question du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, a expliqué que déjà quatre séances de travail ont été organisées afin d’écouter les représentants des travailleurs qui ont exprimé leurs préoccupations et soumis des propositions. Le comité a également entendu des représentants de la communauté des affaires contre le risque d’un surnombre de travailleurs étrangers « uniquement parce qu’ils coûtent moins cher que l’emploi des travailleurs mauriciens ».
Reza Uteem a annoncé que le gouvernement se penche sur toute la question des travailleurs étrangers « car en raison de l’indifférence de l’ancien régime », Maurice se retrouve sur la liste noire de plusieurs organisations. « Nous sommes considérés comme le pays qui pratique le trafic de personnes. Le département d’État américain a mis Maurice sur une liste noire comme un pays où il y a le travail forcé et où les travailleurs sont maltraités. Ce qui a un impact sur le secteur d’exportation et représente une menace en ce qui concerne l’AGOA », met en garde le ministre.
Reza Uteem s’est étonné que le leader de l’opposition l’interpelle sur des mesures qui sont prises concernent le manque de main-d’œuvre « alors que nous sommes dans cette situation, précisément parce que depuis dix ans, l’ancien régime n’a rien fait pour résoudre cette question. Aujourd’hui, nous sommes dans cette situation à cause de l’inaction du gouvernement précédent. »
Reza Uteem a expliqué que des mesures seront prises à trois niveaux. Le premier consistera à s’assurer que les demandes d’emploi de la part des Mauriciens correspondent aux offres d’emplois. À ce propos, le ministère des TIC développera un logiciel avec l’aide de l’intelligence artificielle qui va automatiquement réconcilier les demandes et les emplois. Le deuxième niveau consistera à renforcer les compétences à travers la formation avec l’aide du ministère de l’Éducation. Il a déploré la lenteur concernant la formation des travailleurs mauriciens. Entre 2024-2025, le nombre d’employés formés par le MITD s’élève à 88. Alors que la demande des travailleurs atteint des milliers, a-t-il souligné.
Le troisième niveau concerne les travailleurs étrangers. À ce propos, le ministre a dénoncé une « mafia qui opère au niveau du recrutement des travailleurs ». Alors que des employés ont attendu des mois pour obtenir leur permis qui ont été repoussés pour divers prétextes, « certains recruteurs obtiennent leur permis avec une facilité déconcertante sans qu’aucune question ne leur soit posée et bien entendu, en payant des commissions plus élevées ». De plus, alors que c’est le ministre qui accorde les permis de recrutement, les appels sont entendus par un comité présidé par le ministre lui-même.
Reza Uteem a s’est appuyé sur une série de statistiques. Ainsi, 34 744 chômeurs sont enregistrés aux bureaux du travail. Toutefois, 20 618 ont déjà des emplois. « Ils continuent à faire tamponner la carte de chômage dans l’espoir de trouver un emploi dans le gouvernement », dit-il.
Par ailleurs, le ministère du Travail comptait 32 538 offres d’emploi en 2024 et 5 000 offres depuis le début de l’année. Et actuellement, 48 450 travailleurs étrangers sont présents dans l’île, notamment dans le secteur du textile et de la construction. Il a reconnu que plusieurs secteurs opèrent au ralenti faute de main-d’œuvre. Il s’est appesanti sur les critères définis par l’ancien gouvernement et qui seront revus par le comité interministériel.
Autre donnée importante révélée, 4 827 travailleurs illégaux au pays, dont 542 travailleurs qui ont perdu leur emploi. Et 2 785 travailleurs travaillent sans permis. Reza Uteem explique que cette situation existe parce que les employeurs « ne renouvellent pas les permis de leurs travailleurs et les réemploient comme travailleurs illégaux afin d’éviter de payer les frais de licence ».
À ce propos, Reza Uteem a déploré que sous l’ancien régime aucun employeur de travailleurs illégaux n’ait été poursuivi. « Pour qu’il y ait des travailleurs illégaux, il faut qu’il y ait des employeurs illégaux », a-t-il dit. Il a aussi annoncé qu’un protocole d’accord est en voie de préparation entre Maurice et Madagascar, visant à mettre bon ordre dans le recrutement des travailleurs malgaches.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour