Rattaché à Queen Victoria, Bonne Mère est un autre de ces villages de l’est qui respire la tranquillité. Niché entre Camp de Masque et Flacq le développement y semble lent. Toutefois, ses habitants ont su bâtir un sens de la solidarité et d’unité très solide et exemplaire.
À cinq minutes de Flacq, Bonne Mère c’est ce paysage rural continué de verdure et de cannes à sucre. Ce village aux contours traditionnels est annexé au Village Council de Queen Victoria. Une virée dans l’endroit permet de constater qu’en termes de développement est limité. On y trouve un centre communautaire rénové quelques années de cela où sont proposés divers cours et causeries. Les habitants disposent aussi d’un terrain de foot et de pétanque. Les plus petits peuvent s’amuser au jardin d’enfant situé à proximité d’un kiosque à la Rue Flamboyant. Plusieurs lieux de culte, Mandiram, shivala, chapelle et autres, permettent d’apprécier la diversité où tous vivent comme “une grande famille malgré nos différences”, confie Danwantee Lobind, 65 ans. Celle que nous rencontrons aux abords du kiosque a été faitE MSK pour sa contribution dans le domaine social au sein de son village pas plus tard que l’année dernière.
Manque de facilités
Fondatrice des premiers mouvements féminins de Bonne Mère, elle œuvre depuis plus de
trente ans pour l’empowerment des femmes. Danwantee Lobind a mis sur pied plusieurs associations socio-culturelles, des centres de formation pour apprendre l’hindi et a lancé, à l’époque, le Young Farmer’s Club pour promouvoir l’élevage et la plantation. Cette ancienne Family Support Officer est aussi à l’origine du nom donné à l’unique institution scolaire de la région, notamment l’école primaire Sir Emile Seriès. “En 1992, j’ai été un membre actif de la PTA et j’ai suggéré que le nom de Emile Seriès lui soit donné à l’école. C’est une grande personnalité de l’établissement sucrier de FUEL”. Ce qu’il est important de retenir c’est que les terres de Bonne Mère ont appartenu auparavant à la propriété de Fuel. “D’ailleurs, la plupart des habitants de la région y travaillaient”, souligne cette dernière. Savrimootoo Ramsamy, 73 ans habite la région depuis les années 60. Il se souvient: “Ces terres étaient inhabitées à l’époque. Elles étaient surtout boisées”. Au cours des années, il a surtout vu le visage et la démographie de son village changer considérablement. Le nombre d’habitations n’a cessé de croitre. Par ailleurs, la construction d’appartements NHDC une dizaine d’année de cela y a aussi contribué. “Le seul souci, c’est le manque de facilités comme un centre de santé ou une pharmacie. Nous devons nous déplacer vers Flacq pour bénéficier de ces services’, souligne Paul, que nous rencontrons en route.
Femmes talentueuses et créatives
L’entraide est favorisée entre les habitants de Bonne Mere. L’entreprenariat est au cœur du quotidien des femmes. Shirley, 47 ans, mère de deux adolescents, propose depuis peu des services dans le massage ayurvédique. Karen Marie s’est spécialisée dans l’artisanat et fabrique des bijoux, des bougies et de la décoration pour toutes les occasions. D’autres comme Vinoda confectionne et vend des épices. “L’endroit recèle de femmes talentueuse et créatives ”, souligne Danwantee Lobind. Cette dernière, tout comme Shirley Marie, a surtout à cœur d’empower les dames de Bonne Mère pour qu’elles deviennent plus autonomes. “Pour ce faire, nous les encourageons à participer aux diverses formations”. Sachita Aujayeby, aussi connu comme “Madame Coco” est également un visage incontournable du coin.
Depuis plus de 12 ans, nombreux sont ceux qui transitent par Bonne Mère pour rejoindre Flacq et d’autres villages avoisinants à faire un arrêt pour se désaltérer au stand qu’elle tient en bordure de la route principale. Elle propose des cocos, eau de cocos, jus de fruits, bananes, ananas, melon d’eau, fruits confits et autres gourmandises. Avec le temps, celle qui dit “être passée dans nombre de publications et même à la télé” est devenu une référence pour son village. Elle conserve en toutes occasions le grand sourire qui la caractérise et surtout sa joie de vivre. “Le travail n’est plus le même. Depuis que je loue cet emplacement les affaires n’ont jamais été aussi mal. Je suis sur place depuis 6h. Depuis le confinement, les voyageurs s’arrêtent moins et les ventes ne suivent plus autant”, confie cette dernière.
La source de mon nom
Bonne Mère tient son nom de la source où prend naissance la Rivière Céré. Les habitants racontent que cette source d’eau toujours abondante a, pendant des années, été d’une aide précieuse pour ce village qui n’était pas approvisionner en eau. “Nous considérons cette source comme une mère parce qu’elle a pendant longtemps protégé et donné de son eau aux habitants d’ici et des villages voisins”, raconte Danwantee Lobind.