Le dernier rapport de Mo Ibrahim est venu confirmer ce que d’autres documents tiraient comme sonnette d’alarme sur la démocratie. Maurice figure ainsi parmi les « 4 top countries among the 10 most deteriorated countries over the decade ». Quel poids est susceptible de peser le rapport sur les élections et quel impact sur l’économie ?
Faizal Jeeroburkhan estime que le rapport peut influencer les élections en éclairant les citoyens sur la situation politique et socio-économique du pays. « Il met en évidence les manquements et les faiblesses au niveau de la gouvernance et d’autres critères comme la sécurité, la transparence, les droits civiques qui sont des préoccupations majeures ».
Par ailleurs, avec la première place attribuée aux Seychelles en matière de bonne gouvernance, Maurice, opine-t-il, « se retrouve face à des défis incontestables car la concurrence régionale jouera en faveur des Seychelles et d’autres destinations dans la région ». Pour remonter la pente, « il faut un leadership et une volonté politique solide pour des changements en profondeur dans la façon de gérer les affaires du pays ».
De son côté, la politicienne Padma Utchanah considère qu’indépendamment du rapport « le Mauricien ressent que toutes les institutions sont en panne » et ajoute que plus que le rapport, « qui est un constat scientifique, c’est le ressentiment de mauvaise gouvernance qui pèse sur la campagne électorale. Les récentes révélations issues des écoutes téléphoniques, certes illégales, diffusées sur les réseaux sociaux, démontrent ô combien nous avons atteint un niveau de pourrissement inimaginable ».
Elle regrette que le débat, nécessaire à une campagne électorale, soit pris en otage. « En réalité, il n’y a plus de débat tant l’attention des uns et des autres est captée par les révélations ». Pour elle, Maurice est devenu un « État failli où les institutions ne fonctionnent plus, et le droit a perdu de son autorité ».
Stefan Gua, activiste et politicien, note, pour sa part, qu’il y a eu « des événements extrêmement graves et sans précédent à Maurice depuis 2014 ». Pour lui, alors que ce gouvernement n’a pas été plébiscité par une grande majorité de la population, « il aurait pu tout faire pour une politique davantage à l’écoute. Or, nous avons vu tout le contraire. Il a basculé vers des dérives dictatoriales, surtout ces derniers mois ».
Il souligne que le Mauricien a perdu confiance dans les institutions censées défendre son intérêt. « Face à la défaillance de ces institutions, les rumeurs, les influenceurs sur les réseaux sociaux forgent et dominent l’opinion publique. Le moindre mot de travers peut prendre des proportions dangereuses, pouvant mener à des tensions sociales et communales. Et, c’est là le danger. Il n’y a personne au sein des institutions publiques qui soit suffisamment crédible pour calmer les esprits », prévient-il.
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FAIZAL JEEROBURKHAN : « Leadership et volonté politique solides pour des changements en profondeur »
Le dernier rapport du Mo Ibrahim Foundation Index met en relief la détérioration de Maurice au niveau de la bonne gouvernance depuis 2014, qui coïncide en cette veille d’élections à l’entrée au pouvoir du gouvernement sortant. Le rapport souligne que « Mauritius’s overall governance score has deteriorated at an accelerated pace over the most recent five years » et figure ainsi parmi les « 4 top countries among the 10 most deteriorated countries over the decade ». Ce constat vous surprend-il ?
Ce constat n’est nullement surprenant. Au cours des dernières années, nous avons témoigné d’une dégradation significative en matière de gouvernance du pays y compris la démocratie, l’État de droit, l’économie, le social, l’environnement etc. Avec des statistiques souvent manipulées et en l’absence de transparence, les autorités dépeignaient une image idyllique des affaires du pays.
Ceux qui osaient tirer la sonnette d’alarme étaient qualifiés d’antidémocrates et certains étaient même persécutés. Les rapports d’AfroBarometer indiquaient déjà une perte de confiance de la population dans les institutions. Le constat de Mo Ibrahim ne fait que confirmer les appréhensions. Cependant, le rapport surprend surtout par son ampleur et sa magnitude.
Après avoir été un modèle pour l’Afrique en matière de démocratie et de respect des droits des citoyens, Maurice se voit finalement figurer parmi les quatre des dix pays les plus dégradés en Afrique. Ce constat est écœurant et alarmant. Avec un bond de dix points, les Seychelles déclassent Maurice de la première place sur la bonne gouvernance.
Quel poids peut peser ce rapport sur les prochaines élections ?
Bien que le rapport n’ait pas de pouvoir décisionnel direct, il peut cependant influencer le cadre dans lequel les élections se dérouleront en conscientisant les citoyens et les institutions sur la situation politique et socio-économique du pays.
Ce rapport aura une incidence décisive auprès des électeurs et des électrices averties et informées. Il met en évidence les manquements et les faiblesses au niveau de la gouvernance et d’autres critères comme la sécurité, la transparence, les droits civiques qui sont des préoccupations majeures.
Il permet aux électeurs de faire un choix plus éclairé dans les urnes. Il permet aux candidats politiques de réorienter leur argumentaire et leur programme en fonction des problématiques identifiées dans le rapport. Il devrait en toute probabilité plomber les ailes de L’Alliance Lepep, responsable de ces dégradations, aux prochaines élections.
Contrairement à Maurice qui perd sa première place en Afrique concernant la bonne gouvernance, les Seychelles vivent une embellie, arrachant la première place et affichant une bonne performance en bonne gouvernance, démocratie et respect des droits fondamentaux. De quelle manière cette situation peut-elle fragiliser Maurice sur le plan international ?
Le rapport aura sûrement un impact négatif sur l’investissement étranger et l’afflux des touristes dans le pays pour les prochaines années. Maurice a jusqu’ici été vu comme le modèle de développement en Afrique. Avec la première place attribuée aux Seychelles en matière de bonne gouvernance, Maurice se retrouve en face des défis incontestables car la concurrence régionale jouera en faveur des Seychelles et d’autres destinations dans la région.
Avec cette reconnaissance internationale pour leur bonne gouvernance, les Seychelles pourront attirer plus d’investissements étrangers et plus de touristes au détriment de Maurice. L’image de Maurice sera fragilisée davantage par la perception d’une baisse relative de gouvernance. L’attractivité de Maurice dans le secteur touristique pourrait aussi être compromise avec une perte de compétitivité. Il faut à tout prix éviter un déplacement des investissements étrangers et des ressources touristiques vers les Seychelles.
Ce rapport montre en outre qu’en dépit des progrès concernant l’accès à Internet et les Foundations for Economic Opportunity, il y a eu un recul drastique sur le plan de la Security & Rule of Law, soit au niveau des droits fondamentaux du citoyen. Quelles sont les possibles conséquences d’une telle tendance sur le long terme ?
Les conséquences dépendront de la réaction du gouvernement et de la société civile suite au rapport. Si le déclin continue, des conséquences seront désastreuses sur le plan économique et social à moyen terme et sur le long terme. Le recul des libertés personnelles et de la liberté d’expression impactera la participation démocratique et la protection des droits des citoyens. Il y aura une perte de confiance du public et des investisseurs dans les institutions publiques et de leur gouvernance.
Certains pays refuseront de signer des accords bilatéraux avec Maurice, tel que le traité de non-double imposition. Les investisseurs, locaux et étrangers, hésiteront avant de placer leur argent dans des projets de développements ou dans les institutions financières à Maurice. Les touristes ne voudront pas visiter un pays qui se donne une aussi mauvaise image sur le plan international sur la sécurité et l’État de droit.
Quelles solutions dans l’immédiat pour remonter la pente ?
Pour remonter la pente, il faut d’abord un leadership et une volonté politique solides pour apporter des changements en profondeur dans la façon de gérer les affaires du pays. Il faut obligatoirement un changement de style de gouvernance tout en respectant les droits et la liberté des citoyens.
Il importe de consolider la démocratie, la méritocratie, la bonne gouvernance, la transparence, la redevabilité et il faut combattre le népotisme, le favoritisme, la fraude, la corruption, l’opacité, l’impunité etc. Il importe que les institutions publiques fonctionnent en toute liberté avec une efficacité accrue et avec des personnes indépendantes, compétentes, intègres et patriotiques à la tête. Il faut des lois comme la Freedom of Information Act, la Whistleblower Protection Act, la Fiscal Responsibility Act etc. pour combattre la mauvaise gouvernance et les abus du pouvoir.
Il faut revoir les procédures pour la sélection des candidats pour les postes constitutionnels et les postes de haute responsabilité au niveau des ministères et des corps paraétatiques. Le Parlement doit fonctionner avec plus de professionnalisme. La séparation de pouvoir entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire doit être scrupuleusement observée. Finalement, il est impératif que les pouvoirs excessifs entre les mains du Premier ministre soient repartis entre le président de la République – digne de ce poste -, les postes constitutionnels et les institutions publiques appropriées.
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PADMA UTCHANAH : « Le ressentiment de mauvaise gouvernance pèse sur la campagne »
Le dernier rapport du Mo Ibrahim Foundation Index met en relief la détérioration de Maurice au niveau de la bonne gouvernance depuis 2014, qui coïncide en cette veille d’élections à l’entrée au pouvoir du gouvernement sortant. Le rapport souligne que « Mauritius’s overall governance score has deteriorated at an accelerated pace over the most recent five years » et figure ainsi parmi les « 4 top countries among the 10 most deteriorated countries over the decade ». Ce constat vous surprend-il ?
La bonne gouvernance est un principe constitutionnel. L’article 45-1 de la Constitution énonce que le Parlement ne peut légiférer que pour la paix, l’ordre et la bonne gouvernance. Cet article est peu connu des Mauriciens et des députés eux-mêmes tant la mauvaise gouvernance s’est généralisée.
Indépendamment du rapport que vous citez, le Mauricien ressent, je le pense, que toutes les institutions sont en panne, pour ne pas dire mortes pour certaines, dans la mesure où elles ne remplissent pas leurs fonctions et devoirs.
Le naufrage institutionnel est bel et bien là. Les récentes révélations issues des écoutes téléphoniques, certes illégales, diffusées sur les réseaux sociaux, démontrent ô combien nous avons atteint un niveau de pourrissement inimaginable.
Quel poids peut peser ce rapport sur les prochaines élections ?
Plus que le rapport, qui est un constat scientifique, c’est le ressentiment de mauvaise gouvernance qui pèse sur la campagne électorale. La difficulté est qu’on découvre de jour en jour comment la mauvaise gouvernance, voire même une gouvernance mafieuse, s’est généralisée.
Le débat, qui est nécessaire à une campagne électorale, est pris en otage. En réalité, il n’y a plus de débat tant l’attention des uns et des autres est captée par les révélations. Or, il est essentiel de remettre au centre des discussions la question du bon fonctionnement des institutions : comment procéder pour les faire fonctionner en toute autonomie et indépendance dans l’intérêt supérieur du pays…
Contrairement à Maurice qui perd sa première place en Afrique concernant la bonne gouvernance, les Seychelles vivent une embellie, arrachant la première place et affichant une bonne performance en bonne gouvernance, démocratie et respect des droits fondamentaux. De quelle manière cette situation peut-elle fragiliser Maurice sur le plan international ?
Les Seychelles ne connaissent pas nos maux. Nous sommes frappés par le communautarisme et le copinage conjugués. Nos lois sont archaïques, dépassées et inadaptées à nos cultures et mentalités.
Le Seychellois a pris son destin en main et une nation a pu y prendre naissance. Nous avons complètement échoué à faire émerger la nation mauricienne. Parce que nous n’avons pas réussi, le peuple a d’autres priorités que l’intérêt général. Et par voie de conséquence, il n’est pas exigeant envers ses dirigeants. Il change de dirigeants en raison du phénomène de l’usure du pouvoir.
Mais le peuple, j’entends la majorité, ne change pas de dirigeants pour exiger l’exemplarité ou la morale politique, hélas! Quant à Maurice, nous démontrons que nous sommes devenus un État failli. C’est ainsi que nous qualifions un pays où les institutions ne fonctionnent plus, et le droit a perdu de son autorité. Il y aura forcément un impact au niveau de l’investissement et même de notre poids diplomatique.
Ce rapport montre, en outre, qu’en dépit de progrès concernant l’accès à Internet et les Foundations for Economic Opportunity, il y a eu un recul drastique sur le plan de la Security & Rule of Law, soit au niveau des droits fondamentaux du citoyen. Cela comprend les libertés personnelles et la liberté d’expression. Quelles sont les possibles conséquences d’une telle tendance sur le long-terme ?
Le droit, l’État de droit, recule complètement. Les institutions ont été remplacées, dans la réalité, par des officines, ce que d’autres appellent en créole Lakwizinn. Ce mode de fonctionnement est répandu partout. Partout il y a deux, trois personnes extérieures qui concoctent l’action ou la décision de l’institution et non l’institution elle-même !
Les officines, ou Lakwizinn, sont un État dans l’État. C’est extrêmement grave. Les institutions donnent simplement l’illusion d’exister mais leur mission est prise en otage par une officine.
Quelles solutions dans l’immédiat pour remonter la pente ?
Il faut repenser nos institutions. Pour cela, il nous faut des femmes et hommes d’État et non des politiciens de bas étage. Si ce sont ces derniers, les mêmes causes produiront les mêmes effets.
L’électeur doit designer 70 représentants au Parlement qui sont à la hauteur de l’enjeu. Il faut élire des députés qui ont le sens de l’État, qui pensent à l’intérêt général. Dans un deuxième temps, il faudrait recadrer les institutions et insuffler l’esprit de la Constitution.
Comment ?
En rendant les institutions comptables ou redevables devant la Justice dans un délai court. Nous devons avoir parallèlement une justice efficace. Nous devons en terminer avec ces procès à la rallonge et qui n’aboutissent pas. La Justice doit pouvoir trancher dans un temps raisonnable.
L’efficacité de la justice française dans l’affaire de Franklin illustre mes propos. La-Réunion a réglé l’affaire rapidement alors que chez nous c’était, comme tant d’autres, interminable. La justice doit insuffler le bon droit, la culture constitutionnelle nécessaire au redémarrage de nos institutions. Le président de la République a un rôle tout aussi essentiel. Il ne peut pas, en pareille circonstance, être une personnalité absente ou effacée.
Pour conclure ?
C’est très dommage qu’à quelques jours du scrutin, il n’y ait aucun débat sérieux, approfondi, alors que toutes les institutions ont fait naufrage, nous faisant basculer dans la mauvaise gouvernance.
La question à laquelle tous les partis auraient dû répondre, c’est comment faire pour remettre les organes du pays en marche. Il faut éclairer le peuple. Il ne peut choisir ses représentants sans comprendre l’enjeu qui est devant lui.
STEFAN GUA : « Perte de confiance dans les institutions censées défendre son intérêt »
Le dernier rapport du Mo Ibrahim Foundation Index met en relief la détérioration de Maurice au niveau de la bonne gouvernance depuis 2014, qui coïncide en cette veille d’élections à l’entrée au pouvoir du gouvernement sortant. Le rapport souligne que « Mauritius’s overall governance score has deteriorated at an accelerated pace over the most recent five years » et figure ainsi parmi les « 4 top countries among the 10 most deteriorated countries over the decade ». Ce constat surprend-il ?
Non, parce qu’il y a eu des événements extrêmement graves et sans précédent à Maurice depuis 2014. Un événement, d’après moi, qui a marqué le début de cette détérioration a été en 2017, lors de la passation de pouvoir de SAJ à son fils. C’est sans précédent dans l’histoire du pays en termes de démocratie et de bonne gouvernance. Cela a basculé la société vers ce que l’on voit aujourd’hui.
Un élément ayant énormément contribué à ce que des indices internationaux comme Mo Ibrahim montrent un déclin est 2019. En effet, nous avons eu un gouvernement qui a été élu avec environ 37% de voix en sa faveur mais qui se retrouve avec une majorité de 42 sièges au Parlement. Ce qui ne reflète pas le vœu du peuple.
C’était une joute essentiellement à trois et si on prend les quelque 32% de voix récoltées par le PTr combinées aux 20-21% de voix recueillies par le MMM, nous aurions pu voir en termes de sièges plus de 42. Mais, c’est le système politique qui est à blâmer. Cela nous montre que nos mécanismes politiques comportent des problèmes que nous devrons régler.
Ce que nous aurions pu attendre alors que ce gouvernement démarrait son mandat dans un tel contexte (il n’a pas été plébiscité par une grande majorité de la population), il aurait pu tout faire pour rectifier cela en adoptant une politique plus à l’écoute, plus consensuelle. Or, nous avons vu tout le contraire. Il a basculé dans des dérives dictatoriales, surtout ces derniers mois. Ce n’est donc pas étonnant.
Contrairement à Maurice qui perd sa première place en Afrique concernant la bonne gouvernance, les Seychelles vivent une embellie, arrachant la première place et affichant une bonne performance en bonne gouvernance, démocratie et respect des droits fondamentaux. De quelle manière cette situation peut-elle fragiliser Maurice sur le plan international ?
Avec la dépendance de Maurice sur le marché international, une perception peut se dégager selon laquelle le pays est dangereux avec de la corruption etc. Les investisseurs seront réticents et le tourisme s’en trouvera affecté.
Les organismes de fonds d’aide soutenant les divers projets de Maurice observent les indices démocratiques et de bonne gouvernance du pays bénéficiaire et ils peuvent mettre un terme à leur soutien. Maurice a un taux d’endettement élevé et cette situation peut ternir son image face aux partenaires internationaux.
Souvent, nous disons que le touriste apprécie l’accueil des Mauriciens. Mais, ce qui fait que le Mauricien est accueillant, c’est qu’il se sent bien dans son pays. Or, s’il perd ce sentiment, cela rejaillira sur son accueil.
Ce rapport montre en outre qu’en dépit des progrès concernant l’accès à Internet et les Foundations for Economic Opportunity, il y a eu un recul drastique sur le plan de la Security & Rule of Law, soit au niveau des droits fondamentaux du citoyen. Cela comprend les libertés personnelles et la liberté d’expression. Quelles sont les possibles conséquences d’une telle tendance sur le long-terme ?
Il faut regarder la question sous deux volets, d’abord international comme je l’ai dit. Au niveau local – et nous la vivons actuellement à la veille de ces élections – c’est que le Mauricien a perdu confiance dans les institutions censées défendre son intérêt. Et, dans cette perte de confiance, les citoyens ne croiront pas toutes les personnes garantes de ces institutions. Et, face à la défaillance de ces institutions, les rumeurs et influenceurs sur les réseaux sociaux forgent et dominent l’opinion publique.
Depuis le Covid-19, s’est installé un nouveau mode de gouvernance qui centralise les pouvoirs et fait que toutes les personnes au sein des institutions publiques ne répondent qu’à une personne : la tête du Sun Trust. C’est là le mode de gouvernance qui prédomine aujourd’hui.
S’il y a des décisions d’État à prendre, elles ne seront pas prises dans les institutions d’État et cela entraîne la perception publique que ces institutions ne sont plus dignes de confiance. Ce qui explique que les gens ne savent plus qui écouter et nous croyons la moindre rumeur.
Dans de telles circonstances surgit la montée du populisme. Ce qui fait que le moindre mot de travers peut prendre des proportions dangereuses, pouvant mener à des tensions sociales et communales. Et, c’est là le danger. Il n’y a personne au sein des institutions publiques qui soit suffisamment crédible pour calmer les esprits. Cela nous renvoie à Février-99 où nous avions un président de la république crédible et aimé de la population. Quand il descendit sur le terrain, les gens l’écoutèrent. Aujourd’hui, malheureusement, s’il y a des tensions et que le président ou le Premier ministre descendent sur le terrain, ce n’est pas sûr que nous les écouterons.
Quelles solutions dans l’immédiat pour remonter la pente ?
Depuis la dissolution du Parlement, il y a eu un Feel Good Factor car les gens ont senti que la campagne a démarré et qu’ils seront plus libres de parler. Ils sentent moins de répression. Il faut créer les conditions pour redonner confiance à la population. Un des grands souhaits des Mauriciens est l’écoute.
Il aurait fallu attester qu’il y a une table d’écoutes tout en menant une enquête et rassurer la population qu’elle n’est pas à l’écoute. Ensuite, il faut revoir l’IBA Act pour que les radios puissent opérer sainement et que la MBC travaille vraiment dans l’intérêt de la population. Quand on redonne confiance à la population, cela rejaillit sur l’économie.