Ce 18 mars, les Mauriciens de foi islamique veilleront très tard. Raison : ils observent la 15e nuit du 8e mois du calendrier lunaire musulman, Shabaan. En cette veille de la 15e nuit est observé le Shab-e-baraat, qui est ponctué de prières et de récitations du Coran durant une très large partie de la nuit.
Le Shab-e-Baraat déclenche également le compte à rebours pour le mois sacré du jeûne, le Ramadan, qui démarre début avril prochain.
Une nuit de prières dans les mosquées de l’île, ponctuée par la récitation des versets coraniques, entre autres, marque la nuit du Shab-e-Baraat.
Nombreux sont ceux qui, également, se rendent dans les cimetières pour décorer des tombes des proches et parents disparus, et en profitent pour y prier.
Mais pour la troisième année consécutive, les musulmans de Maurice observeront cette nuit précieuse de par sa portée spirituelle dans leurs foyers, plutôt que dans les mosquées et cimetières, consignes sanitaires obligent. Et ce, malgré tous les appels des religieux de divers bords et de toutes les communautés pour un relâchement dans certaines circonstances précises. « Quand on voit les gens se rendre en masse dans les centres commerciaux ou aux marchés, expliquent ces religieux sous le couvert de l’anonymat, on ne peut qu’être irrité par l’injustice envers ceux qui veulent prier. »
À leur sens, ajoutent ces religieux, « c’est une politique de deux poids, deux mesures ». Et d’ajouter : « Avec tout ce qui se passe dans le pays – les inondations qui causent des morts, et tant de dégâts, sans oublier les problèmes courants, comme les crimes avec violences – et quand on voit également la situation dans le monde, avec le conflit russo-ukrainien, qui fait planer l’ombre d’une guerre mondiale, on se rend bien compte que l’heure est à la prière et à un regain de spiritualité. Mais à Maurice, c’est comme prêcher dans le désert que de tenir un tel discours ! »
« La nuit du Shab-e-Baraat marque l’arrivée du Prophète Muhammad (PSSL) à la Mecque, expliquent au Mauricien quelques religieux musulmans. Certains confèrent à cette nuit spéciale un cachet unique devant représenter la nuit du pardon, ou alors, elle précède le jour de l’expiation. Nombreux sont les musulmans qui estiment, de même, que le Prophète (PSSL) visite les maisons de chacun durant cette nuit. D’où cette application aux prières. » De fait, le Shab e-Baraat, qui est connu entre autres comme « la nuit des attributions » et/ou « la nuit de la délivrance ou du salut », se compose justement de prières “nawwafil” et récitations de divers versets coraniques, principalement la sourate Yaseen, la sourate Mulk et la sourate Alif Lam Meem Sajdah, qui composent essentiellement cette nuit pieuse.
La nuit du Shab-e-Baraat est aussi très attendue par la communauté musulmane, car elle déclenche le compte à rebours pour le mois sacré du Ramadan, le mois de jeûne du calendrier musulman, qui se clôt avec la fête Eid ul-Fitr. Cette année, le Ramadan démarre durant les premiers jours d’avril, toujours dépendant de la visibilité de la lune. Il s’étendra sur les quatre prochaines semaines.
À ce stade, l’on ne sait si le gouvernement accédera à un certain assouplissement des mesures sanitaires, surtout s’agissant des prières Taraweeh, qui ne sont faites que durant le mois du Ramadan, en congrégation, dans les mosquées, toutes les nuits après la dernière prière du soir, soit Esha.