Réélue à la tête de la même équipe au sein de l’Air Mauritius Cabin Crew Association (AMCCA), la syndicaliste Yogita Baboo revient sur la situation en cours à la compagnie d’aviation nationale.
Vous avez été réélue à la tête de l’AMCCA. Quel est votre sentiment?
Je suis très contente. Non seulement pour moi, mais aussi pour toute l’équipe qui a été reconduite. Je suis surtout fière de la confiance que nos membres ont en nous. Cela démontre que nous avons fait et faisons ce qu’il faut pour que nos droits et conditions de travail soient respectés. Cela démontre aussi la solidarité et l’unité au sein de l’AMCCA, et que même si nous pouvons avoir des divergences d’opinions, notre but reste commun, et cela nous unit dans notre lutte pour de meilleures conditions de travail et le rétablissement de nos droits acquis. Le soutien de tous les membres est primordial pour pouvoir travailler. Depuis que j’ai commencé ce combat pour rétablir les conditions de travail de nos membres, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs personnes, ex-collègues, amis, proches et étrangers, dont certains m’ont dit être inspirés par ma détermination pour faire eux aussi le pas en avant pour se défendre. Parmi, de nombreuses femmes. Cela m’encourage pour continuer, même si le chemin est difficile.
Que est votre regard sur la situation à Air Mauritius actuellement, surtout avec les derniers développements avec l’arrivée du nouveau CEO, Charles Cartier?
Les développements survenus ces dernières semaines par rapport à ce que l’AMCCA dénonçait depuis des années, en l’occurrence les wrong practices, les abus, les injustices… montrent que nous avions raison. La façon dont on a traité les employés pendant l’administration et après — changer les conditions de travail, forcer les gens à signer des contrats bidons, etc. — est grandement pour quelque chose dans toute la frustration du personnel. Ajouté à cela les scandales associés à l’ex-CEO, les largesses pour promouvoir des destinations…. Les travailleurs disaient que MK ena kas pou fer zis tou, mem pou pey signature song, etc., mais kas pou pey zot lasier pena ! C’est pour cela qu’on a vu défiler plusieurs lettres anonymes concernant plusieurs départements. Il faudra résoudre les problèmes au plus vite pour que la sérénité revienne à MK. Il faudra faire un nettoyage profond pour que la situation dans laquelle nous nous trouvons et le niveau de frustration atteint des employés n’arrivent plus jamais encore. Car ceux qui étaient là avant régnaient en maîtres sur les employés à travers des menaces et la peur. J’espère que les sanctions et les remaniements soient durables et non pas un eye-wash, et qu’il y a des changements importants que la compagnie apportera. Ce n’est pas uniquement le souhait de l’AMCCA ou des employés d’Air Mauritius dans son ensemble, mais tous les patriotes qui souhaitent que MK redevienne ce qu’elle était avant, notre fierté nationale.
Quelle est la priorité à l’agenda de l’AMCCA ?
Le syndicat est impatient de pouvoir rencontrer et discuter avec M. Cartier. Au sein de l’AMCCA, nous espérons le renouement du dialogue et le changement pour le bien-être des employés, mais aussi l’avancement de la compagnie d’aviation nationale. Nous allons entamer le dialogue en ce sens et espérons que la nouvelle direction viendra avec des changements non seulement à court terme, mais aussi dans le long terme pour le bon fonctionnement de la compagnie.
Quelle est la vision de votre syndicat ?
L’AMCCA oeuvre pour la justice envers les travailleurs. Et le syndicat sera toujours au premier plan pour se battre pour que ses membres puissent évoluer dans un environnement de travail sain avec des conditions de travail adaptées et motivantes pour que l’ensemble du personnel puisse s’épanouir au cours de leur carrière. Nous avons connu des hauts et des bas, et espérons que nous pourrons évoluer dans la bonne direction. Certes, j’ai été mise à pied et c’est une injustice sur laquelle la cour devra trancher. Dans ce combat, en cours de route, j’ai eu l’occasion, cette année d’ailleurs, d’assister à la grande conférence régionale africaine du Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF) tenue les 5-7 mars dernier en Côte d’Ivoire grâce au soutien du négociateur de l’AMCCA, Radakrishna Sadien.
Nous étions plus de 300 personnes de diverses associations de transport (aérien, aviation civile et autres) regroupées. Côtoyer ces syndicalistes de l’Afrique entière ainsi que quelques-uns d’Europe a été une belle expérience. À ma grande surprise, le cas de mon licenciement a été pris en exemple. Ce cas est pris très au sérieux par l’ITF, qui estime qu’il y a eu non-respect des conventions ratifiées par Maurice. Ils ont assuré qu’ils feront le suivi avec le Bureau international du travail. Je sais que la bataille est longue, mais avec l’appui de l’exécutif de l’AMCCA et tous les membres, je reste convaincue que la justice triomphera.