Le Guide - Législatives 2024

Quand le salaire minimum est loin de suffire pour vivre

C’est un fait : avec l’explosion continue des prix des denrées alimentaires, le salaire minimum est loin de suffire pour vivre décemment. Nooreza, mère de sept enfants dont cinq vivent encore avec elle et son mari, qui ne travaille que ponctuellement, crie sa souffrance : « Li byen byen difisil pou viv ek saler minimum. Minis in mont nou lapey Rs 500 me kan ou pran kont, avek ou panye menaze, ou pe fer depans plis ki Rs 1 000. ».

- Publicité -

Si Nooreza a trouvé un emploi depuis peu qui lui permet d’avoir le salaire minimum, elle ne s’en sort pas pour autant : « Mo pe travay touzour, wi, me mo lespri li ayer. Mo latet fatigue. Kan mo retourn lakaz, mo nepli kone kouma pou fer. » De son côté, Joanne, sans emploi, élevant seule trois enfants, s’avoue impuissante. « Kot nou ete-la, nou zis bizin priye Bondye ed nou. Gouvernma-la in eklat nou bidze extra. » Nooreza a 43 ans. Avec son mari, elle a sept enfants dont deux sont mariés.

Le couple a encore cinq enfants âgés de 9, 11, 16, 18 et 22 ans sous sa charge. Le père de famille, maçon de son état, ne travaille pas tous les jours. « Avec la cherté de la vie et la hausse des prix des matériaux de construction, les gens ne bâtissent pas comme avant. Je me retrouve donc seule à ramener des revenus à la maison », explique Nooreza, qui vient de trouver de l’emploi dans un atelier de couture. « Mo pe tras mo lavi », dit-elle. Depuis qu’elle touche le salaire minimum, elle ne perçoit depuis plus de pension de la NEF. Et paradoxalement, dit-elle, quand elle a trouvé de l’emploi, la vie est devenue encore plus difficile. « Quatre de mes enfants allaient alors encore à l’école. » Aujourd’hui, trois seulement sont scolarisés. « Seki 18 tan-la in dir mwa, mama mo kit lekol, mo rod enn travay pou ed twa. »

Si le jeune a décroché un emploi dans un restaurant, tout n’est pas pour autant rose. « Li gagn difikilte me li pran pasians », dit-elle. Commentant les prix des denrées alimentaires, la mère confie : « Auparavant, je pouvais me permettre d’acheter des céréales pour les enfants mais avec les prix qui grimpent, ce n’est plus possible. Il y a beaucoup de produits que j’ai dû supprimer comme la viande, devenue trop chère. Avan, nou ti pe roule mem malere, nou ti pe trase aste dizef me finalman, sa osi pe monte. » La situation économique est une grande source de stress pour Nooreza. « Mo pe travay touzour, wi, me mo lespri li ayer : kan mo pou sorti dela, koma mo pou persevere dan lavi. Mo latet fatigue. Kan mo retourn lakaz, mo nepli kone kouma pou fer. » Elle contrebalance en reconnaissant le formidable travail, abattu par l’ONG M-Kids, qui vient en aide à sa famille. « Mes deux plus jeunes enfants reçoivent du matériel scolaire, des leçons particulières et le dîner de M-Kids. Cela me soulage beaucoup. Sans cette aide, je n’aurais pas pu payer les leçons pour mes enfants. »

« Latet fatigue »

Quant aux factures des Utilités publiques, la mère de famille, épuisée rien que d’y penser, lâche : « Pa koze. » Elle rassemble finalement du courage pour se confesser : « Si mo dir ou mo ena enn papye CEB ki ena areraz, areraz, areraz. Mo pe peye mem, me pa pe resi pey tou. Kouma gagn lapey, pa resi servi, tou fini dan pey isi, pey laba. » Elle ajoute encore qu’il est fréquent qu’en milieu de mois, elle doit emprunter des proches et amis qui lui font confiance. « À la fin du mois, on leur rembourse. Même quand on touche le salaire à la fin du mois, la situation est pareille. Parfois, on ne comprend pas ce qu’on a fait de son argent. Li byen byen difisil pou viv ek saler minimum. Minis inn mont nou lapey par Rs 500 me kan ou pran kont, avek ou panye menaze, ou pe fer depans plis ki Rs 1 000 », fait-elle comprendre. Nooreza ne fait que répéter : « lavi inn vinn byen difisil ». Elle ajoute : « Si pa mazinn nou zanfan, nou kapav fer enn move pa. Kan mazinn zanfan zot figir, zot lavenir, lerla, ou pran enn kouraz. » Joëlle, sans emploi, élève seule ses trois enfants. « C’est très difficile. Je dois payer la location de la maison. La pension que je recevais de la NEF (Rs 2 800) a été mise en mode pause le temps que le contrat soit renouvelé. » La voix haletante, trahissant des sanglots mal retenus, la jeune mère révèle qu’avec le coût de la vie de plus en élevé et dure, son époux a succombé aux fléaux sociaux, la laissant seule avec leurs trois enfants âgés entre quatre et dix ans. « Il vient de temps à autre pour voir les enfants et repart ensuite. »

Difficile dans de telles conditions de faire ses provisions. « Tout est cher : le lait, l’huile, le riz dont le prix augmente encore ! Parfwa, kan mo pe manze, mo dir preferab manze tanto epa la zourne. » Elle peut compter sur M-Kids. « Mon fils aîné bénéficie de cours particuliers et l’association nous offre aussi des produits alimentaires. Malgré leur bonté, ils sont toutefois limités en termes de dons car ils ne reçoivent pas autant qu’autrefois et le gouvernement ne les aide pas comme il faudrait », dit-elle.

Joanne parcourt les supérettes de sa localité où elle a préalablement repéré des promotions pour ses emplettes. Dans son panier, elle cherche à mettre du riz, du lait, des grains secs, du sucre. « Bizin veye kot ena pli bomarse, mem enn roupi, de roupi… » L’habitante de Pailles emménagera bientôt dans son nouveau logement de la NHDC à Chebel. Si une nouvelle vie commence alors pour elle et ses enfants, ce n’est pas sans appréhension qu’elle l’envisage. Chaque mois, elle devra débourser une somme pour ce logement. Pour cela, elle comptera sur la pension de la NEF, l’aide de proches et de M-Kids. Joanne ne peut travailler pour le moment. « Mo bizin al sers zanfan al kite lekol. Mo atan ki zot rant dan primer lerla kapav gagn enn van. Me tarif van osi finn monte. Prefer marse al sers zot. Tou inn vin ser. Lavi dan Maurice in vin extra ser. »

Ce n’est pas non plus facile de trouver un travail aujourd’hui, dit-elle en ajoutant que « lontan, mo ti pe bat-bate. Me aster fami ki ti pe anplwaye pa pe pran dimoun, boukou in perdi zot travay. » Dans un pareil contexte, Joëlle s’avoue impuissante mais garde espoir : « Mo fer Bondye konfians, pou bizin trouv enn semin. Kot nou ete-la, nou zis bizin priye Bondye ed nou paski tou kitsoz inn monte. Gouvernma-la in eklat nou bidze extra. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -