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Quand Facebook devient une plateforme pour le commerce de bébés singes

Rs 10 000 pour un bébé singe. C’est le prix que propose un braconnier qui gagne sa vie à travers la commercialisation des singes — parmi lesquels des macaques à longue queue, pourtant répertoriés comme espèce en voie de disparition sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) — sur Facebook. Ces primates sociaux qui vivent en groupe et en toute liberté, sont enlevés de leur milieu naturel avant d’être vendus comme animaux domestiques pour être enfermés dans une cage toute leur vie, loin de leur famille et communauté.

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Au grand dam des défenseurs des animaux. Réagissant à cette pratique qui prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux, Action for Primates lance un appel au ministère de l’Agro afin de mettre un terme à ce commerce “ inhumain d’animaux sauvages” et appelle les réseaux sociaux, tel que Facebook, à ne pas autoriser cette pratique sur leurs plateformes.

S’adonner au commerce des singes sur les réseaux sociaux est un moyen d’atteindre plus facilement des clients, de capter une plus grande audience. Christophe, un habitant de Coromandel a choisi Facebook pour vendre, en toute impunité, des bébés singes moyennant Rs 10 000. Sur cette plateforme, il y trouve des potentiels acheteurs. Capturé à Balfour, le petit primate est enfermé dans une cage avant qu’il ne parvienne à son nouveau propriétaire qui le maintiendra en laisse ou à nouveau en cage toute sa vie. A défaut de finir dans une assiette.

Sur son post ainsi que dans des échanges sur messenger avec des intéressés, le jeune homme n’hésite pas à inclure son numéro de téléphone, donne ouvertement des précisions sur le prix, et rassure ceux qui ont raté l’offre qu’il en capturera d’autres dans les jours qui viennent. Il propose également où récupérer la “marchandise”. Contacté au téléphone, cet homme qui se présente comme assistant chef dans un hôtel 5 étoiles du nord, se décrit comme étant un “passionné de chasse”, tout en faisant ressortir l’incohérence, “amoureux des animaux “. Il explique que le piégeage se fait un peu partout, particulièrement à Balfour où il installe des trappes pour les piéger. L’activité se déroule en plein jour. Avant d’affirmer qu’il relâchera les deux singes – déjà vendus – où il les a trouvés car il ne veut pas avoir des soucis. Et cela, sans fournir de preuves. Quelques jours plus tard, il propose à nouveau d’autres singes à la vente.

Nous faisant parvenir une vidéo montrant cet homme rentrant chez lui et déplaçant avec difficulté sa charge lourde – une cage enfermant deux singes – l’un des voisins de ce braconnier affirme que ce dernier serait au chômage depuis quelques mois et qu’il vivrait de ce business florissant. Une activité qui serait transmise de père en fils. « Avant son père et son grand-père s’adonnaient tous deux à ce business pour le compte d’une grosse ferme d’élevage », nous explique-t-il.

Afin de nous éclairer sur cette pratique qui concerne ces animaux sauvages répertoriés comme espèce en voie de disparition sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, nous avons contacté, il y a trois semaines, la National Parks and Conservation Service (NPCS) qui attendait toujours l’approval du ministère de l’Agro. De son côté, Action for Primates, une organisation internationale dont l’objectif est de sensibiliser au sort et aux menaces qui pèsent sur les primates non humains dans le monde, réagit.

« Action for Primates est consterné d’apprendre que des singes sauvages à Maurice sont capturés et vendus sur Facebook. Il est inacceptable que ces individus intelligents, adaptables et sociaux puissent être cruellement capturés dans la nature, retirés de leur famille et de leur habitat et vendus via les réseaux sociaux comme « animaux de compagnie » ou pour la consommation humaine. Nous appelons le ministère de l’Agriculture à intervenir maintenant pour mettre un terme à ce commerce manifestement inhumain d’animaux sauvages. Nous appelons également les réseaux sociaux, tel que Facebook, à cesser d’autoriser le commerce libre d’animaux sauvages sur leurs plateformes.

Tragiquement, aussi longtemps que les macaques à longue queue ne seront pas protégés à Maurice, leur persécution et leur traitement cruel continueront. Rather than dismiss the long-tailed macaque as a ‘pest’ and allow inhumane methods of mitigating unfavourable interactions with people, such as trapping and killing, we appeal to the government and the communities in Mauritius to protect the species and institute humane and effective means for coexistence », affirme Sarah Kite, co-fondatrice du mouvement en Angleterre.

Pour Action for Primates, présenter les primates comme des animaux dangereux ne fait qu’encourager à la fois une attitude hostile envers eux mais également la capture et le trafic. « The long-tailed macaque is widely persecuted in Mauritius, with the authorities using scare tactics to encourage a negative and hostile attitude towards the monkeys.

Unfavourable interactions with people – which are the result of human activities, not normal macaque behaviour –  are often cited to excuse or justify the ill-treatment of the macaques. Lethal means such as trapping and killing, are the solutions offered. Habitat for the macaques, which have been on the island for over 400 years, is being usurped by an increase in land cultivation and infrastructure developments. This human activity is forcing the monkeys to seek new places to live or go in search of food. Because they are afforded no protection, the macaques are also subjected to other cruel and inhumane practices, such as capture to be kept caged as ‘pets’. This is particularly cruel not only because those in captivity suffer, but also because those left behind – their family and friends – suffer as well. In addition to capture as ‘pets’, the macaques are also being killed for food. The long-tailed macaque needs protection and to be treated humanely when interactions with people occur. Rather than demonise this sentient and intelligent species, we appeal to the authorities in Mauritius to protect it and develop a humane plan to manage negative interactions with people », a affirmé Sarah Kite.

Pour rappel, le macaque à longue queue (Macaca fascicularis) est désormais répertorié comme espèce en voie de disparition sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cela en raison de la forte augmentation des captures de ces singes recherchés ces dernières années pour approvisionner des laboratoires médicaux ou d’expérimentation ainsi que pour le divertissement et pour la consommation.

L’exportation de singes représentait un commerce très lucratif pour les sociétés impliquées. Les principales étant Bioculture Ltd, Noveprim group, les Campeches Ltd, Biosphère Ltd, Biodia Ltd, Prima Cyno Ltd. Si la compagnie aérienne Air France a cette année, annoncé arrêter de transporter des primates destinés aux laboratoires une fois ses engagements contractuels terminés avec les organismes de recherche, un vrai business s’est développé auprès des braconniers. Certains continuent d’utiliser Facebook comme vitrine, changent de nom, ferment un compte, en ouvrent un autre et fournissent leurs coordonnées via messenger.

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