- Des tronçons trop étroits pour contenir des voies pour les automobiles et deux voies externes de piste cyclable
- La maire concède qu’aucune législation n’est en vigueur à propos dudit projet
Le projet d’aménagement de pistes cyclables longeant les rues de Beau-Bassin/Rose-Hill suscite l’incompréhension, au point d’être qualifié de « risible » par les habitants. Certains tronçons où le projet s’implantera étant beaucoup trop étroits pour contenir des voies à sens inverse pour les automobiles, des places de stationnement et deux voies externes de piste cyclable. Soumise, lundi, au conseil, à un feu roulant de questions de la part des élus du PMSD Olivier Barbe, Zaed Nanhuck et Arnaud Poinoosawmy, la maire Rajenee Mootoo-Caroppen a concédé qu’aucune législation n’est en vigueur à propos dudit projet qui n’a pas fait l’objet, non plus, d’une campagne de communication visant à permettre aux automobilistes de se familiariser à ces nouvelles configurations.
C’est l’élu du Ward 5 Zaed Nanhuck qui s’était emparé du dossier, le 29 juin dernier, en questionnant la maire sur la pétition signée par 187 d’habitants réfractaires de Beau-Bassin. Rajenee Mootoo-Caroppen avait fait ressortir que la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU) a informé la mairie, le 20 juin 2023, qu’ « un cycle network le long du Jardin Balfour, des rues Trotter, Gaëtan Raynal et Dr Émile Duvivier seront des cycle streets ». Elle n’avait, en revanche, pas su répondre aux interrogations liées aux aires de stationnement, dont celles situées autour de l’église Sacré-Cœur, qui pourraient fort probablement être supprimées pour faire place au projet. Les conseillers de l’opposition avait été surpris d’apprendre de la bouche de la maire qu’aucune législation n’était en vigueur à propos dudit projet. « Comment peut-on alors imposer un tel chamboulement dans des rues étroites aux habitants et automobilistes ? Ce projet n’a jamais fait l’objet de débat au conseil », avait martelé Zaed Nanhuck.
Afin de garantir leur efficacité, leur confort, attractivité et une sécurité à toute épreuve, les pistes cyclables doivent répondre à des principes rigoureux de conception en faisant l’objet d’une législation. Or, six mois après les débats portant sur cet item, « il n’y a toujours pas de législation qui a été définie », a répondu laconiquement Rajenee Mootoo-Caroppen à Zaed Nanhuck, qui est resté bouche bée, d’autant que le projet connaîtra un prolongement vers la station de métro de Beau-Bassin. C’est son collègue de parti Olivier Barbe qui avait ouvert les hostilités en demandant à la maire si le projet avait obtenu le feu vert de la TMRSU ? Cette dernière a déposé un document… datant du 15 décembre 2023 attestant que cette unité a bel et bien donné son aval pour l’aménagement des pistes cyclables aux villes sœurs. « Du coup, la mairie et le gouvernement central n’ont pas attendu l’aval de la TMRSU et la mise en œuvre d’une législation pour aller de l’avant avec le projet. C’est aberrant », a répliqué Olivier Barbe.
« Les choses risquent de se corser… »
En effet, cela fait plusieurs semaines que des travaux d’aménagement ont démarré de Beau-Bassin à Rose-Hill, où des portions de rues ont été peintes en vert afin d’identifier les zones qui seront dédiées aux pistes cyclables. Ces marquages au sol sont révélateurs du grand chamboulement qui se dessine sur certaines voies empruntées quotidiennement par des dizaines de milliers d’automobilistes et qui ne sont visiblement pas assez larges pour accueillir deux nouvelles voies dédiées aux cyclistes. C’est notamment le cas à la rue Gordon et à la rue Sir Célicourt Antelme où se trouve l’école primaire Notre Dame de Lourdes. « Les choses risquent de se corser à la rentrée des classes. Vous n’êtes pas sans savoir que les vans scolaires sont nombreux à se stationner sur les espaces qui seront dédiés à la piste cyclable à la rue Sir Célicourt Antelme. Ce sera le chaos ! Avez-vous consulté les stakeholders en amont ? » a demandé Olivier Barbe. Réponse de la maire : « Non. C’est un projet orchestré par le gouvernement ! »
Et quid d’une campagne d’informations et de communication à travers la presse, des billboards ou sur l’écran géant qui se trouve dans la cour du Plaza ? « Non. Aucune campagne de sensibilisation n’a été orchestrée par les autorités », a fait valoir la maire à une question supplémentaire d’Arnaud Poinoosawmy. Des pistes cyclables parsemées de vert… et de zones d’ombre.