Prix des médicaments : Comment éviter d’écorcher encore plus les patients ?

C’est une pilule plus qu’amère que les patients ne parviennent plus à digérer : la montée en flèche des prix des médicaments au fil des mois. Est-il possible d’améliorer le pouvoir d’achat des patients ? Comment éviter d’écorcher encore plus ceux devant se procurer des médicaments sur une base régulière ? Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la Protection de l’Environnement et des Consommateurs (APEC), indique que la hausse touchant les médicaments varie entre un minimum de 20% et peut dans certains cas dépasser les 50%. S’il concède qu’avec la pandémie qui a touché le monde entier, la majoration des prix à l’étranger et la dépréciation de la roupie jouent grandement en notre défaveur, il importe toutefois, estime-t-il, pour éviter tout potentiel abus, de « procéder à une vérification minutieuse des Bills of Lading pour connaître les coûts (CAF) et assurer un contrôle des prix au détail dans les pharmacies privées.

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Les officiers du ministère doivent effectuer des visites régulières dans les pharmacies afin de veiller à ce que le Mark-Up est respecté ». Il dit ainsi être pour un contrôle des prix rigoureux. « Je suis d’accord que les prix des médicaments ont augmenté, mais cela n’équivaut pas à faire de gros profits sur le dos des malheureux ».

Pour le Dr Iswaraj Ramracheya, diabétologue et endocrinologue, au vu de l’augmentation des prix des matières premières, du fret et de la dépréciation de notre roupie, il n’est pas surprenant que le tout se répercute sur les prix des médicaments vendus en pharmacie. Il trouve en revanche que par rapport à d’autres pays africains, les prix au détail des médicaments restent « raisonnablement plus compétitifs ». Quant à l’incitation du gouvernement de lancer la fabrication de médicaments à Maurice, le médecin est d’opinion que tel ne sera pas aussi simple. « La matière première viendra toujours d’un autre endroit ». De plus, « les médicaments fabriqués localement auront-ils la même efficacité que le médicament d’origine ? » interroge-t-il. De l’autre côté, si les médicaments génériques sont une option, encore faut-il « s’assurer qu’il est de la même efficacité que l’original ».

Din Jheelan, Managing Director de Trident Healthcare Ltd, société importatrice de médicaments, fait ressortir qu’entre janvier 2020 et janvier 2022, la roupie s’est dépréciée de 18 % par rapport au dollar américain et de 20 % par rapport à l’euro. « Les prix ont fait au moins 50% de hausse sur la moyenne générale ». Il se dit pour sa part d’avis que le secteur manufacturier « doit impérativement être boosté pour réduire notre dépendance sur l’importation » mais « la production doit générer des volumes conséquents afin de bénéficier de l’économie d’échelle. L’effort marketing sera crucial pour la survie de ce secteur ». Il estime enfin qu’il faut investir dans l’éducation des patients. « En adoptant une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et une bonne philosophie de vie, on réduit notre dépendance sur les soins de santé ».


SUTTYHUDEO TENGUR (APEC) : « Pour un contrôle rigoureux des prix »

Les médicaments en pharmacie ont accusé une hausse drastique ces derniers mois. Les pharmaciens invoquent la dépréciation de la roupie, le fret et la majoration des prix en Europe notamment. À quel point est-ce vrai ?

Ces principaux arguments des importateurs de médicaments et des pharmaciens sont malheureusement vrais dans le sillage de la pandémie Covid-19 qui touche sans distinction tous les pays du monde. Les hausses des médicaments varient entre un minimum de 20% et peut dans certains cas dépasser les 50%. Un exemple : la boîte de trente comprimés de ‘Asomex-AT’ (Amlodipine & Atenolol) qui se vendait avant mars 2020, soit juste avant la pandémie à Rs 182 se vend aujourd’hui à Rs 242, soit une augmentation de Rs 60 ! Et si vous êtes enrhumé, un minuscule logement de mentholatum en pharmacie se vend à Rs 35 et si vous avez des douleurs inflammatoires et que vous recherchez un comprimé de Voltarène le prix est passé de Rs 12 à Rs 20 le comprimé de 100 mg !


Le gouvernement a encouragé les investisseurs privés à se lancer dans la fabrication de produits pharmaceutiques à Maurice, en leur promettant plusieurs facilités dont l’exemption sur les droits d’enregistrement, les droits de transfert foncier et l’exemption de la TVA sur la construction. Cela pourrait-il être une solution ?

Cela paraît une solution à moyen terme car entre la venue des investisseurs, la mise en place des infrastructures appropriées et la production réelle des médicaments, il faudra pas moins d’une, voire deux années. Donc, cette solution n’est pas pour demain et je ne crois pas que le gouvernement tient la baguette magique entre ses mains… Dans le long terme, ce sera peut-être un espoir !
Des médicaments sont vendus à des prix différents parfois selon les pharmacies. Êtes-vous pour la fixation des prix ?

Je suis davantage pour un contrôle des prix car avec la libéralisation du commerce mondial Maurice ne peut pas violer les règlements de l’OMC dont elle est signataire. Cependant, d’après la Fair Trading Act, les autorités accordent un maximum de 20% de Mark-Up pour tout produit qui est mis sur le marché après importation. Et c’est là, à mon avis que le ministère doit entrer en jeu. Il faut donc procéder à une vérification minutieuse des Bills of Lading, surtout pour les médicaments pour connaître les coûts (CAF) et assurer un contrôle des prix au détail dans les pharmacies privées. Les officiers de ce ministère doivent effectuer des visites régulières dans les pharmacies afin de surveiller que le Mark-Up est respecté.

Vous êtes donc pour une enquête sur les profits des importateurs ? On a vu depuis la pandémie les abus à travers l’Emergency Procurement, ce qui pousse certains à dire que les pharmaciens ne sont pas là pour faire du caritatif…

Le business des médicaments rapporte gros et les pharmaciens le savent déjà. Les autorités, principalement, la MRA, devrait régulièrement faire des suivis avec les gros importateurs des médicaments et les gros détaillants qui opèrent une chaîne de pharmacies. Je suis d’accord que les prix des médicaments ont augmenté, mais cela n’équivaut pas à faire de gros profits sur le dos des malheureux. C’est la raison pour laquelle je suis pour un contrôle de prix rigoureux. Il faut laisser jouer les forces du marché, ce qui pourrait entraîner une compétition plus saine parmi les pharmacies et cela au profit de l’utilisateur. Malheureusement, on est loin d’être là. Il me semble qu’il y a une sorte de cartellisation dans l’importation et la distribution des médicaments qui génèrent des milliards de roupies.
Qu’en est-il de l’importation parallèle de médicaments génériques ? Serait-elle une solution à la cherté des médicaments originaux ?

Ce serait une bonne initiative pour créer plus de compétition dans le marché. Mais après ce qu’on a vu il y a quelques semaines avec les prix du Molnupiravir qui font le yoyo allant de Rs 7,90 à Rs 79, j’ai de grandes réserves sur cette nouvelle aventure où le consommateur sera encore une fois écorché.
Aujourd’hui, n’importe quel propriétaire de quincaillerie qui s’aventure dans le domaine de l’importation des médicaments n’a qu’une seule chose en tête : faire le maximum de profits dans un minimum de temps. Et qui seront les victimes ? Ce sont ceux qui souffrent et qui cherchent un certain confort pour améliorer leur santé et leur bien-être.
Les pharmaciens pointent du doigt l’imposition des frais pour l’enregistrement des médicaments. Qu’en pensez-vous ?

Est-ce que le coût de l’enregistrement des médicaments pèse lourd sur les prix des médicaments au détail ? Je voudrais bien savoir le pourcentage de ce coût additionnel par rapport au prix de détail ? Je crois que ces gens-là sont en train de noyer le poisson et de faire croire qu’ils sont victimes d’une certaine situation. Or, ce n’est pas vrai. C’est une Lame Duck Excuse. Je pense que les pharmaciens doivent faire un examen de conscience avant de venir débiter de telles banalités.
Comment rendre de l’autre côté plus accessibles les soins de santé ?

Il y a actuellement deux voies : la santé publique et la santé privé.
Dans le premier cas, ce sont les hôpitaux et autres centres hospitaliers publics qui offrent des soins surtout au petit public, c’est-à-dire la classe moyenne et ceux au bas de l’échelle. Et les soins dans les hôpitaux ne sont pas certainement du haut de gamme, mais on a un soin minimum dépendant de la gravité des cas. Mais, dans certains cas, par exemple la chirurgie cardiaque, les services publics excellent. Ce qui est dommage c’est qu’il n’y a pas d’uniformité dans les services publics. Il appartient au ministère de trouver les failles et apporter les solutions appropriées pour un meilleur service. Sinon, on sortira avec un ‘traitement au panadol’.
De l’autre côté, ce sont les cliniques privées qui offrent des soins. Certes, le traitement est plus personnalisé dont le coût de leurs services laisse un goût amer, et qui sont inaccessibles au petit peuple. La majorité de la population n’a donc pas grand choix entre vivre, survivre et la mort !


ISWARAJ RAMRACHEYA (Médecin) : « Fabrication locale de médicaments, pas si simple »

Les médicaments en pharmacie ont accusé une hausse drastique ces derniers mois. Les pharmaciens invoquent la dépréciation de la roupie, le fret et la majoration des prix en Europe notamment.

Les prix des médicaments ont en effet atteint un niveau exorbitant et les patients ont du mal à les acheter. Certains demandent un médicament moins cher même si moins efficace tandis que d’autres ont dû arrêter certains médicaments.
Il y a trois raisons principales à cette hausse des prix. D’abord, les coûts des matières premières utilisées pour la fabrication du médicament ont augmenté. Deuxièmement, le fret a grimpé en flèche.

Par exemple, quelque chose qui coûtait $ 1,6 le kilo, coûte maintenant environ $ 8,5. Troisièmement, la dépréciation de notre roupie a contribué à la hausse du prix des médicaments. Il n’y a pas si longtemps, £ 1 équivalait à Rs 47-48 roupies. Maintenant, £ 1 est à Rs 59. Donc, pour un produit qui coûte environ £ 2, vous devez ajouter au moins Rs 20 supplémentaires pour acheter le même produit maintenant.
Si vous ajoutez tous ces nouveaux coûts, vous remarquerez que le prix des produits a augmenté d’au moins 30 % supplémentaires.

Mais, il est également important de noter qu’à Maurice, les prix des médicaments sont réglementés. Les pharmacies ne peuvent pas mettre une étiquette de prix sur les médicaments de leur propre initiative. Quiconque importe le médicament doit avoir une marge de profit ajoutée à la valeur d’origine, puis le pharmacien ajoute sa marge bénéficiaire.

À Maurice, ce balisage est réglementé par le gouvernement, contrairement à certains autres pays. Par rapport à certains autres pays africains, les prix au détail des médicaments restent raisonnablement plus compétitifs. De plus, le coût d’importation des médicaments est payé par la société pharmaceutique mère. Par exemple, Novonordisk, une entreprise qui fabrique une certaine marque d’insuline qui est importée à Maurice, absorbe le coût de l’importation et ne l’ajoute pas au coût des médicaments.

Le gouvernement a encouragé les investisseurs privés à se lancer dans la fabrication de produits pharmaceutiques à Maurice, en leur promettant plusieurs facilités dont l’exemption sur les droits d’enregistrement, les droits de transfert foncier et l’exemption de la TVA sur la construction. Cela pourrait-il être une solution à la cherté des médicaments ?
C’est une bonne idée mais il faut y réfléchir davantage. Ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît.

Parce qu’ils seront produits localement, leur coût devrait certainement être inférieur. Mais la matière première viendra toujours d’un autre endroit. Cela soulève des questions pertinentes : est-ce que ce sera rentable ? Le marché mauricien est assez petit alors que la fabrication de médicaments est généralement effectuée en grande quantité pour qu’elle soit rentable. Si l’on obtenait le permis d’approvisionner l’Afrique, cela pourrait en effet être une bonne idée. Cela créera de l’emploi, le recrutement de nouveaux groupes de compétences et d’expertise. Une autre question se pose : Maurice compte-t-elle des personnes possédant le savoir-faire, les connaissances, les compétences et l’expertise nécessaires à la fabrication de médicaments ? Par ailleurs, les médicaments fabriqués localement auront-ils la même efficacité que le médicament d’origine ou le médicament parent ? Le médicament fabriqué doit être conforme à la norme/marque de la FDA et la qualité et l’efficacité, etc. doivent toutes être d’une certaine norme.

À bien voir, donc, ce n’est pas une si bonne idée. Maurice est une trop petite nation pour être convertie en une plaque tournante de fabrication de médicaments sans compter que nous n’avons pas de connaissances, de compétences, d’expertise, de technologie et qu’on aura toujours besoin d’importer non seulement toutes ces compétences et expériences manquantes, mais aussi les matières premières. Je pense donc qu’il sera plus facile et moins cher d’importer le médicament. La fabrication de médicaments localement n’est probablement pas faisable et économiquement non viable. De plus, on ne pourra pas fabriquer tous les médicaments utilisés à Maurice, ce qui signifie qu’on devra toujours importer beaucoup d’autres médicaments.

Qu’en est-il de l’importation parallèle de médicaments génériques. Serait-elle une solution ?
Les médicaments génériques sont certainement bien moins chers que les médicaments originaux. C’est effectivement une alternative moins chère. Les médicaments génériques sont déjà sur les marchés locaux mauriciens.

En fait, au moins 90 % des médicaments disponibles localement sont des génériques, à quelques rares exceptions près. Les médicaments génériques dominent actuellement le marché mauricien, par exemple la plupart des antibiotiques, des analgésiques, etc. Ces médicaments proviennent principalement d’Inde, quelques-uns d’Allemagne et une poignée d’Europe.

Les génériques ne peuvent être fabriqués tant que le brevet des médicaments originaux n’a pas expiré. Les médicaments originaux sont chers car pour arriver à un nouveau médicament sur le marché, il faut de nombreuses années, à partir du moment où la molécule est testée en laboratoire, pour ensuite passer aux différentes phases d’essais cliniques chez l’homme et cela implique un coût d’investissement énorme. Cela peut prendre jusqu’à 10 ans pour parcourir toutes les phases des essais cliniques, et il reste toujours une possibilité réelle que les médicaments ne parviennent même pas dans les rayons, même après un investissement financier massif, car plusieurs critères doivent être remplis et atteints. Ainsi, le prix du médicament d’origine reste bien plus élevé et le brevet reste pendant quelques années.

Cependant, avec le médicament générique, il faut s’assurer qu’il est de la même puissance et de la même efficacité que l’original. Il est donc primordial que les données d’innocuité, d’efficacité et de puissance soient examinées avant d’accepter leur importation. À Maurice, nous n’avons pas de laboratoire pour vérifier l’efficacité ou la puissance des médicaments génériques. Mais nous obtenons tous les certificats des pays d’origine et ceux-ci sont examinés par le conseil de la pharmacie. Si un médicament ne fonctionne pas, les médecins ne le prescriront pas. Même si tous les médicaments vendus à Maurice sont enregistrés par le conseil de la pharmacie, il serait souhaitable de disposer d’un laboratoire fiable et indépendant pour vérifier les propriétés pharmacocinétiques et pharmacodynamiques du médicament ainsi que son innocuité, son efficacité et sa puissance.


DIN JHEELAN (Trident Healthcare Ltd): « Au moins 50% de hausse sur la moyenne générale »

Les médicaments en pharmacie ont accusé une hausse drastique ces derniers mois. Les pharmaciens invoquent la dépréciation de la roupie, le fret et la majoration des prix en Europe notamment. À quel point est-ce vrai ?
Une analyse du marché des changes permet de noter qu’entre janvier 2020 et janvier 2022, la roupie s’est depréciée de 18 % par rapport au dollar américain d’une part et de 20 % par rapport à l’euro d’autre part.
La pandémie de Covid-19 a profondément bouleversé le transport international. Les prix ont fortement augmenté depuis mars 2020. Les capacités ont été assez limitées pour les compagnies maritimes. Les prix ont fait au moins 50% de hausse sur la moyenne générale.
Les prix des principes actifs et autres intrants ont aussi subi des augmentations suite à la demande accrue durant la pandémie. Résultat net : nous avons atteint un niveau jamais vu !

Le gouvernement a encouragé les investisseurs rivés à se lancer dans la fabrication de produits pharmaceutiques à Maurice, en leur promettant plusieurs facilités dont l’exemption sur les droits d’enregistrement, les droits de transfert foncier et l’exemption de la TVA sur la construction. Cela pourrait-il être une solution dans un contexte où l’on brandit la hausse du fret et la dépréciation de la roupie comme raisons derrière les hausses ?
Le secteur manufacturier doit impérativement être boosté pour réduire notre dépendance sur l’importation. Les autorités ont pris la bonne décision d’accompagner les industriels dans la phase d’implantation mais la production doit générer des volumes conséquents afin de bénéficier de l’économie d’échelle. Le temps nous le dira si les prix des produits fabriqués localement vont être compétitifs ou pas.
L’effort ‘marketing’ sera crucial pour la survie de ce secteur.

Des médicaments sont vendus à des prix différents parfois selon les pharmacies. Êtes-vous pour la fixation des prix ?
La marge des produits importés est contrôlée et les prix de ventes sont approuvés par le Price Fixing Unit du Ministère du Commerce avant la commercialisation.
Le prix fluctue en fonction du taux de change au moment du dédouanement et le fret payé pour la commande. Donc, même si le tarif de l’exportateur est constant au départ et que la marge reste inchangée, les prix de vente au public varient.
Une fixation de prix est possible mais sera très complexe à gérer par la Consumer Protection Unit, vu le nombre conséquent de produits pharmaceutiques.

Pensez-vous qu’il faudrait une enquête sur les profits des importateurs de médicaments ? On a vu depuis la pandémie les abus à travers l’Emergency Procurement, ce qui pousse certains à dire que les importateurs ne sont pas là pour faire du caritatif…
Vu la complexité de la situation, une enquête risque de ne pas aboutir comme on le souhaiterait ! Le profit est un test de rentabilité financière et soulève des débats et des controverses dans notre secteur. Le Price Fixing Unit veille au grain sur la marge réalisée par les importateurs de médicaments mais c’est la loi de l’offre et de la demande qui prévaut à la fin de la journée.
Les prix de la même molécule peuvent varier entre Rs 5 et Rs 50 pour certains produits selon le fabricant. En effet, le prix est déterminé par l’exportateur dépendant de son appétit pour le profit, les frais de marketing, le ‘brand value’ et la valeur ajoutée du produit. Il n’y a pas de corrélation directe entre les prix offerts, les coûts de production et la qualité des produits.

Il est grand temps de revoir les conditions de recours au Emergency Procurement (Procédures négociées sans publicité ni mise en concurrence préalable). En principe, les procédures négociées sont plus souples que la procédure d’appel d’offres. C’est aux autorités compétentes de veiller à ce qu’on n’échappe pas à la mise en concurrence et que le formalisme n’en est pas totalement absent.

Qu’en est-il de l’importation parallèle des médicaments génériques. Serait-elle une solution contre la cherté des médicaments originaux ?
En premier lieu, l’importation parallèle de médicaments permet de résoudre les pénuries des médicaments causés par des facteurs externes tels que la pandémie de Covid-19 où il y a eu des changements considérables dans la demande en médicaments.
C’est un fait que le risque d’avoir un prix élevé est accru pour les médicaments d’un importateur unique ou ayant une part dominante du marché.
S’il y a des motifs raisonnables, les autorités doivent assouplir les règlements d’importation pour pallier des pénuries réelles ou prévues et aussi dans les cas d’abus de prix, tout en s’assurant que les critères de qualité et la traçabilité soient respectés.

Les pharmaciens pointent du doigt l’imposition des frais pour l’enregistrement des médicaments. Qu’en pensez-vous ?

Les frais d’enregistrement n’ont eu aucune incidence sur le nombre de produits commercialisés à Maurice ni sur les prix. C’est un faux débat ! Les frais sont raisonnables. Cependant, il faut allouer les ressources nécessaires pour l’enregistrement des médicaments dans un délai prescrit, prévoir dans nos lois des ‘Orphan Drugs’, ainsi que faire diligence en cas des autorisations des urgences au niveau national.

Comment rendre de l’autre côté plus accessibles les soins de santé ?
Le patient intelligent sait gérer correctement son budget de santé en faisant le bon choix. On est libre de choisir son conseiller en matière de santé et de demander des génériques auprès du pharmacien pour l’ordonnance. En adoptant une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et une bonne philosophie de vie, on réduit notre dépendance sur les soins de santé. Donc, il faut investir dans l’éducation des patients. On ne peut pas avoir les soins de santé, l’argent pour les soins de santé et le sourire du professionnel de la santé ! N’oublions pas qu’on peut toujours avoir accès aux soins de santé publique sans rien débourser au cas où on n’a pas souscrit à un plan d’assurance médicale !

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