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Prix des légumes : début d’année compliqué pour
le porte-monnaie des consommateurs

Les Mauriciens, parapluie sous le bras, shopping bag sur les épaules et porte-monnaie en main, étaient nombreux hier, alors que le pays était déjà passé en alerte cyclonique de classe I, à se rendre au bazar de Port-Louis pour s’approvisionner. Histoire de ne pas se laisser surprendre par le mauvais temps qui risque de perdurer quelques jours. Mais la surprise était de tout autre nature : les prix exorbitants.

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« Enn leti Rs 50 ! Be kan siklonn pou pase ki pou arive ? » Les clients au marché central étaient pour la plupart ainsi abasourdis par la cherté des légumes. Ceux que nous avons croisés n’ont pas caché leur colère et déception face aux prix affichés par les maraîchers. Pour cause, certains ont pour habitude de se rendre chaque samedi au marché de Port-Louis pour les achats de la semaine et ils connaissent les prix qui peuvent, selon les semaines, varier de Rs 5 à 10. Mais hier, c’était la totale, disaient certains clients, qui ont dû capituler devant les prix et se contenter de très peu. C’est ce que raconte Priscilla, une habitante de Sainte-Croix, qui faisait un détour au bazar avant de se rendre à son domicile, croyant pouvoir « amenn enn-de ti-kari lakaz pou siklonn. »

Record
« Les prix ont connu une hausse considérable. Le giraumon est à Rs 100 le kilo. Le chou est à Rs 100. Les concombres sont à Rs 40 au minimum. Ki pou fer ? Pe bizin aste. On ne sait pas si ce sera toujours disponible la semaine, prochaine », dit-il. D’autant qu’avec le passage du cylcone, les prix risquent d’être encore plus élevés. « Je connais très bien les différents tarifs. Et je peux vous dire qu’aujourd’hui, c’est un record ! Ce n’est pas possible. Normalement, j’ai pour habitude d’acheter des légumes frais, mais à ce rythme, il faudra faire attention », dit l’habitante de Sainte-Croix.

Marie-Rose, elle, se faufile entre les nombreuses personnes présentes hier au marché central. Plus que d’habitude, semble-t-il. Ou est-ce le mauvais temps qui fait qu’il y a beaucoup plus de gens les uns sur les autres ? Quoi qu’il en soit, Marie Rose est découragée. Elle jette un coup d’œil rapide sur les prix des pommes d’amour : Rs 140 la livre. Elle est bouche bée. Généralement, elle fait ses courses auprès d’un même et seul marchand. Mais hier, elle a dû changer ses habitudes.

La pomme d’amour : Rs 140 la livre 
« On est obligés de prendre les mesures qui s’imposent. Je suis venue à cause du cyclone pour faire quelques achats de dernière minute. Oblize al get kot lot marsan si pa mwin ser », dit-elle. D’autant qu’avec le mauvais temps, elle sait que dans les jours qui viennent, les prix seront encore plus élevés. « Comment vais-je m’en sortir financièrement ? Je suis une retraitée », laisse-t-elle échapper, avant de continuer sa route en lâchant : « Aujourd’hui, je ne prendrai que ce dont j’ai besoin. »

Comment expliquer cette majoration en ce début d’année ? Certains maraîchers sont réticents à fournir une explication. L’un d’entre eux, qui travaille au bazar depuis plus de 40 ans, accepte finalement de nous expliquer que les conditions climatiques en sont la cause. « Nepli ena mem legim lor marse. Saler-la pe res ogmante mem. Apre enn kou ou gagn lapli. Be kouma bann legim-la pou grandi ? Lesid inn fek nwaye-la. Bannla apel sa sanzman klimatik », dit-il. Que se passera-t-il après le passage du cyclone ? Ce marchand est d’avis qu’ « il n’y aura plus de légumes sur le marché. En ce moment même, c’est une denrée rare. »

Un peu plus loin, Anju, une maraîchère, explique que cette hausse des prix avait déjà débuté depuis la fin de l’année dernière. « À la vente, les prix sont déjà exorbitants. Alors, cela se répercute sur les consommateurs. Ces événements sont hors de notre contrôle. Il faut faire avec et s’adapter face à cette dure réalité. » Cette habitante de Vallée des Prêtres confie que « seki nou gagne nou vande. »

Situation de crise
Ainsi, avant même l’arrivée de Belal, les prix avaient pris l’ascenseur. Mais avec les conditions météorologiques instables, la situation s’est détériorée, explique Kreepaloo Sunghoon. Le président de la Small Planters Association avance que le sud a été particulièrement touché par les grosses averses qui ont causé des inondations. « Les planteurs ne sont aucunement protégés face à ce genre de calamité. Certains peuvent perdre des semaines de dur labeur causé par ces intempéries. L’estimation des pertes pour un planteur peut se chiffrer autour de Rs 100 000. C’est la raison pour laquelle certains ont augmenté considérablement les prix des ventes. »

Des abus
Il y a cependant un abus de certains, souligne notre interlocuteur. Kreepaloo Sunghoon poursuit : « Certains voient que les consommateurs continuent d’acheter malgré ces tarifs. Donc, ils ne changent rien. Ils le font par crainte de perdre de l’argent à l’avenir. Mais le gouvernement devrait mettre en place une mesure qui puisse contrôler et permettre aux consommateurs de souffler également. »

Pour ce qui est de la vente des pommes de terre et des oignons au cours de la semaine écoulée, des officiers du ministère du Commerce ont effectué plusieurs descentes et ont dressé plusieurs contraventions en ce sens. Les autorités ont appelé les membres du public à dénoncer de telles pratiques.

Cultures maraîchères : les prix en zone rouge

La laitue de Rs 50 à Rs 60 l’unité, la pomme d’amour jusqu’à Rs 90 le ½ kg, le chouchou à Rs 70, le concombre à pas moins de Rs 50, les petits piments à Rs 200 le ½ kg, le lalo à Rs 120 : lentement mais sûrement, sur les étals des marchés, les prix virent au rouge. Conséquence tout à la fois des fortes averses et de la chaleur étouffante de ces derniers temps.

La canicule semble avoir particulièrement affecté les légumes filants comme le concombre, le lalo et le chouchou. Mais la chaleur affecte aussi d’autres cultures. Comme la laitue ou la pomme d’amour. Outre le temps chaud, il faut dire que d’autres conditions climatiques comme des pluies abondantes n’aident tout aussi pas à une production optimale.

Mais ceux qui s’y connaissent le savent : alors que le pays aborde la saison cyclonique avec ses risques de vents violents et de pluies abondantes, les conditions ne sont pas réunies pour une bonne pousse des légumes. Ce qui fait que vendredi, par exemple, au marché de Rose-Hill, les prix étaient généralement à la hausse.

Et comme chaque année, dans les semaines qui viennent, il faudra apprendre à vivre avec.

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