La première séance des Assises de l’éducation, hier, était consacrée au préscolaire. Sept thèmes ont été retenus pour les différents groupes de discussions, suivant les propositions soumises par les parties prenantes. L’intervention de Marjorie Coste, du rectorat de La-Réunion, qui a partagé sur le bilinguisme français-kreol réunionnais dans le système préscolaire a été particulièrement intéressante.
Pour ce premier jour de consultations, quelques petits cafouillages étaient prévisibles. D’abord, beaucoup des responsables d’écoles n’ont eu leur invitation qu’à la veille de l’ouverture des Assises, tandis que d’autres ne l’ont pas reçu du tout. Alors, ils ont décidé de « frode », selon leurs propres mots, pour ne pas rater ce rendez-vous de l’éducation.
La répartition en groupes de discussions par thème a également provoqué des incompréhensions. Certains ne sachant pas s’ils devaient s’y rendre, car il avait été question plus tôt, que des personnes avaient été désignées pour cela. Qu’importe, mettons cela sur le compte du « rodage » du premier jour.
Devika Gunesh, la nouvelle Officer-in-Charge de l’Early Childhool Care and Education Authority (ECCEA), a brossé un tableau de l’éducation préscolaire à Maurice, soit186 unités préscolaires dans les écoles primaires, gérées par l’ECCEA, 423 écoles privées subventionnées, 133 écoles privées non-subventionnées et 35 écoles gérées par des autorités locales.
Le Dr Jean-Noël Geneviève, Acting Director de la section préscolaire au ministère, a élaboré sur les sept thèmes revenus le plus souvent dans les propositions et retenus pour les discussions. Ils sont: Curriculum and Technology, Inclusion, Special Needs, Continuous Professional Development and Conditions of Service, Networking, Quality et Institutional and Legal Framework and Future.
Il a présenté les différents modèles d’encadrement de la petite enfance à travers le monde, dont certains sont davantage axés sur le jeu, tandis que d’autres mettent l’accent sur l’utilisation de la technologie. La transition du préscolaire au primaire demeure un point important. Il a invité à réfléchir sur le fait si ce passage doit se faire uniquement lorsque le développement est complété à la petite enfance. Une attention particulière aux Slow Learners est également recommandée. Il est aussi d’avis que les enfants à besoins spéciaux doivent être intégrés et le personnel formé pour les encadrer.
Marjorie Coste, qui représente le rectorat de La-Réunion, a témoigné comment la reconnaissance du Kreol Réunionnais a permis de développer un cadre pour un système bilingue. « Auparavant, le kreol était considéré comme un handicap. Nous avions peur que cela affecte l’apprentissage du français. Aujourd’hui, nous avons dépassé tout cela. Nous avons un bilinguisme harmonieux, français-kreol, qui agit comme un tremplin vers les autres langues », se félicite-t-elle.
Elle est revenue sur l’importance de la langue de scolarisation et de l’éveil à d’autres langues. « Le kreol et le français ont le même statut. Il nous faut garder la maîtrise du français, pour une inclusion parfaite », dit-elle. Cela est d’autant plus important, a-t-elle ajouté, qu’à La-Réunion, 50% des élèves sont dans des régions d’éducation prioritaire.
Elle a également parlé des classes passerelles, en collaboration avec les parents, pour travailler sur l’inclusion. « À partir de deux ans, les enfants et les parents sont en ateliers. La politique linguistique se construit avec les enfants. »
Après avoir discuté sur les sept thèmes à l’ordre du jour, les différents groupes feront chacun trois propositions sur chaque thème. Celles-ci serviront aux autorités concernées, pour renforcer le programme.