La pression de la hausse de prix se maintient sur tous les postes de dépenses
Des analystes s’interrogent sur la stratégie qu’adoptera le comité de politique monétaire de la Banque de Maurice
Le taux d’inflation poursuit sa hausse inexorable, pesant de tout son poids sur le pouvoir d’achat des consommateurs, mais aussi sur les coûts d’opération des entreprises. Après avoir crevé la barre des 10% en mars, il était estimé à 11,5% pour le mois d’août, selon Statistics Mauritius, comparé à 6,0% en août 2021. Les perspectives d’un apaisement sur le front inflationniste sont considérées comme étant minimes compte tenu de la conjoncture internationale, marquée par les séquelles de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme en juillet dernier avec l’économie mondiale qui enregistre une forte hausse de l’inflation et une croissance qui s’enlise dans les trois plus grandes économies du monde. L’institution de Bretton Woods lançait d’ailleurs un appel à peine voilé aux Banques Centrales : « l’inflation est au centre des préoccupations. »
Même s’il n’a pas les faveurs du ministre des Finances, Renganaden Padayachy, le FMI évoque néanmoins «de nombreux risques baissiers » qui ont commencé « à se concrétiser. » Aux États-Unis, l’inflation est plus forte que prévu. En Chine, le ralentissement économique a été plus prononcé qu’attendu sur fond de flambée de Covid-19 et de confinements, et la guerre en Ukraine a eu de nouvelles répercussions négatives. Ainsi, la production mondiale s’est donc contractée au deuxième trimestre.
À Maurice, si l’inflation Year-on-Year s’établit désormais à 11,5%, l’Headline inflation affiche la même tendance inquiétante à la hausse, soit 8,8% en août dernier, contre 3,0% en août 2021. L’Indice des prix à la consommation a bondi ces derniers mois. Il est passé de 111,6 (août 2021) a 124,0 (juillet 2022) puis à 124,4 en août dernier.
Un rapide coup d’œil à l’évolution des prix sur le marché local, montre une hausse de 1% (entre juillet et août 2022) des prix alimentaires et boissons non-alcoolisées. La hausse des prix se manifeste également sur tous les postes de dépenses des Mauriciens, que ce soit l’habillement, les chaussures, le logement, les carburants, la santé, le transport, les restaurants, les loisirs, etc.
Un rajustement à la hausse du Repo Rate de la Banque de Maurice pourrait s’avérer donc nécessaire pour stopper la flambée inflationniste. Récemment, le consultant en investissement Imrith Ramtohul expliquait que Maurice subit surtout de l’inflation importée, ajoutant que « relever notre taux d’intérêt ne veut pas nécessairement dire que cela va faire baisser l’inflation. Il faut trouver d’autres moyens aussi, comme cesser d’acheter des produits importés et stabiliser notre monnaie. »
Les yeux sont donc tournés vers la prochaine décision du comité de politique monétaire de la Banque de Maurice.